Départ de Niofar consulting (Ciribassi): À quoi sert la transparence ?

15 April, 2025 - 18:56

Il est devenu presque banal d’entendre que « la transparence, ce n’est pas pour nous ». C’est la phrase favorite de ceux que la dictature des habitudes rassure. Ceux qui préfèrent perpétuer les arrangements obscurs, les décisions prises dans les salons feutrés, loin des regards du peuple.
Il y a ceux qui poussent l’argument plus loin : « Sans transparence, c’est le désordre assuré. » Et ils n’ont pas tort. Mais entre l’opacité complète et le voyeurisme administratif, il existe un juste milieu. La transparence, ce n’est pas tout dire, tout le temps, à tout le monde. C’est savoir distinguer ce qui appartient à l’espace public, et ce qui relève des responsabilités internes. C’est, surtout, une question de justice.
Car ce qui gangrène nos sociétés, ce n’est pas le manque de talents ou de ressources. C’est le sentiment d’injustice. Cette impression qu’on enlève à l’un pour nourrir l’autre, non pas par besoin, mais par proximité, par clientélisme, par habitude. Et lorsqu’on distribue les postes, les contrats ou les avantages uniquement selon le « mérite » — ou ce qu’on appelle ainsi — on oublie parfois que le mérite, dans nos systèmes, est souvent une façade pour justifier l’exclusion ou renforcer des privilèges déjà installés.
Aristote l’avait bien compris : plus un système est divers, plus sa gestion est complexe. Il conseillait à Alexandre de gouverner en tenant compte de la nature des choses. Un bon dirigeant ne confond pas la tête et la queue, le gouvernant et le gouverné, l’intérêt général et les calculs personnels.
C’est pourquoi la transparence est essentielle. Elle est à la démocratie ce que l’air est à la respiration : invisible mais vitale. Supprimez-la, et vous laissez place à la peur, au soupçon, et à l’immobilisme. Trois ennemis jurés du progrès, de l’investissement, de la paix sociale.
La transparence ne doit plus être vue comme une menace, mais comme une opportunité. Car ce n’est pas elle qui crée la pagaille, c’est son absence.

Habib Hamedy
Ingénieur d’Etat