
Dans les artères commerciales de Nouakchott, comme dans les marchés des régions intérieures, un spectacle désolant s’impose au regard : un chaos organisé où règnent l’anarchie, le laisser-faire et l’insalubrité. Les étals débordent de marchandises alimentaires exposées à l’air libre, entassées à même le sol, côtoyant détritus, eaux usées, mouches, et parfois même des animaux errants. Ce désordre n’est pas seulement visuellement choquant : il est dangereusement toxique.
Ce sont les corps des citoyens qui, jour après jour, en paient le prix fort. Une alimentation contaminée par des bactéries, des produits chimiques ou des micro-organismes pathogènes constitue une véritable bombe à retardement. Les maladies cancérogènes, les troubles digestifs graves, les infections pulmonaires et les affections cutanées se multiplient en silence. Le système de santé, déjà fragile, ploie sous le poids de pathologies qui pourraient être évitées avec un minimum de rigueur et de volonté.
Mais l’impact ne se limite pas à la santé publique. L’économie nationale en subit également les conséquences : la productivité chute, les familles s’endettent pour se soigner, les hôpitaux débordent, et les investisseurs, choqués par cette désorganisation chronique, détournent leur regard. Ce désordre apparent cache en réalité un désastre structurel qui menace la stabilité sociale et économique du pays.
Face à cette urgence, la voix du peuple s’élève pour en appeler directement au président de la République, Son Excellence Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Votre mandat a suscité l’espoir d’un État plus juste, plus fort et plus soucieux du bien-être collectif. Or, que vaut le développement économique si les marchés, où s’approvisionne le citoyen, demeurent des foyers d’infection ? Que valent nos ambitions nationales si la nourriture qui circule est porteuse de mort lente ?
Nous vous demandons, Monsieur le Président, d’intervenir personnellement, avec la rigueur et la détermination que cette situation exige. Il faut redresser la barre. Il faut imposer l’ordre, instaurer des normes d’hygiène strictes, encadrer la vente des produits alimentaires et sanctionner, sans concession, ceux qui transforment nos marchés en dépotoirs.
Il y va de la santé publique, de la dignité nationale qui s’effrite, et de l’image désastreuse que renvoie notre pays à l’extérieur : celle d’un État incapable d’imposer l’ordre, de protéger ses citoyens et de garantir un minimum de décence dans la gestion de ses espaces commerciaux.
Face à ce désordre meurtrier et ruineux, l’indifférence n’est plus une option. Il est temps d’agir.
Un État fort, c’est un État qui protège ses citoyens, y compris dans ce qu’ils mangent. Le temps des demi-mesures est révolu. Il est urgent d’agir — avec autorité, avec clarté et avec humanité.
Eleya Mohamed