
Le gouvernement mauritanien, dans son éternel ballet de maladresses, vient de nous offrir un chef-d’œuvre. Une arrestation spectaculaire… qui n’en était pas une. Une énorme fausse alerte brandie comme trophée par des autorités en quête de crédibilité avant les prochaines élections. On a crié victoire, tambours battants. On a annoncé l’arrestation des “détourneurs de fonds”. Et puis, les suspects n’étaient que des figurants, des remplaçants, des silhouettes mal choisies, des noms au hasard. Les véritables voleurs ? Eux sont ailleurs. En congé. En vacances sur les fonds publics. Probablement en train de siroter l’impunité éternelle.
Ce n’était pas une opération judiciaire, c’était une comédie judiciaire. Du théâtre de rue. Avec, comme toujours, une mise en scène grossière et des acteurs improvisés.
On arrête des innocents par manque de compétence ou par excès de zèle. On les fait défiler sur les réseaux sociaux pour rassurer un peuple qu’on croit naïf. Puis, quelques jours plus tard, on les blanchit discrètement, en espérant que la mémoire populaire soit aussi courte que les conférences de presse ministérielles.
Mais qui peut encore croire à ce cirque ?
Qui peut encore avaler ces couleuvres servies comme on sert le thé de mauvaise qualité aux visiteurs qu’on veut tromper ?
Les vrais pilleurs, les professionnels du budget, les vétérans du détournement, eux, ne se font pas attraper. Ils connaissent le système et ils en sont les architectes. Ils l’ont bâti brique après brique, nomination après nomination. Ils ont appris la règle d’or de la République : celle de servir, oui… mais se servir d’abord.
Ils ont pris l’habitude de disparaître juste avant que les choses ne s’enveniment, en laissant derrière eux la signature du successeur, bouc émissaire, sur les dossiers qui les impliquent.
Et cela continue, génération après génération, comme une tradition nationale, la seule vraiment respectée.
Ainsi, l’enquête, si enquête il y a, nous ramènera peut-être à l’empire du Ghana, ou pourquoi pas à l’homme de Tichitt préhistorique. On enquêtera jusqu’à ce que le temps lui-même rende justice. C’est dire si la vérité est un horizon : on la voit, mais on ne l’atteint jamais.
La République joue au détective, mais ne distingue même pas les ombres qu’elle poursuit. Elle soupçonne, elle accuse, elle parade, puis elle se ridiculise.
Un poisson d’Avril en Novembre, voilà tout.
Et le peuple ?
Le peuple regarde.
Le peuple sait.
Mais le peuple a appris à se taire, sinon à rire, faute de mieux.
Scheine




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