Faits divers: L’insécurité dans les écoles de Nouakchott

31 January, 2019 - 01:17

Un climat d’insécurité règne dans la plupart des établissements scolaires de notre capitale. Les responsables scolaires et ceux des parents d’élèves, conscients du danger, n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme, pour mettre les autorités devant leur responsabilité. Las ! Celles-ci ont toujours fait la sourde oreille, malgré la quasi-généralisation du phénomène. Rares sont les établissements scolaires où la drogue et autres stupéfiants ne sont pas distribués. Si la matière blanche n’est pas vendue, de main à main, entre les élèves, elle l’est sous le couvert de vendeurs et vendeuses à l’étal. Entre les années  2005 et 2008, on a même constaté que les filières de drogues opéraient des distributions gratuites, en plusieurs écoles de la ville, provoquant une augmentation sensible du nombre de toxicomanes en milieu scolaire.

Aujourd’hui, les bagarres entre jeunes voyous sont quotidiennes, dans les lycées et collèges d’Arafat, Toujounine, El Mina, Sebkha, Teyaret et Riyad. L’administration des écoles n’en peut plus. Les malfaiteurs viennent se mélanger aux élèves, pendant la récréation, pour voler les filles et les garçons les plus faibles. Chaque jour, des téléphones et porte-monnaie sont dérobés. Il y a quelques mois, le collège Riyad 1 a connu une violente bagarre qui provoqua l’arrêt des cours et la fuite du chef de l’établissement, ainsi que de la plupart des enseignants. Une bande de jeunes récidivistes avait opéré une descente pour régler des comptes avec des voyous, élèves en cet établissement. Un drame aurait certainement eu lieu, n’eût été le courage d’Ahmedou Tabeid, directeur des études. Lorsque son patron et sa suite prirent la poudre d’escampette, il encouragea deux surveillants à rester avec lui pour faire face à la d’autant plus dangereuse situation qu’alertées, les autorités départementales avaient exprimé leur incapacité de venir au secours des élèves attaqués par une horde de délinquants armés de machettes et poignards…

Le vaillants directeur des études et ses deux compagnons s’armèrent de gourdins et firent face aux assaillants, leur faisant croire que la police était en route pour les mater. Subjugués par ce courage, beaucoup d’élèves se décidèrent à rejoindre le front des trois héros, provoquant aussitôt la fuite des bandits. Notre bonhomme s’employa alors à ramener tous les élèves dans les classes, avant de contacter les professeurs pour leur demander de revenir à leur poste. Le directeur, lui, n’y consentit que le lendemain. Une semaine plus tard, le hakem de Riyad convoquait tous les chefs d’établissement d’enseignement, pour leur demander de ne plus lui soumettre aucun problème d’insécurité. « Débrouillez-vous », leur dit-il, « l’Etat ne peut pas sécuriser toutes les écoles ».

Certains établissements sont obligés de recruter des agents de sécurité, sur les comptes particuliers des  directeurs. Au collège arabe, par exemple, la plupart des garçons sont des délinquants. La directrice, une femme, a dû recruter un surveillant retraité, à ses propres frais, pour pouvoir « tenir » ces djenks. Au collège d’El Mina 4, c’est également sur sa propre poche que le directeur a engagé deux hommes de sécurité du quartier. Depuis, son établissement vit en paix. Aucune bagarre n’y a lieu. Aucun braquage ni vol n’y sont plus signalés. Les deux « anges gardiens » accompagnent leur patron à la descente, jusqu'au goudron, car la route n’est point sûre.

Les fameuses écoles privées El Islah du Carrefour ont connu pas mal de braquages, agressions, vols et bagarre, les années passées. Mais, tout dernièrement, ce fléau s’est notablement atténué  car le directeur a engagé un service de sécurité dont Bakar, le fameux « homme au gourdin », qui prend aussitôt à partie et moleste tout visiteur suspect. Des complices se manifestent-ils ? Les autres agents de sécurité,  tous anciens policiers ou gendarmes, accourent pour les arrêter et les conduire à la police.

A l’école-pilote d’Arafat, des enfants non scolarisés rôdent, en permanence, autour de l’établissement, guettant la moindre occasion de délester les petits élèves, surtout les filles, des biscuits et gâteaux que ceux-ci tiennent dans leur sac, pour se sustenter à la récréation. C’est souvent à ce moment que les garnements sautent le mur, pour pénétrer dans la cour, s’emparer du contenu de quelques sacs et asséner quelques coups à ceux ou celles qui s’aventurent à jouer les héros, avant de repasser le mur et disparaître. Un de ces voyous, auteur de nombreuses agressions, s’est fait piéger et arrêter par le directeur de l’école. Des vendeuses à l’étal installées à l’entrée de l’école sont alors intervenues, criant à l’innocence du gamin, « bien connu de tout le quartier ». Et d’accuser le directeur de racisme. Celui-ci relâcha son prisonnier, tout en menaçant de le remettre à la police, s’il récidivait. Ce dont il ne s’est d’ailleurs d’autant moins gêné, soutiennent des parents d’élèves, que sa maman est toujours là pour le défendre.

Pire encore, des viols et des meurtres ont été commis au sein même d’établissements scolaires. Celui perpétré au collège Dar Naïm 2 est encore dans les mémoires. Il y a quelques années, de jeunes criminels y étaient venus assassiner, à coups de couteau, un jeune élève devant l’établissement, au vu et au  su  de tous.

Il y a deux mois, un malfaiteur étranger tenta de braquer la directrice, tunisienne, d’une école privée à Tevragh Zeina. Informé par son compatriote et complice, alors gardien de l’école, que la responsable était allée tirer une grande somme d’argent, à la banque, le bandit se posta, armé de machette, pour la braquer dès son retour. C’était sans compter sur la bravoure de Sid’Ahmed, le surveillant. Celui-ci se battit avec lui, fut blessé mais réussit, tout de même, à neutraliser l’assaillant bientôt coffré, par la police, avec son complice.

Mosy