Le cadre de concertation des rescapés mauritaniens (CCRM - Mauritanie) et le cadre de concertation des victimes des évènements de Mauritanie 1986-1991 (CCVE) ont organisé, ce 28 novembre 2023, un récital de coran pour le repos des âmes des martyrs d’Inal. En effet, dans la nuit du 27 au 28 novembre 1990, 28 soldats, sous-officiers et officiers négro-mauritaniens ont été pendus dans la base militaire d’Inal située dans le nord du pays. Depuis cette date, les veuves, les orphelins et les rescapés militaires rendent hommage à ces victimes de la barbarie du régime de l’époque, par des prières, des manifestations et pour réclamer la lumière sur cette page sombre de l’histoire du pays.
Après la lecture du Saint Coran au siège de la CCRM, situé à Sebkha, les prières et la déclinaison des noms des 28 pendus, les membres des deux cadres et leurs invités ont écouté diverses interventions.
Dans une brève déclaration, le président du CCVE, Rachid Ly a rappelé qu’il est de tradition depuis des années que les organisations de défense des victimes et rescapés du passif humanitaire organisent des prières pour le repos des martyrs d’Inal et font le point sur leur combat pour le règlement définitif et consensuel de ce douloureux dossier. Après avoir souhaité qu’Allah exauce les prières formulées ce matin, Rachid a déploré les lenteurs constatées depuis que le président de la République a manifesté la volonté de trouver une solution consensuelle et définitive avec les principaux intéressés. Un sentiment partagé par son collègue de la CCRM, N’Gaidé Aliou Moctar. En effet, malgré la mise en place de commissions de l’Etat et des organisations, la rédaction d’une feuille de route, le dossier patine surtout depuis qu’il a atterri au commissariat aux droits de l’homme. Les organisations courent derrière des réunions pour faire avancer le dossier. “Les concertations entre nous et l’Etat n’ont produit aucun fruit”, déplore M. N’Gaidé. Les deux cadres ont exprimé leur préoccupation face à cette espèce d’enlisement du dossier malgré tout le travail abattu sous Kane Ousmane : élaboration d’une feuille de route, mise en place de commissions aussi bien par le pouvoir que par les organisations de défense des victimes et rescapés….
Prenant la parole, l’ex-député de Boghé, N’Gaidé Abderrahmane, un des artisans du rapprochement entre les associations et le président de la République par l’entremise de l’ex-ministre Kane Ousmane, a tenu à rassurer les organisations de défense des victimes des évènements de 86 -91. Pour M. N’Gaidé, “le président de la République est plus que déterminé aujourd’hui, plus qu’hier à trouver une solution définitive à ce dossier qui touche l’ensemble des mauritaniens. Ce dossier n’est pas ethnique, il concerne l’unité nationale et la cohésion du pays, ceux qui sont chargés par le président de la République y travaillent d’arrache pied, je vous l’assure, il ne va tarder à évoluer les prochains jours.“ La signature du pacte républicain entre le parti INSAF et d’autres formations politiques comme le RFD et l’UFP vient donner un coup de fouet à cette volonté de trouver les problèmes touchant l’unité nationale et la cohésion sociale, a-t-il signalé. Il a enfin invité les organisations à rester sereines, à dépasser leurs divergences, à parler d’une seule voix pour faciliter la tâche au gouvernement de la République afin de parvenir à une solution consensuelle, utile et salvatrice pour toute la Mauritanie.
M. Dialllo Daouda Samba, autre facilitateur et président de l’Association Tabital Pulaagu Mauritanie, après avoir expliqué l’impérieuse nécessité de régler le problème du passif humanitaire à travers une solution concertée a fait savoir qu’il n’est ni communautaire, ni politique, qu’il a touché tous les mauritaniens. Il a salué la disponibilité des organisations et leur détermination, puis les a invitées à unir leurs rangs pour atteindre leur objectif. Diallo a été le principal artisan de la rédaction de la feuille de route consensuelle soumise au gouvernement.
Enfin, pour sa part, Mme Lala Aicha, membre de la société civile, a déploré les divisions des organisations de défense des victimes et rescapés, elle les a ensuite invitées à bannir les scissions observées au sein des victimes car elles compromettent leur combat légitime. Tirant les leçons des tentatives précédentes de trouver des solutions au passif humanitaire, elle a mis en garde les intéressés contre l’argent. “Restez dignes car il s’agit là d’une question de droits, non de l’argent, même si au bout, vous pouvez réclamer des réparations”, dira-t-elle.
La cérémonie de lecture du Saint Coran s’est déroulée en présence d’une délégation de l’UFP comprenant l’ex-député Khalilou Deddé et Maréga Baba, venus apporter leur soutien aux victimes. L’ex-député a tenu à préciser que “ce qui s’est passé en Mauritanie en 1989 est un véritable malheur pour le pays et que par conséquent, tous les mauritaniens doivent s’unir pour trouver une solution consensuelle et définitive.”
Elle était jeune, dans la fleur de l’âge. Issue d’un milieu conservateur, étudiante en deuxième d’université, elle s’apprêtait à convoler en justes noces.