Madame Houleye Sall, présidente du Collectif des veuves réagit à la rencontre des cadres négro-africains et le candidat Ghazwani: "Passif humanitaire, pourquoi en parlent-ils maintenant?"

15 May, 2019 - 20:12

C’est  la question que se pose, très amère, la présidente du collectif des veuves des victimes des événements des années 89 -90, Madame Houleye Sall, rencontrée ce mercredi 15 mai, vers 13 dans sa maison sise près du marché de Sebkha. Une vieille bâtisse qui date des années 70 et qui souffre des intempéries du sel et des eaux de pluies. Pour ceux qui l'ignorent, Houleye Sall  est  la maman du lieutenant Sall Abdoulaye mort dans le mouroir d’Inal en novembre 90. Assise  sur un tapis râpé, chapelet à  la main, la présidente du collectif des veuves, environ 70 ans révolus,  se dit indignée et  enragée par  l’attitude des cadres négro-africains  partis rencontrer le candidat Ghazwani  et  parler du passif humanitaire. "Pourquoi, c’est  seulement  30 ans, après  les événements que ces  gens  se rappellent de ce dossier ? Pourquoi maintenant alors que nombre d’entre  eux sont fortement impliqués dans ces événements et se sont tous cachés derrière leur petit  doigt, au moment où  nous  réclamions, à cor et à cri,  la lumière sur  ce qui venait de se passer dans les casernes  et  que pour toute réponse, les forces de l’ordre nous  arrosaient de gaz lacrymogène  et nous molestaient ?" se demande mère Houleye.  "Pendant ce calvaire,  ces messieurs  nous  traitaient comme des pestiférées, eux qui ont cautionné l’amnistie  pour les bourreaux de nos enfants, de nos maris, de nos frères…Pourquoi  maintenant", martèle-t-elle ? "Parce qu’ils cherchent une place au soleil ? Nous n’avons pas  besoin de leur compassion maintenant, nous allons  poursuivre le combat pour nos droits légitimes, à savoir le devoir de vérité, de mémoire, de justice  et de réparation", précise  déterminée, la présidente du collectif des veuves. Et d’ajouter : personne ne peut accorder un pardon de  nos morts, à notre place, celui qui le fait en répondra devant Allah, il  sera jugé au même titre que les bourreaux.  

Et à l’adresse du général candidat, Mère Houleye adresse ce message : nous ne baisserons pas les bras tant que la lumière n’est pas faite sur ce qui s’est passé dans les casernes, tant que les bourreaux et leurs commanditaires ne sont pas identifiés et traduits devant les tribunaux. Et pour l’avenir de la Mauritanie, nous  vous demandons d’accorder  une attention particulière à ces femmes et enfants qui souffrent depuis plus de 30  parce qu’on leur refuse la justice. Nous  osons espérer  que vous n’adopterez pas cette politique de fuite en avant érigée  en règle depuis des années.