L'opposition mauritanienne ne fait pas exception

26 February, 2019 - 11:15

Deux tromperies occupent l'espace bleu ces jours-ci: La première tromperie est "l’expression" par certains de nos hommes politiques qu’ils sont sortis de la toge du régime de l'ancien président Maawiya Ould Taya et que leur candidature aujourd'hui à tout poste de direction constitue en quelque sorte une reproduction de ce régime.

La seconde duperie prétend que l’opposition mauritanienne est incapable de vaincre le régime en place.

Il y a trois catégories de promoteurs de la première tromperie : une catégorie de gens pour lesquels on écrit et qui constituent de simples éditeurs grossistes ou détaillants. D’ailleurs certains parmi eux voient la diffusion sur leurs pages à leur insu.  Le deuxième type comprend ceux couverts par l’énormissime honte affectant celui qui déconseille un acte et le commet et la troisième catégorie souffre de la maladie d'Alzheimer, sinon ils se souviendraient de l'endroit où se trouvent aujourd'hui au moins deux des militaires les plus proches de Maawiya.

Quant aux diffuseurs de la deuxième duperie, ils doivent revenir un peu en arrière pour se rappeler comment le continent africain a connu des bouleversements électoraux punitifs au cours des sept dernières années, contre lesquels la carotte et le bâton n’ont été d’aucun secours à certains régimes:

• En 2012, après une bataille en deux tours, le président sénégalais Abdoulaye Wade, professeur agrégé de droit et d'économie, a été battu par l’ingénieur géologue et son ancien Premier Ministre, Macky Sall ("Je lui apprends à tirer tous les jours/// Et quand il est devenu fort il me tira dessus").

• En mars 2016, lors du second tour des élections présidentielles au Bénin, l’homme d’affaires, le "Roi du coton" (Patrice Talon) a battu son rival (Lionel Zinsou), professeur agrégé de sciences économiques et sociales, Premier Ministre et candidat du parti au pouvoir et détenteur de la nationalité française (un homme d’affaires local peut battre un académicien occidentalisé).

• En février 2016, le président nigérien Mahamadou Issoufou, agrégé de génie civil et de statistiques appliquées, a été contraint à un second tour après avoir échoué à vaincre son concurrent emprisonné, l'ancien Premier Ministre Hama Amadou, diplômé de l'Institut International d'Administration Publique de Paris (la voie entre la prison et le palais n'est pas nécessairement bloquée).

• En décembre 2016, le garde du corps du père de l'épouse de l'ancien président gambien et l’homme d'affaires Adama Barrow a battu le président Yaya Jameh et a mis fin à un régime de vingt-deux ans (de sa position le gardien surveille d’habitude les joueurs sur la pelouse).

• En décembre 2016 également, le chef de file de l'opposition en Sierra Leone, Nana Akufo Addo, ancien étudiant à l'Université Oxford, a battu le président John Dramani Mahama, agrégé de psychologie (le perdant a félicité le vainqueur  et a assisté à son investiture).

• En décembre 2017, au second tour, le célèbre footballeur George Weah a battu le vice-président du Liberia Joseph Bakay, agrégé de gestion des affaires et du commerce.

• En avril 2018, le candidat de l'opposition sierra-léonaise, Julius Mada Pio, a battu le candidat du parti au pouvoir, Samora Kamara, docteur en économie.

• La dernière secousse fut la victoire de l'opposant Félix Tshisékédi aux élections présidentielles de la République Démocratique du Congo, suivi d'un autre opposant à la deuxième place, alors que le candidat du régime se classa troisième (certains candidats intègres des régimes sont allés à la soupe de leurs régimes corrompus).

La Mauritanie ne constitue pas une exception et son opposition recèle des pairs de Macky Sall, de Patrice Talon et de Félix Tshisékédi. 

Babbah Sidi Abdallah