Lettre au Président Ghazouani Par Babah Sidi Abdallah

28 November, 2019 - 23:49

Monsieur le Président,

Votre qualité officielle est "le Président de la République Islamique de Mauritanie » et non « l'ami de Mohamed Ould Abdel Aziz." 

Je n’aurais pas parlé de vos relations avec votre prédécesseur à la Présidence si elle n’était pas devenue une question d’opinion publique et un danger qui pourrait menacer la stabilité de la Mauritanie et l’avenir de ses institutions républicaines.

Si Mohamed Ould Abdel Aziz est votre frère « la même femme enfante le teinturier et le tanneur» et "Eve a donné naissance à Cain et à Abel. "

Si Mohamed Ould Abdel Aziz est votre ami, son passé est rempli de trahison envers les frères et amis, depuis que l’amour de l’argent et du pouvoir a élu domicile dans son cœur.

Vous connaissez mieux que quiconque votre frère et ami, car vous êtes un ancien directeur des renseignements militaires et un ancien directeur de la sûreté nationale, mais je vous rappelle - car le Rappel est salutaire pour les croyants - que votre frère et votre ami ne fait pas la distinction entre les confréries soufies, ni entre "cheikh- mouqaddam [lieutenant - colonel]" et "cheikh - feriq [général de division] - compagnon." Le premier peut être renversé par une colonne parlementaire et le second peut avoir besoin de renforcer les législateurs par un bataillon du BASEP ou d'autres milices hybrides.

Quand il s’agit de recouvrer le fauteuil pour se protéger, les yeux  de ton frère et ami font défiler (ses exploits) dans l’exil de Maawiya Ould Sid' Ahmed Taya et la neutralisation d’Ely Ould Mohamed Vall jusqu’à sa mort dans des circonstances mystérieuses - qu’Allah lui accorde la miséricorde - et se vante ouvertement d’avoir dirigé trois coups d’Etat et qu’il peut mener un quatrième s’il le veut. Puis il dit à ses disciples que ce qui est arrivé à feu Moustapha Ould Mohamed Saleck le 6 avril 1979 est un scénario reproductible.

C’est votre frère et ami dont on m’a informé que vous l’avez invité à la tribune du 59ème anniversaire de la fête de l’indépendance nationale dans la ville d’Akjoujt, peut-être pour apprendre que le 28 novembre "de Ghazouani" est meilleur que le 6 octobre "de Sadat"?

S'il venait, installez- le à côté du président qu’il a renversé et considérablement humilié et en guise de réponse l’opprimé a pris  l’assistance à témoin  "qu’aucun reproche ne sera fait à l’oppresseur".

Si vous constatez votre frère et votre ami une gêne de cette place, installez-le à côté d’un autre président dont il n’a pas respecté le droit, et en a emprisonné et diffamé les fils. Puis, n'oubliez pas de rappeler à votre frère et à votre ami que deux présidents sont tombés malades durant sa décennie et deux pays frères ont pris en charge leur traitement, alors qu'il était occupé à accumuler les biens illicites, mobiliers et immobiliers.

Si ces deux places ne plaisent pas à votre frère et ami, installez-le - face à des opposants qu’il a insultés et blâmés pour leur descendance et leur ethnie et les a brimés au plus haut point dans leurs moyens de subsistance et leurs libertés.

Si ces places ne conviennent pas à votre frère et ami, le lieu qui lui sied le plus, c’est la tribune non couverte sans turban "Ahmed Lemghoumet [أحمد لمقومَتْ]" face à face avec les habitants d'Akjoujt dont il a exilé parmi leurs fils des hommes vertueux et patriotes, comme Mohamed Ould Bouamatou et Ahmed Baba Ould Azizi Ould El Mamy, dont il a pillé les richesses de la Wilaya et qu’il a livrés à la pauvreté et à la faim.

Sachez, Monsieur le Président, que l’extravagance de votre frère et ami risque d’entraîner la Mauritanie dans un nouveau tournant d’instabilité, nous devons vous conseiller et votre devoir est de prendre vos responsabilités, puisque vous êtes le président de tous les Mauritaniens et pas seulement l’ami de Mohamed Ould Abdel Aziz.