Jeunesse mauritanienne et réseaux sociaux

12 August, 2025 - 18:23

Entre opportunité et dérive, l'urgence d'une utilisation rationnelle des réseaux sociaux se pose. Dans une société en pleine mutation numérique, ils se sont imposés en outils incontournables de communication, d'information et d'expression, notamment chez les jeunes. Bien qu’elle offre de nombreuses opportunités, cette révolution digitale soulève cependant des préoccupations croissantes quant à ses dérives. Il devient urgent de promouvoir une utilisation rationnelle de ces plateformes pour garantir un avenir numérique sain et responsable.

 

Une jeunesse connectée, mais à quel prix ?

Selon une étude menée en 2024 par mes étudiants, plus de 60 % des jeunes mauritaniens âgés de 18 à 30 ans et vivant à Nouakchott utilisent quotidiennement des réseaux sociaux tels que Facebook, TikTok, Instagram et WhatsApp. Cette présence massive témoigne d’une volonté d’ouverture sur le monde, de participation citoyenne et d’expression individuelle. Les jeunes y trouvent une plateforme pour s’informer, apprendre, inventer et entreprendre. Mais cette omniprésence virtuelle n’est pas sans conséquences. De plus en plus d’enseignants et de parents s’alarment de la baisse de la concentration scolaire, du recul de la lecture traditionnelle, de l’exposition à la désinformation et, plus grave encore, des risques de cyber-harcèlement ou de radicalisation.

 

Dangers d’un usage non-maîtrisé

L'utilisation non-encadrée des réseaux sociaux a ouvert la porte à plusieurs maux sociaux. La propagation de fausses informations, souvent relayées sans vérification, alimente les tensions communautaires et les discours de haine. Par ailleurs, le culte de l’image et la recherche de validation à travers les « likes » exacerbent les complexes chez certains jeunes, fragilisant leur estime de soi. Dans certaines zones urbaines, des cas d’addiction numérique ont été signalés, affectant les résultats scolaires et la vie familiale. Le cyber-harcèlement, phénomène en hausse, reste difficilement pris en charge, faute d’un cadre juridique spécifique et de structures de soutien psychologique adaptées.

 

Une prise de conscience collective en marche

Face à ces défis, plusieurs initiatives commencent à émerger. En partenariat avec les autorités éducatives, des ONG locales organisent des campagnes de sensibilisation sur l’usage responsable d’Internet. Les établissements scolaires introduisent peu à peu l’éducation numérique dans leurs programmes, visant à enseigner aux élèves et les étudiants les règles d’éthique et de sécurité en ligne.

 

Vers une culture numérique responsable

L’utilisation rationnelle des réseaux sociaux n’implique pas leur rejet mais plutôt une appropriation intelligente de leurs potentialités. Les jeunes doivent être accompagnés pour développer un esprit critique face aux contenus, apprendre à sécuriser leurs données personnelles et comprendre l’impact de leurs publications sur autrui et sur leur propre avenir. Dans un monde où l’identité numérique devient aussi importante que l’identité physique, l’éducation au numérique doit être perçue comme une priorité nationale.

En somme, les réseaux sociaux sont des outils puissants qui, bien utilisés, peuvent être des leviers de progrès pour la jeunesse mauritanienne. Mais, mal encadrés, ils deviennent des pièges silencieux. L’heure est donc à la responsabilité collective : familles, écoles, universités, autorités et jeunes eux-mêmes doivent conjuguer leurs efforts pour instaurer une culture numérique saine, critique et constructive. L’avenir de la jeunesse mauritanienne, et plus largement celui de la Nation, en dépend.

 

Babacar Diop

Coach d’entreprise, chargé de cours

Katana d’Or 2024

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Tél. : (+222) 48 71 88 90 et 38 71 88 90