
Pointée du doigt par bon nombre d’africains qui jugent « sélectif » le traitement unique que réserve la Cour Pénale Internationale aux anciens chefs d’Etat et seigneurs de guerre du continent, la présidente Silvia Fernandez de Gurmendi a profité de la Conférence internationale organisée par le ministère sénégalais de la Justice sur la «Souveraineté des Etats et Justice pénale internationale », qui s'est achevée ce mardi 21 juillet, à Dakar, pour défendre son institution. Elle a soutenu que « l’objectif principal de la justice pénale internationale est de sanctionner les auteurs des crimes les plus graves ayant une portée internationale, et de contribuer à la prévention de nouveaux crimes. La CPI donne aussi accès aux victimes pour qu’elles expriment leurs avis et leurs préoccupations, et pour qu’elles obtiennent réparation pour les souffrances qu’elles ont endurées ».
Silvia Fernandez de Gurmendi écarte d’un revers de la main toute prétendue fixation sur le contienent africain : « Cet objectif ne vise pas une seule région.C’est un but universel, et nous avons pu voir la justice pénale internationale progresser à travers le développement de procédures judiciaires dans toutes les régions du monde». Elle narrera les débuts du projet de justice internationale d’abord en Europe, lors du procès de Nuremberg contre les chefs Nazis, après la seconde guerre mondiale, plus tard avec le tribunal pénal international pour l’ex Yougoslavie, et juste après en Afrique avec le tribunal pénal international pour le Rwanda.
La présidente de la CPI s’est félicitée de l’avancée importante de la justice pénale internationale avec l’ouverture du procès contre Hissène Habré à Dakar, par suite des actions prises par les autorités nationales ainsi que par l’Union Africaine, et grâce à la détermination des victimes de ses prétendus crimes. « Ceci est un véritable exploit qui reflète l’important rôle joué par les tribunaux et la société civile pour renforcer l’obligation de rendre des comptes et encourager la mise en place du respect pour l’Etat de droit, que ce soit au niveau national ou international ». Poursuivant, elle dira que « l’affaire Habré nous démontre que, lorsque les exigences en matière de justice sont suffisamment fortes, les obstacles obstruant la voie vers la justice peuvent être surmontés ».
Silvia Fernandez de Gurmendi a estimé qu’afin « d’entretenir son engagement auprès des victimes, la CPI doit être là où les personnes sont affectées par les crimes qui sont sous sa juridiction. Pour cela, nous devons constamment rechercher de nouvelles voies de communication, et nous devons tenir une présence forte sur le terrain dans le but de répondre correctement aux besoins des communautés de victimes ».
La Cour se tient prête, estime sa présidente, à discuter des différentes formes de coopération volontaire avec les Etats de l’Afrique de l’Ouest dans les domaines de protection des témoins et d’exécution des peines d’emprisonnement.