Autour d’un thé : Poches

24 October, 2019 - 00:16

« Nul ne meurt sans avoir eu son jour », dit un de nos adages. Normal : la vie, ça vient et ça va, ça tourne et se retourne. Pour preuve, la sagesse de cet autre adage toujours de chez nous – de chez nous tous, c'est-à-dire, de tous les Mauritaniens –« Le sommeil du temps est très mauvais ». Mais il ne faut présager de rien. Les choses changent. Rapidement. La Mauritanie, le Soudan et la Libye désignés haut la main au Conseil des Nations Unies pour les droits de l’Homme. Gros remue-ménage à l’Assemblée nationale pour faire bouger des choses, au prétexte de quelques aménagements réglementairement prévus par les dispositions internes de la Chambre des représentants. Fortes contestations pour dégager complètement quelques vestiges du passé récent d’un ancien président qui vient à peine de « blanchir ses pas ». Union Pour la République dans la tourmente. Photo décrochée. Hommes de confiance mis quasiment au banc des accusés. Une histoire de poche 10 ou quelque chose comme ça. En fait, comme on parle de poche –« Dans la poche ! », disait un célèbre artiste ; moi, j’ai envie de dire un Iguiw de chez nous, juste pour dire merde, mille fois merde à ces je ne sais quoi qui racontent des inepties qui n’avancent ni reculent. Nous sommes tous des Igawen et nous en sommes particulièrement fiers et « gonflés ». Mettre la main dans sa poche où l’on ne met généralement que de l’argent. Mais de là à y mettre des centaines voire des milliers de terrain ! Alors, là, vraiment bravo, messieurs des ministères de l’Economie et des finances, de l’Habitat et autres agences comme Iskan et la défunte SOCOGIM ! Des poches à villas cossues, quelles grosses poches ! Bonjour le Guinness des records ! On avait le squat, cette fameuse gazra qui s’est étendue sur tout, l’humide et le sec. On avait le vol à ciel ouvert des espaces publics. Et voilà que ça avance vers les poches, les grosses poches ! Une autre histoire compliquée qui vient s’ajouter à celle des victimes d’une certaine grosses arnaque à la Madoff qui n’a pas encore fini de finir. Bon, tout ça  pour vous dire que le pays va. Doucement ? Vers on ne sait quoi. Il y a tellement d’incongruités ! L’opposition et la majorité sont entrain de s’entendre. Ça veut dire quoi ? Qu’on va vers un pays où tout le monde suit le Président. Un pays où chaque chef de parti, idéologique ou non ; chaque personnalité indépendante, chaque chef de mouvement, d’initiative ou d’organisation ; vient voir le Président pour se dire des choses en haut et des choses en bas. Puis chacun sort nous dire que le président est très bien poli et que, finalement, il ne l’avait compris au départ, c'est-à-dire qu’il ne  connaissait pas cet homme de qualité. Tout simplement. Après, la presse nous informe (vérité ou hoax) qu’untel a eu un passeport diplomatique ou qu’untel n’en a pas eu. C’est comme ça. Au temps de l’ex-président Mohamed ould Abdel Aziz qui mérite beaucoup plus le titre de « président des goudrons » que celui de « président des pauvres », certains rappelaient justement que les goudrons ne se mangent pas. La bonne éducation, la politesse ou la gentillesse se mangent-elles ? Peuvent-elles construire les Etats ? Nous, on est entre « Hgue wala Bgue » ; c'est-à-dire, entre deux extrêmes. Quand nous croyons avancer, nous reculons. A reculons. Nos voisins sont partis. Le Sénégal a son Diamniadio et ses extraordinaires routes à péage. Le Maroc son TGV. La Tunisie son Kais Saïd. L’Algérie sa jeunesse engagée et extraordinairement déterminée à imposer des changements positifs. Nous ne sommes pas comme la Lybie. Ou quand même si, en tant que nouveau membre d’un fameux conseil des Nations Unies pour les droits de l’Homme. On s’en félicite, on en rit, on s’en excite. Comme si cela suffisait à faire manger et boire. Soigner et éduquer. Respecter les fondamentaux des droits humains. A croire en nos capacités à sortir des sentiers battus et à nous regarder en face, pour trouver le courage de nous dire, entre nous, que nos locaux viennent d’être éliminés de la CHAN par le Mali. Anodin ? Peut-être. Qui a dit que nous avançons à reculons ? Salut.

Sneiba El Kory