Avoir la main légère. Critiquer à tout va. Marcher ou manifester pour des causes qui n'ont absolument rien à voir, ni de près, ni de loin, ni de gauche, ni de droite, ni d'en haut, ni d'en bas, avec toi. Mais c'est qui est le premier à avoir « suspendu » sa main avec un denier public ? En tout cas, il paraît que les bâtisseurs de la République l’avaient lourde, cette main. Ces aujourd’hui défunts ne prenaient même pas ce qui était à eux ; a fortiori donc ce qui ne l'était pas. À leur renversement à la fin des années 70, le Président et ses ministres n'avaient ni villas cossues, ni voitures rutilantes, ni enfants insolents, ni femmes omnipotentes et dangereusement présentes dans la gestion des affaires publiques. Mais depuis, c'est la culture du saccage systématique. La civilisation de l'héroïsme (tvegrich) par qui vole le mieux. Vole plus plus. Construit le plus de dizaines de villas et de marchés. Détient le plus de comptes en banque, bourses ou sociétés. C'est le vol à ciel ouvert dont n'est exempt que « celui qu'Allah a béni ». Nous devions tous être aujourd'hui des manchots à cause de la légèreté de nos mains. Le planton emporte avec lui rames de papier, stylos, chaises et fauteuils à revendre au papetier ou au coiffeur du coin de la rue. Le chauffeur un pneu, une clé ou quelques litres d'huile à liquider au premier garage venu. Les coordinateurs de projets, les directeurs centraux, les secrétaires généraux, les ministres et tous les autres hauts fonctionnaires, commissions, voitures « rondes », engins, imprimantes, ordinateurs, bureaux, équipements surfacturés... Une vraie « hawassa » et en cela, « gare à ta mère, ô dernier! » Après ces ignobles forfaits, nous voilà cou bien étranglé à la télévision, racontant sans gêne ni honte des inepties ou commentant les conclusions d'un rapport de Cour des comptes dont nous devions être les premières victimes. « Quel pays, quelle armée ! », comme disait l'autre. Qui voulez-vous tromper ? La Mauritanie ne meurt pas. Sinon, elle serait déjà ressuscitée pour revivre avec ses incommensurables ressources pour ne plus accepter de n’être que ce pays si riche au peuple si pauvre. Si nous avons été « le pays du million de poètes », comme aiment à nous le rappeler certains en bombant la poitrine, nous sommes devenus aujourd'hui celui de 4 millions 999.000 voleurs et dilapideurs. Mais nous manifestons pour Gaza. En dizaine de milliers. Les causes justes méritent cependant plus que cette mobilisation. Les mêmes causes ne devraient-elles pas produire les mêmes effets ? Manifestons donc contre la gabegie, la mauvaise gouvernance, la corruption, le retour aux affaires des prédateurs, le pillage de nos ressources nationales, les injustices, la répression, les violations des droits humains, l'impunité et encore et encore ! Pauvres de nous : manifestons contre nous-mêmes avant qu'il ne soit trop tard ! Salut.
Elle était jeune, dans la fleur de l’âge. Issue d’un milieu conservateur, étudiante en deuxième d’université, elle s’apprêtait à convoler en justes noces.