La Troisième Voie Sahraouie… Un pari réaliste pour une solution possible

28 October, 2025 - 17:24

Le conflit du Sahara occidental revient une fois de plus au premier plan de l’agenda international, à la veille de la réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies prévue à la fin du mois d’octobre, au cours de laquelle il sera décidé du renouvellement du mandat de la MINURSO et de celui de l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura.
Depuis plus de trois décennies, la mission de maintien de la paix des Nations Unies dans cette ancienne colonie espagnole est la plus longue en Afrique — et la moins efficace. La communauté internationale commence à montrer des signes de lassitude face à une situation marquée par l’immobilisme. C’est pourquoi les États-Unis ont décidé de revoir le mandat de la mission et d’y introduire des délais précis à travers un projet de résolution visant à accorder la priorité à la proposition d’autonomie du Maroc présentée en 2007.
Depuis plus d’un demi-siècle, le conflit sahraoui est caractérisé par des positions rigides et un blocage permanent. Sur fond de rivalité entre l’Algérie et le Maroc pour la suprématie régionale, des générations de Sahraouis demeurent prisonnières, depuis 1975, entre l’exil et le désespoir.
Dans ce contexte étouffant, une nouvelle voix est apparue — celle du Mouvement Sahraoui pour la Paix (MSP), fondé en avril 2020 par des Sahraouis convaincus qu’une solution réaliste et durable ne peut être atteinte que par le dialogue et la coexistence.
Son intervention devant la Quatrième Commission de l’ONU, le 9 octobre dernier, n’a pas été un simple acte symbolique, mais une véritable expression de volonté : représenter une partie du peuple sahraoui épuisée par l’exil, la lassitude et la frustration.
Depuis la tribune onusienne, son message était limpide : « Nous ne sommes pas la voix du Polisario, ni celle de l’Algérie, ni celle du Maroc.
Nous sommes la voix des anciens qui rêvent en silence de rentrer chez eux avant de mourir,
la voix des jeunes qui refusent d’hériter d’un exil sans fin et la voix des mères qui souhaitent élever leurs enfants sous un ciel de paix et de liberté, et non sous l’ombre du fusil. »
Par cette affirmation, le Mouvement Sahraoui pour la Paix ne cherche pas à défier qui que ce soit, mais à affirmer le droit au pluralisme politique sahraoui et à ouvrir une nouvelle voie pour sortir du tunnel.
Il est naturel qu’après un demi-siècle de monopole politique et de discours figé sous un système unipartite, de nouvelles voix s’élèvent, désireuses d’explorer d’autres chemins.
Beaucoup de Sahraouis, à l’intérieur comme à l’extérieur du territoire, partagent désormais le même sentiment : la lassitude de la guerre et la frustration de voir leurs sacrifices, leurs rêves et leurs vies s’évanouir sans aucun changement réel.

L’épuisement de la guerre

Après cinq décennies de confrontation, la lassitude d’une guerre qui a perdu tout sens est évidente. La décision du Front Polisario de reprendre les hostilités en novembre 2020 a coûté la vie à des centaines de jeunes sans modifier la réalité sur le terrain, ni changer le rapport de forces, ni améliorer sa position de négociation.
Pire encore, ce vieux mouvement armé s’est installé dans une forme de résignation tacite.
La guerre asymétrique menée contre le Maroc n’a fait que prolonger les souffrances et accentuer le sentiment de défaite morale chez les jeunes générations.
L’expérience démontre que les conflits anciens trouvent rarement une issue durable par la voie militaire, même quand l’un des camps dispose d’un avantage. Persister dans cette logique ne fait qu’approfondir les blessures d’un peuple qui, plus que des slogans, a besoin de solutions concrètes.
Aucune cause, aucun principe ne peut justifier un sacrifice sans fin comme celui enduré par les Sahraouis depuis plus d’un demi-siècle.

Une paix imparfaite vaut mieux qu’une guerre juste

Le Mouvement Sahraoui pour la Paix est guidé par une conviction simple : la paix est possible, à condition qu’il y ait une volonté politique.
Comme le disait Érasme de Rotterdam : « La pire des paix vaut toujours mieux que la plus juste des guerres. »
Il ne s’agit pas de renoncer aux droits du peuple sahraoui, mais de reconnaître que seul le dialogue — et non la confrontation — peut ouvrir un horizon d’espoir.
Il est temps de clore un chapitre qui n’a produit que douleur et frustration, et d’en ouvrir un autre fondé sur la négociation, l’engagement et le respect mutuel.
La paix exige des décisions courageuses : renoncer à la victoire totale au nom du bien commun, dépasser le traumatisme de la défaite et préserver la dignité collective.
Nous vivons un moment décisif dans l’histoire d’un peuple mis à l’épreuve quant à sa maturité, son courage, et surtout la responsabilité politique et morale de ses dirigeants — leur capacité, en temps de crise, à guider leur société vers un port sûr.

Une alternative à l’impasse « sans fin »

Face à des positions figées, le Mouvement Sahraoui pour la Paix propose une approche pragmatique.
Il estime que le plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007 peut constituer un point de départ valable pour une solution politique négociée.
Cela ne signifie pas une acceptation inconditionnelle, mais la disposition à dialoguer sur une base réaliste permettant de progresser vers une formule de coexistence pacifique et de réconciliation.
Cette position a d’ailleurs été transmise à l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU.
Le mouvement est né du sein même de la société sahraouie. Il incarne la voix d’un segment croissant de la population aspirant à construire un avenir d’espoir et de dignité, en alternative à la tristesse, à l’orphelinat et au deuil sans fin causés par une guerre longue et vaine.
En résumé, nous sommes à un moment critique d’un vieux problème hérité de la colonisation espagnole.
La communauté internationale commence à se lasser de la mission de la MINURSO, active depuis 1991, à un coût annuel avoisinant les 60 millions de dollars, sans jamais avoir atteint son objectif.
La dernière prolongation de son mandat — limitée à trois mois et imposée par les États-Unis — en est la preuve.
Lors de la prochaine réunion du Conseil de sécurité, ce serait une grave erreur pour les Sahraouis de mal interpréter le moment actuel et de gaspiller l’attention continue des Nations Unies sans chercher à obtenir ce qui reste possible : une solution digne avec des garanties internationales.
Face à la faiblesse visible de la direction du Polisario et à son incapacité à négocier une sortie honorable sans l’ombre de la défaite, le Mouvement Sahraoui pour la Paix estime qu’il est possible d’atteindre une formule « sans vainqueur ni vaincu », transformant la mission onusienne de paix en un processus politique crédible permettant une victoire partagée entre Sahraouis et Marocains, au bénéfice de la stabilité du Maghreb.
Le Mouvement Sahraoui pour la Paix ne cherche pas à réécrire l’histoire, mais à contribuer à un avenir fondé sur la compréhension et la coexistence entre Sahraouis et Marocains — une issue honorable qui permettra aux générations futures de vivre dans la paix, la prospérité et la dignité, à l’opposé du passé douloureux de leurs ancêtres.
Il est temps de laisser de côté les slogans, l’idéalisme et les projets utopiques, et de profiter de l’intérêt actuel de la communauté internationale pour avancer vers des solutions tangibles basées sur la compréhension et le dialogue.
L’avenir du Sahara occidental ne peut pas rester otage du passé, aussi héroïque ou légendaire soit-il.
Un accord avec le Maroc conduisant à une paix fondée sur la justice et la dignité n’est pas seulement légitime et possible — il est urgent.

Par Hadj Ahmed Baricalla
Premier Secrétaire du Mouvement Sahraoui pour la Paix