Il a tiré à sa fin. Enfin, serait-on tenté de dire. Le procès d’Ould Abdel Aziz et ses douze co-accusés est entré dans sa dernière ligne droite depuis le jeudi dernier. Ce jour-là, la cour est entrée en délibération et a statué sans discontinuer jusqu’à l’annonce du verdict ce lundi 4 décembre. Après les plaidoiries des avocats et le réquisitoire du Parquet qui a demandé vingt ans de prison pour le principal inculpé, les accusés ont eu droit à la parole. Le plus attendu était incontestablement Ould Abdel Aziz. Après avoir réclamé en vain d’être jugé par une Haute cour de justice en tant qu’ex-Président, il a fini par faire contre mauvaise fortune bon cœur. Devant une assistance médusée et alors qu’il avait toujours refusé de dévoiler l’origine de son immense fortune, il a affirmé que son successeur lui a remis, juste avant qu’il ne quitte le pouvoir, deux valises remplies de millions d’euros et de dollars, ainsi qu’une cinquantaine de véhicules tout-terrain. Une nouvelle stratégie visant à noyer le poisson ? Une expression qui, selon le dictionnaire, veut dire, au sens figuré, « embrouiller les choses pour escamoter une question ou un objectif ». Pour un coup d’essai, ce fut pour cette fois un coup, non pas de maître, mais d’échec ; MOAA n’ayant avancé la moindre preuve à ce qu’il affirme. Et cela ne justifie toujours pas pour autant l’origine de l’énorme trésor de guerre qu’il amassé en onze ans de pouvoir et dont ces millions d’euros et de dollars – s’ils sont avérés – ne constituent qu’une infime partie. Le remède fut donc pire que le mal. Une conduite que ne lui ont certainement pas conseillée ses avocats. Sauf s’ils veulent le noyer. Comme le poisson. Au sens propre. Et ils n’ont réussi qu’à moitié puisque leur client n’a écopé que de cinq ans de prison mais assortis de la confiscation de tous ses biens ainsi qu’une amende de 50 millions MRU. Un verdict clément vu les charges retenues contre lui. Après un an d’un procès marathon, peut-on dire que la Cour a accouché d’un jugement de Salomon?
Ahmed ould Cheikh
Nos goudrons sont-ils solubles dans l’eau ? La question posée au milieu des années 80 par un chroniqueur dans un article publié par le quotidien Chaab, le seul qui existait à l’époque, et qui lui valut des déboires avec le pouvoir en place, est plus que jamais d’actualité.