
Monsieur le Président, je salue avec une attention particulière et une grande satisfaction votre engagement résolu en faveur des actions visant à améliorer l'enseignement pour le bien de la Nation. Je me réjouis également de constater que le Premier ministre, fin connaisseur des enjeux éducatifs, partage cette vision éclairée. En effet, l'éducation constitue le socle sur lequel repose l'avenir d'une nation et ne peut être traitée avec légèreté ou improvisation.
Figure centrale de cet édifice, l’enseignant n’est pas un simple transmetteur de savoir. Il est, en vérité, l'architecte silencieux de l’avenir, le sculpteur des esprits et des consciences qui façonne, dans l'ombre de sa classe, l’esprit critique des générations futures. Il transmet non seulement des connaissances, mais aussi des valeurs fondamentales qui tissent le lien social : respect, responsabilité, justice. Chaque jour, il s’efforce d’éveiller l’intelligence de ses élèves tout en élevant leur sens moral, leur citoyenneté et leur engagement envers la Patrie.
Malgré la noblesse de cette mission, la place de l'enseignant reste souvent négligée, tant symboliquement que matériellement. Il est inconcevable que celui qui éduque et forme les citoyens de demain soit laissé pour compte, sans la reconnaissance due à l’importance de son travail. Morale et/ou financière, cette sous-estimation fragilise un pilier fondamental de notre société. Comment justifier que cet artisan de l’avenir soit contraint à des conditions de vie précaires, alors qu'il consacre son existence à l’élévation intellectuelle et morale des jeunes générations ?
La rétribution de l’enseignant ne doit pas être perçue comme une simple compensation pour services rendus mais comme une reconnaissance de la valeur inestimable de son travail. Il est impératif qu’il soit respecté, honoré et convenablement rémunéré, afin qu'il puisse accomplir sa mission dans la dignité et la sérénité. Un enseignant respecté et valorisé ne peut que transmettre à ses élèves ces mêmes idéaux de respect de soi et des autres. Cette reconnaissance ne doit cependant pas se limiter aux aspects financiers. Elle doit inclure des conditions de travail propices à l’épanouissement de ses talents pédagogiques, la valorisation de son expertise, avec un soutien indéfectible des institutions et de la société. Protéger la mission de l’enseignant, c’est garantir l’avenir de la Nation.
Valoriser ces gardiens du savoir
Le temps est venu de redonner à l’enseignant la place qui lui revient. Cette reconnaissance ne doit pas se manifester uniquement à travers des discours mais bien à travers des actions concrètes : une rémunération digne, des conditions de travail satisfaisantes et un statut respecté au sein de la société. Car une nation qui sous-estime ou méprise ses enseignants compromet gravement son propre avenir. Il est donc de notre devoir impérieux de valoriser ces gardiens du savoir, ces artisans silencieux du progrès de notre société.
Dans cette optique, il est essentiel de repenser avec discernement les réformes entreprises. Elles doivent être examinées avec rigueur afin de s'assurer qu'elles répondent véritablement aux besoins du secteur éducatif, et non à des logiques de façade. Bien que généreusement financés, les séminaires et ateliers peinent trop souvent à produire des résultats concrets. Bien qu’impressionnantes sur le papier, ces dépenses n’ont que peu d’effet sur l’amélioration tangible des conditions du secteur. Il est donc urgent de concentrer les efforts et les ressources sur des initiatives à fort impact et de rompre avec des pratiques coûteuses et inefficaces.
La révision des réformes doit se fonder sur une analyse pragmatique où chaque dépense et chaque action trouvent une justification claire, appuyée par des résultats concrets et mesurables. Il est temps d’adopter une approche stratégique axée sur l’efficacité réelle plutôt que de se perdre dans des projets de façade. Nous devons privilégier la qualité à la quantité et veiller à ce que chaque enseignant, pilier de notre avenir, soit au cœur de ces réformes, avec une reconnaissance véritable de sa contribution inestimable.
Les réformes doivent être inclusives et équitables, afin que personne ne se sente lésé ou oublié. Leur succès repose sur l’engagement de tous les citoyens et c’est en respectant notre diversité, en la plaçant au centre de ces rénovations, que nous pourrons véritablement transformer notre système éducatif. Ainsi offrirons-nous à notre nation un avenir à la hauteur de ses ambitions. Chaque mauritanien pourra être fier et satisfait de l'enseignement prodigué dans son pays, sans ressentir le besoin d'envoyer ses enfants ailleurs pour une meilleure éducation.
"Le vieux professeur "
Eléya Mohamed