Baba Sangharé : Une icône sportive s’en est allée

21 March, 2019 - 02:03

Moussa Sangharé «Baba», footballeur, ancien international  puis entraîneur mauritanien,  de football s’est éteint, le dimanche 17 Mars 2019, à l’âge de 59 ans, suite à un accident de la route, plongeant ainsi dans le deuil le sport mauritanien, en général, et le football, en particulier. Dès l’annonce de sa disparition, un concert d’hommages a déferlé sur la Toile. De nombreuses personnalités nationales et sportives ont salué la mémoire de l’ex-international. Les sportifs vantent, de concert quasi-unanime, ses «actions en faveur du sport », « sa joie de vivre », et « ses qualités humaines ».

L’ancien président de la Communauté Urbaine de Nouakchott, Ahmed Hamza déplore « une très grande perte. Baba Sangharé était un jeune frère, un homme de parole, de grande qualité, franc, disponible, serviable, fidèle à ses principes. Il n’était pas intéressé par le matériel, c’était un grand sportif, un homme de culture, un opposant pondéré : Baba était, simplement, TOUT ce qu’il y a de BIEN ».

Alpha Sow, ancien joueur et dirigeant à l’ASAC Concorde, témoigne, lui aussi, des qualités humaines de son ancien coéquipier : « un homme juste s’en est allé », dit-il. Et d’assurer son ancien partenaire de l’ASAC Concorde, « là où il se trouve, de rester fidèle à ses idéaux de justice pour que triomphe, en tout temps, la vérité ». Son club de toujours évoque la perte « d’un de ses poumons, celui qui fut toujours là : joueur cadet, junior, senior, vétéran et, récemment, dirigeant ».

La FFRIM a fait observer une minute de silence, lors de la rencontre El Mina Jahe vs Armée (1-1). Son président, Ahmed ould Yahya, notant, après avoir adressé ses condoléances « les plus attristées à sa famille, à ses nombreux amis, au club qu’il a toujours et tant chéri, l’ASAC Concorde, et à toute la famille de notre football, qu’en lui, le football national perd un technicien émérite qui lui a consacré une grande partie de sa vie ».

 

Riche carrière

Issu de la génération dorée, Baba a marqué de son empreinte le football mauritanien, en tant que dernier rempart des Mourabitounes et de bien des clubs. Portier de l’équipe nationale, d’Août 1980 à 1989, Moussa Sangaré y totalisa 64 sélections. Il est impossible de parler de  la génération de 1980 en Mauritanie sans parler de Baba Sangaré, intellectuel et humaniste. Baba fut, d’abord, un homme sympathique, humble et protecteur des faibles. Sportif accompli, affable, généreux dans l’âme et d’une disponibilité sans faille, il est un signe indélébile du football mauritanien. Une riche carrière suscitant admiration et respect.

Baba fut, tour à tour, gardien de but de l’ASAC Concorde (de 1978 à 1982 et de 1991 à 1992) et du Wharf (de 1982 à 1990). Il dispose d’un riche palmarès, étoffé de titres et de consécrations. International junior 1977/78, surclassé  en équipe senior, la même année, il gagna une multitude de titres et trophées, avec l’ASAC Concorde : comme, en 1978, la Coupe nationale de Mauritanie cadets ou, en 1979, le trophée du meilleur gardien de but, respectivement en catégorie cadette et junior. Toujours avec l’ASAC Concorde, « Baba » fut sacré vice-champion national senior, en 1980 et 1981,  mais aussi avec le Wharf, en 1984 et 1986. Avec la prestigieuse équipe de la Concorde, Baba Sangaré fut finaliste de la Coupe de Mauritanie seniors en 1981 et mis dans son escarcelle le titre de champion national senior. Il en fit de même en 1987, avec, cette fois-ci, le Wharf, après avoir battu, en finale, les Imraguens, par 5 buts à 0. Encore et toujours avec la Concorde, l’ancien portier fut demi-finaliste de la Coupe nationale en 1982. Egalement demi-finaliste de la Coupe de Mauritanie seniors, avec l’ASC Wharf, en 1983, 1985,1987 et en 1983, avec l’équipe nationale,  en Coupe Amilcar Cabral à Nouakchott.

 

Portier incontestable

Titulaire inamovible, en 1981/82, Baba fut le portier incontestable de l’ASC Wharf de Nouakchott. Camarade et rival éternel de feu Mamadou N’Daw, dit Elève, Baba est resté, avec celui-ci et Faye Madiké, un des héros du football mauritanien. Simple et intelligent, on l’appelait Monsieur 70 %. Roi dans ses 18 mètres, il s’aventurait même en dehors de ses limites, pour suppléer le numéro cinq. Il dégageait son camp, avec un brin de dribble sur l’attaquant adverse, avec un simple credo : « faire de belles  relances, précises, en dégageant du pied ».

Baba reste, à ce jour, sinon le, du moins un des meilleurs goals du pays, en tout cas classé numéro un. Le trophée du meilleur gardien de but du Maghreb arabe lui sera d’ailleurs attribué, en 1988, à Tunis. Il devait même garder les buts de la sélection du Maghreb arabe, en Décembre 1988, à Riyad (Arabie Saoudite). Une blessure (rupture du ligament et ménisque interne du genou) stoppa sa carrière sportive, au soir du 19 Février 1988, au stade d’El Menzah de Tunis, lors d’une rencontre contre le  Club Africain. Il subit alors deux interventions chirurgicales en France. Après une carrière sportive bien remplie, Moussa Sangaré deviendra entraîneur adjoint des Mourabitounes A et, plus tard, des Juniors (2011) et de l’ASAC Concorde, en charge des gardiens.

La dernière apparition de Baba Sangaré, en tant que joueur, date du 20 Juillet 2001, lors de son jubilé au stade olympique de Nouakchott, à l’issue duquel il rangea ses gants. Moussa Sangaré fit ses adieux au football et au public, en présence d’anciennes stars du ballon rond de la sous-région. Ce jubilé fut une grande réussite, tant au niveau de l’organisation que de l’affluence du public.

Quelle grande perte pour le football national qui voit partir un de ses techniciens les plus chevronnés et les plus dévoués ! Le vide sera difficile à combler ! Inna lilahi wa inna ileyhi raji’oune.

THIAM Mamadou