Le spectre de Nouakchott : Un repris de justice agresse, viole et rackette vingt-cinq femmes et filles

25 June, 2014 - 19:39

F.M.S., 35 ans, mère divorcée, attend un taxi devant le marché des femmes. Il est environ vingt-deux heures. Une Mercedes 190 qui roule en sens inverse fait demi-tour pour la prendre. « Je vais à Dar Naïm », lance la dame. « Quatre cents ouguiyas », répond le taximan. La cliente acquiesce, fourre son gros sac à l’arrière et embarque à côté du chauffeur. Le véhicule prend la route, vire à gauche vers l’hôpital Bouamatou puis vers le nord-est. La cliente s’étonne. « Je veux passer par le goudron Soukouk », explique l’homme, « pour éviter les contrôles, car il me manque certains papiers de la voiture ». Mais, alors qu’on roule vers Teyaret, le taxi bifurque soudain sur la gauche. La femme s’inquiète : « hé ! Où tu vas comme ça ? – Boucle-la, espèce de pute, sinon, tu vas mourir ! » lui répond-il, en lui pointant un couteau au côté. Un peu plus loin, il l’oblige à descendre, en abuse sans vergogne, la bat copieusement, l’abandonne dans ce coin perdu et s’enfuit avec le sac. Un passant compatissant recueillera un peu plus tard l’infortunée et l’emmènera au commissariat pour porter plainte contre X.

Quelques jours plus tard, c’est au tour d’une jeune fille de vingt-deux ans, coiffeuse, de se faire embarquer à Capitale, vers vingt-trois heures, par le même taximan. Elle veut rentrer chez elle, à Basra. Le gaillard dépose, vers l’hôpital, le client qu’il lui restait à bord et, s’abstenant d’en embarquer  d’autres, prend la route de la plage pour, dit-il à nouveau, « éviter les postes de contrôle du GSSR ». Il finit par virer dans un coin sombre, menacer la jeune fille de mort, la violer et la délester de toute valeur, avant de l’obliger à descendre et fuir.

La même nuit, une femme malade qui sort d’une clinique privée à Teyaret, se voit proposer les services de l’insatiable. Elle embarque, sans se douter un instant de ce qui l’attend. Et à nouveau, le même scénario. Jour après jour, semaine après semaine, ce seront des dizaines et des dizaines de plaintes qui vont s’accumuler contre ce sadique. Le Commissariat Spécial de la Police Judiciaire (CSPJ) est chargé de l’affaire.

 

Traque de l’homme sans visage

Le commissaire Mohamed Baba Ould Ahmed Youra lance ses limiers, dirigés par le fameux Didi Ould  Moubarak, aux trousses du « spectre de Nouakchott », ainsi surnommé car aucune de ses victimes n’ont pas pu distinguer les traits de son visage. Les enquêteurs font le rapprochement avec le violeur qui avait semé la terreur à Nouakchott, en 2007, faisant des dizaines de victimes. Un certain Mansour Bah, natif de Kaédi, en1986, encore pensionnaire de la prison d’Aleg, quelques mois plus tôt. La libération de ce criminel est bientôt confirmée. Il a purgé cinq ans. On l’avait condamné à plus mais la Cour de cassation lui a accordé une remise de peine. Didi tient son premier suspect mais strictement aucune preuve palpable de son éventuelle implication. Cependant, une des victimes a eu la présence d’esprit de mémoriser le numéro d’immatriculation du pseudo-taxi. D’autres témoignages permettent d’établir que Mansour Bah a été vu au volant du véhicule identifié : la piste se resserre… Le CSPJ lance des avis de recherche dans toute la ville. Le même jour, on aperçoit le bandit en train d’embarquer une « cliente », près de la clinique Ibn Sina. Les policiers approchent, il démarre sur les chapeaux de roue ! Trop tard : La BRB a été plus rapide !

Après trois jours de garde à vue au CSPJ et de multiples confrontations avec diverses de ses victimes, il avouera avoir commis vingt-cinq viols, depuis sa levée d’écrou. Il dort, actuellement, à la prison civile de Dar Naïm. Espérons que les femmes qui cherchent, seules, un taxi, tard la nuit, ne courent plus de risque.

MOSY