
Feu « King Kong »
Au cours d'une nuit du mois de Septembre 92 au quartier nouvellement loti de Basra, un ancien gendarme appelé Ahmed dormait dans son échoppe. C'était sa première nuit dans ce populeux quartier. On lui avait déconseillé de s'y installer, en raison de l'insécurité grandissante mais il n'avait pas tenu compte de cet avertissement. Vers trois heures du matin, il fut réveillé par le bruit sur la porte qu'on tentait d'enfoncer. « Qui va là ? », interrogea-t-il, « Tu ne vas pas tarder à le savoir ! », lui répondit une sinistre voix. « Attention, je suis armé ! », lança le boutiquier. Les assaillants ne répondirent pas et continuèrent leur forcing. Ahmed s'empara de son fusil de chasse à double canon, y plaça deux balles dans le chargeur et réitéra son avertissement.
En vain car voici que la porte cède. Le boutiquier voit alors avancer un colosse à la taille élancée, pointant sur lui une longue machette. Ahmed tire, sans hésiter ; le malfaiteur s’effondre, haché par les balles, tandis que ses complices s’enfuient à toute allure. Des badauds se rassemblent. « Ne vous approchez pas de ce cadavre ! », ordonne le boutiquier. Vers cinq heures du matin, la police vient garder les lieux en attendant l'arrivée du substitut du procureur... L’homme au sol est identifié : il s'agit d'un dangereux récidiviste connu sous le sobriquet de King Kong qui terrorisait les gens à Sebkha et El Mina. Ahmed passa deux jours de garde à vue au commissariat de police de Sebkha avant d'être relâché. On lui établit un permis de port d'arme pour son fusil, en guise d'encouragement.
Le commerçant du pénitencier
À la maison d'arrêt d'Aleg, des dizaines de bagnards habitent la cour numéro 2. Ils passent la journée à se chamailler ou jouer. Un homme mince et svelte qui semble avoir la quarantaine est le chef de ce lieu. Il est tout aussi craint et respecté par les taulards que par les gardes. Ses ordres sont aussitôt exécutés par les détenus. Tout le monde l'appelle Ahmed « Kalach ». Sa cellule se trouve à l’entrée de la cour. Il l'a transformée en boutique où toutes sortes de consommables sont vendues. Il y passe la journée à fournir les prisonniers de toutes les cours, leur livrant en personne les marchandises, profitant de sa qualité de chef de cour. Les gardes aussi sont ses clients. Il leur accorde des facilités en leur faisant crédit qui n'est pas remboursé, dans la plupart des cas... Le surnom de Kalach couvre, en fait, l’identité du tristement célèbre Ahmed ould Vall, condamné à mort suite au carnage qu’il avait perpétré aux environs de Mederdra, en Novembre 2010. Deux ans plus tard, il éventra un garde de la prison de Dar Naïm et en fut, cette fois, condamné à vingt ans de prison. Transféré à Aleg au cours des années passées, il est devenu le plus grand fournisseur de marchandises dans cette maison d'arrêt. Tandis que dans la cour numéro 1, c'est l’aussi tristement célèbre Abdallahi « Lekhal » qui tient commerce de vêtements, chaussures et montres.
Les deux imams
Au quartier Neteg, on est en train de prier la prière d'El ‘Asr dans une petite mosquée nouvellement construite. L'imam, un homme qui semble avoir dépassé la quarantaine, y est vêtu d'un boubou blanc et porte un long turban à la Boydiel. Après la prière, il entame un prêche insistant sur l'importance de celle-ci et de la purification. Deux policiers de passage présents dans l’assemblée s’interrogent sur l’identité de cet homme qu’il leur semble avoir connu naguère. « Il s’appelle Abdallahi », les informe-t-on à la sortie de la mosquée. Plus tard, ils apprennent qu'il s'agit du fameux récidiviste Abdallahi « le vainqueur ». Il se serait reconverti grâce à ses fréquentes sorties avec les prêcheurs (Douat).
Selon une différente source, une autre non moins importante personne sinistre remplace, elle aussi parfois, l'imam d'une baraque servant de mosquée au fond du quartier El Kouva. Elle s'adonne de même à de longs prêches incitant les gens aux bons comportements et à l'assistance aux cinq prières. De qui s'agit- il ?Je ne vais pas vous laisse deviner : il s'agit du fameux Samba « Gouggouh ». Espérons que cela continue et que d’autres de leurs « congénères » suivront leur exemple, incha Allah.
Mosy