Hypocrisie

8 January, 2020 - 07:14

Nul ne mourra sans avoir vécu « son » jour. Dans un sens ou dans un autre. Déjà une année que le nouveau Président est en place : il est venu en 2019 et l’on est en 2020, faites le compte ! Le peuple est aussi là, comme avant. La Mauritanie a traversé le pont vers une nouvelle année. Nous tuons l’ancienne pour accueillir la nouvelle. Sans changer, rebelles que nous semblons rester au changement. Nous tous. Ensemble, toujours la même chose. Nos anciens présidents vivent généralement dans le plus total anonymat ; complètement laissés à leurs comptes ou même à leurs problèmes. Les Mauritaniens ? Un peuple qui dit merde à ses ex. Que sont ceux-ci devenus ? Regardez autour de vous, ceux-là ne font ni la dentelle ni dans la mesure. Tu es ou n’es pas. C’est la loi du Tout ou Rien. Les Mauritaniens ont deux présidents : Un ancien qui ne fait plus boire la moindre gorgée d’eau. Un fantôme. Un bon à rien. Responsable de tout. Voué aux gémonies par ceux-là mêmes qui lui faisaient croire qu’il était providence, centre du Monde et que le soleil ne brillait que pour lui éclairer la route. Complètement abandonné. Comme de vieilles chaussures balancées insolemment au fond d’un précipice d’immondices. Et un nouveau complètement néophyte auquel il faut faire croire les mêmes inepties, les mêmes mensonges, les mêmes hypocrisies, les mêmes montages et mises en scène, les mêmes imbécilités qui ont enivré et aveuglé son prédécesseur. Pour en faire un satan, après lui avoir fait gober qu’il était un prophète ou un ange. Conseil National de l’Union Pour La République ! Bureau exécutif de l’Union Pour la République! Président et vice-présidents de l’Union Pour la République ! Un ramassis d’hommes et de femmes dont certains furent membres des conseils nationaux du Parti du Peuple Mauritanien, des ailes civiles du Comité Militaire du Redressement National, du Comité Militaire du Salut National, des Structures d’Éducation des Masses, du Parti Républicain Démocratique et Social, d’ADIL, d’El Wiam, de la Concorde ou de l’AS Ksar. Des hommes et des femmes fossilisés par le culbutage, le retournement, la tergiversation. Des hommes et des femmes rompus aux manœuvres, aux mesquineries et aux contradictions. Où sont les slogans dont ces hommes et femmes nous tympanisaient jusqu’à tout récemment encore ? « La Constitution n’est pas le Coran ! ». « Troisième mandat ! » pour permettre au désormais ex-Président aujourd’hui totalement seul de « parachever son action de développement et ses immenses projets de la Mauritanie nouvelle ! ». La transformation de la république en un royaume ou n’importe quoi d’autre ! Jamais tentative de faire du neuf avec du vieux ne fut aussi maladroite ! Les ex-Présidents devraient devenir membres d’honneur, d’office et de droit du Conseil National de l’UPR. Au moins cela, mesdames, messieurs les congressistes ! Comment le nouveau Président n’a pas eu l’ingéniosité de le leur proposer ? Qui a dit que le pouvoir aveugle ? La preuve : comment laisser se reproduire les mêmes basses manières de se rassembler dans des hôtels ou des villas privées, pour exprimer le soutien au Président ? Initiées par de très hauts responsables, les initiatives se développent dans les régions pour donner le ton de l’orchestration d’une nouvelle machination visant à éclipser la loi et les procédures, paralyser les organes et les institutions, hypnotiser les nouvelles/anciennes autorités…dans l’unique objectif de continuer à faire bassement main basse sur les butins indûment moissonnés, au détriment des populations miséreuses. Comment dit-on bandit en chinois, mandarin ou mandingue ? La langue ne change pas le fond des choses. La forme n’a jamais été pour rien dans rien. Quand va-t-on en finir avec cette histoire d’arabe/français en Mauritanie ? Un débat tellement caduc qui n’a plus lieu nulle part ailleurs que chez nous, parce que nous sommes, tout « bonnement », un peuple « fortuit » et complexé. Ceux qui crient haro sur le français en sont les plus grands promoteurs, en inscrivant leurs fils et filles dans les écoles françaises de Nouakchott. Mais quand le complexe et l’hypocrisie se conjuguent, attendez-vous à la catastrophe ! Salut.  

Sneiba El Kory