Déguerpissement forcé

16 October, 2014 - 01:42

La station pluviométrique de la Délégation du ministère du développement rural a enregistré jusqu’au 30 Septembre pour l’hivernage 2014 à Selibaby 466, 9mm contre 362,2mm pour l’année précédente. Ce qui signifie qu’il y a un excédent pluviométrique de 104,7mm. Certes, l’hivernage a été pluvieux mais il n’en demeure pas moins qu’il a laissé derrière lui d’importants dégâts matériels et de très nombreux sans abris. Au mois de Juillet trois inondations se sont produites dont la plus importante et la plus dévastatrice est survenue le 30 Juillet 2014. L’eau atteignait par endroits plus d’un mètre cinquante (1m50). Il en a résulté un lourd bilan jamais vu de mémoire de Selibabien. Plusieurs maisons, boutiques, mosquées etc. ont été inondées voire complètement détruites.

                 Ces inondations ont entraîné d’important remue-ménage. De nombreux sinistrés contraints au déménagement abandonnent ce qu’ils avaient de plus cher : leurs domiciles ou leurs échoppes en ruine. Ainsi certains occupent les maisons des particuliers en les louant alors que d’autres   squattent des écoles tout en sachant que la solution n’est pas pérenne. Cette situation n’a été rendue possible que grâce aux vacances scolaires. Conscients du fait que ce squattage ne peut pas durer ad vitam aeternam, ils ont attendu jusqu’à la veille de la rentrée des classes prévue le 13/10/2014 pour déguerpir.

             A Selibaby, pour cause de reprise des cours, toutes les écoles squattées ont été évacuées illico. Ce déguerpissement immédiat et forcé plonge des familles entières dans la rue.  Ainsi face à l’enthousiasme et à l’engouement des écoliers de retrouver leurs anciens camarades et les bancs, il y avait ce contraste manifeste des sans abris. S’ils n’ont pas déguerpi manu militari ce n’est pas non plus de gaieté de cœur qu’ils ont déserté ces établissements publics. En fait, leur situation est des plus préoccupantes même si aucune mesure d’accompagnement ou d’assistance n’a été jusque-là prise pour les soulager des affres de la vie. Où vont-ils s’abriter vu que d’ici peu la saison hivernale va s’installer pour une bonne période ? Avec quoi reconstruiront-ils leurs demeures en ruine compte tenu de leur dénuement absolu ? Des dispositions ont-elles été prises pour que les zones inondables ne soient plus habitées à l’avenir ? Ce sont-là autant de questions qu’il faut se poser.

            En tout cas, au Guidimakha en général et Selibaby en particulier, la population se paupérise davantage. Si rien n’est fait la disette et son corollaire l’avitaminose frapperont durement de paisibles habitants.

Alassane Mamadou SY

Stagiaire