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15 December, 2025 - 12:24

Après un rapport accablant de la Cour des comptes, six ex-responsables inculpés pour détournement

Six anciens responsables ont été inculpés pour détournement de biens publics, a annoncé, le mardi 9 Décembre, le Parquet de Nouakchott. Cette décision fait suite à la publication, en Octobre, d’un rapport de la Cour des comptes révélant de graves irrégularités dans la gestion des finances publiques au cours de l’exercice 2022-2023. Selon ce rapport, plusieurs centaines de millions d’ouguiyas auraient été engagées hors cadre budgétaire. Des anomalies ont également été détectées dans la gestion de fonds liés à la pandémie Covid-19, ainsi que dans des procédures de recrutement jugées non conformes aux règles en vigueur. Le président de la Cour des comptes, Hemida ould Ahmed Taleb, avait alors souligné que le document mettait en évidence « des dysfonctionnements dans les marchés publics » et « une faiblesse des organes de contrôle interne ». Sur les trente responsables cités, seuls six ont été renvoyés devant la justice, les vingt-quatre autres ayant bénéficié d’un non-lieu pour insuffisance de preuves.

Les personnes inculpées sont : Halima Ba, experte et ancienne secrétaire générale du ministère de la Santé ; Taleb ould Sid’Ahmed, ex-directeur du port de pêche artisanale de Nouadhibou et ancien ministre de l’Emploi ; Abdi Horma, ex-secrétaire général du ministère de l’Emploi, de la Formation professionnelle, de la Jeunesse et des Sports ; Khatri Al-Atigh, Debbe Zeine et Sid’Ahmed ould Brahim. Ces six responsables ont été remis à la Direction de lutte contre les crimes économiques et financiers, pour approfondissement de l’enquête. Le Parquet n’a donné aucune indication sur la valeur des biens présumés détournés. Pour rappel, la Cour des comptes a établi qu’il y avait des erreurs de gestion. Ensuite, elle a identifié trente personnes impliquées. Le gouvernement après avoir démis les suspects, avait pris la décision de transmettre le dossier à la justice, afin de voir s’il n’y avait pas autre chose à dire. D’après le porte-parole, du gouvernement Housseïn Meddou, il appartient désormais au juge d’instruction de voir quelle suite donner à la procédure.

 

Houda Mint Babah : « La langue française restera présente à tous les niveaux de l’enseignement »

Lors de la clôture du projet d’appui au secteur de l’éducation en Mauritanie (ASEM), la ministre de l’Éducation et de la Réforme du Système Éducatif, madame Houda mint Babah, a insisté sur le rôle stratégique de la langue française dans le système éducatif national. Elle a rappelé que la loi d’orientation de 2022 consacre le multilinguisme comme un choix pédagogique fondamental, visant à élargir les capacités cognitives des élèves et à renforcer leur ouverture sur le monde. Dans ce cadre, la ministre a affirmé que la langue française restera présente à toutes les phases de l’enseignement, soulignant qu’elle constitue un levier essentiel de la réussite scolaire et de l’accès aux connaissances scientifiques et académiques internationales.

Madame Houda mint Babah a également mis l’accent sur la nécessité de renforcer la maîtrise du français chez les enseignants et les apprenants, estimant que la qualité de son enseignement est déterminante pour améliorer les performances scolaires et assurer une formation répondant aux standards internationaux. Selon la ministre, le maintien du français dans le parcours éducatif s’inscrit dans une vision globale d’un système éducatif équitable, performant et ouvert, capable de préparer les jeunes générations aux défis de l’employabilité, de la mobilité académique et du développement durable.

 

Des voix s’élèvent contre la criminalisation des lanceurs d’alerte et l’impunité

Un collectif de plus de cent personnalités dénonce la criminalisation des lanceurs d’alerte et l’impunité persistante en Mauritanie. Dans un appel rendu public le 10 Décembre, les signataires estiment que l’arbitraire et les violations des droits humains ne relèvent plus de faits isolés mais se sont durablement installés dans les pratiques institutionnelles.  Il accuse les autorités de poursuivre des militants pour avoir révélé des abus, tout en protégeant des auteurs présumés de violations des droits humains. Les signataires exigent la libération immédiate des détenus et appellent à une mobilisation nationale et internationale pour la vérité, la justice et la réconciliation.

Selon les signataires, ces poursuites visent des citoyens sanctionnés pour avoir «donné une voix à la vérité » et refusé l’effacement de la mémoire collective. L’appel dénonce également le maintien, voire la promotion, de personnes mises en cause pour des actes de torture, ainsi que l’impunité persistante entourant les violences faites aux femmes, favorisée par un système patriarcal et l’absence de dispositifs juridiques adéquats. Les auteurs fustigent une « inversion des valeurs » qui transforme les victimes en suspects et rappellent que la recherche de la vérité relève d’un impératif moral et non d’un délit. Ils mettent en garde contre les conséquences d’une répression accrue des militants, susceptible, selon eux, d’exposer la société à un «asservissement générateur de révolte ». Dans leur texte, ils rappellent que d’anciens détenus continuent de porter les séquelles de la torture, tandis que leurs héritiers — militants et jeunes activistes — sont aujourd’hui poursuivis pour avoir dénoncé les mêmes abus.

Le collectif cite Demba Sall et le docteur Ba, tous placés en détention préventive. D’autres militants, à l’instar de Youssouph Kamara et Mohamed Lemine Seck, sont incarcérés depuis plusieurs mois à Nouakchott. Le collectif appelle à la libération immédiate et sans condition des militants poursuivis et exhorte l’opinion publique, les organisations démocratiques, les rescapés et les familles de victimes à se mobiliser, à documenter les abus, à témoigner et à défendre la vérité, tant au niveau national qu’international. Pour les signataires, aucune réconciliation durable n’est possible sans vérité, équité, transparence et reconnaissance des violations passées. « Un pays qui protège ses tortionnaires se condamne à revivre l’horreur ; un pays qui écoute ses lanceurs d’alerte ouvre la voie à la réconciliation », conclut l’appel.