
Ils sont camionneurs, livreurs de pizzas, plongeurs dans les restaurants, taximen, gardiens d’immeubles que l’ignorance crasse a chassés de leur pays. Les autres, locaux ceux-là, sont soit chômeurs désœuvrés, soit délinquants en rupture de ban, soit aigris par une vie qui a souri à d’autres. Tous ont un point commun : l’acharnement. Dès qu’une information, même fausse, est mise en ligne par un membre de ce clan, c’est le branle-bas de combat. Tous s’y mettent à fond. S’érigeant en politologues, économistes, statisticiens ou sociologues, ils inondent la toile d’analyses si peu brillantes et… tout y passe : les plus basses insultes, les plus gros mots et les plus ignominieuses bêtises ! Même le président de la République n’est pas épargné par ce torrent de boue immonde ! Il encaisse, tous les jours, invectives, injures et quolibets. Se cachant souvent derrière des pseudonymes, ils se croient tout permis. À visage découvert, certains d’entre eux commencent à avoir pignon sur rue. Ils sont quotidiennement suivis par des milliers de followers qui reprennent en boucle des propos pourtant loin de la réalité, décousus, où les règlements de comptes se sentent à plein nez. Témoin, s’il en est, de la déchéance d’une société qui a perdu ses repères, Umberto Eco avait on ne peut plus raison lorsqu’il disait que « les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d'imbéciles qui, avant, ne parlaient qu'au bar et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite. Aujourd'hui, ils ont le même droit de parole qu'un prix Nobel. »
Ahmed ould Cheikh


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