Un pays d’un million de poètes devenus voleurs ? Depuis que la Cour des Comptes a publié le nom des responsables présumés de fautes de gestion, on assiste à une avalanche de déballages sur les réseaux sociaux. Les bloggeurs, des experts financiers et même des mauritaniens lambda donnent leurs avis et se demandent jusqu’où ira le gouvernement pour sanctionner les auteurs présumés desdites « erreurs ». Pour bon nombre d’entre nous, le détournement de deniers publics n’est un secret pour personne, en ce pays où le vol des deniers publics n’est plus une tare. Ce qui préoccupe nos concitoyens, c’est ce que va faire le gouvernement pour arrêter cette gangrène. Un sacré challenge pour le président de la République qui a recyclé un bon nombre de gros pontes du régime de Mohamed ould Abdel Aziz., accusé d’avoir sucé le pays dix ans durant. C’est, aussi et surtout, une épreuve de crédibilité pour le gouvernement dont certains ont couvert – s’ils ne s’y sont pas eux-mêmes employés… – des dérives de gestion. Le mal est trop profond et nombre de responsables ont fini par considérer que piquer dans les caisses de l’État était un acte normal et que ne pas s’y adonner relevait de la naïveté. Les postes de responsabilité sont distribués pour permettre aux bénéficiaires de faire profiter leur tribu, leurs proches, leurs protecteurs… Pour la majorité des Mauritaniens, les personnes citées dans le rapport de la Cour des Comptes ne représentent qu’une infime partie de ceux qui se sont spécialisés dans le pillage des ressources de l’État, dans une totale impunité. Certains n’hésitent pas à parler de boucs émissaires et que les gros commanditaires ou bénéficiaires sont tapis dans les arcanes du pouvoir, intouchables qu’ils sont. Les signes ostentatoires de richesse illicite crèvent les yeux. Alors, le gouvernement poussera-t-il le bouchon jusqu’à rouvrir, non seulement tous les dossiers de détournements de deniers publics mais, aussi, affaires de drogue, Taazour, aéroport Oum Tounsy, la fameuse usine de sucre, les chantiers de construction de routes et autres, pour rassurer les Mauritaniens et prouver que le combat contre la gabegie n’est pas un slogan ni un cirque ? Nos concitoyens qui se couchent, la nuit, ventre creux, ceux qui peinent à s’assurer les deux principaux repas quotidiens, à envoyer leurs enfants à l’école, au poste de santé pour se soigner, à s’offrir un toit ont, tous, besoin de savoir. Ils prendront le Président au mot, lui qui ne cesse de promettre l’éradication de la corruption. Le contexte est plus que propice pour donner un coup de pied dans la fourmilière… et il est aussi temps de se demander si les « visitations » présidentielles ne sont pas, elles aussi, une source de gabegie.
D.L.


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