Finalement rien de spécial ne s’est passé. Un gouvernement très ordinaire composé. Un Moulaye parti. Un Yahya arrivé. Que ceux qui pensaient au grand chambardement déchantent. Le tranquille est béni. On ne change pas facilement d’amis. Imaginez, un peu, si vous deviez, un jour, être obligé de remplacer tous vos anciens petits amis. Tout d’un coup. Vos amis qui vous connaissent dans le Bien et dans le Mal. Vos anciens amis qui connaissent vos faiblesses. Ce qui vous fait rire et pleurer. Vos petites combines. Vos petits machins. Vos petites choses. Vos amis qui connaissent vos cachettes. Ce que vous avez. Comment vous l’avez eu. Ce que vous n’avez pas. Comment vous ne l’avez pas eu. Et les quitter, comme ça, tout d’un coup, pour les remplacer par d’autres dont vous ne connaissez strictement rien ? Des autres qui peuvent vous vendre à n’importe qui ? Des autres dont vous ne maîtrisez pas les bouches ? Hé, si celui qui parle est fou, celui qui entend doit être raisonnable. Et puis, qu’est qu’il y a, entre un Mauritanien et un Mauritanien ? Tous les vingt-sept anciens-nouveaux ministres sont des Mauritaniens. Personne ne peut y faire entrer les doigts. Interchangeables à merci. De tous les côtés de la Mauritanie. De toutes ses couleurs. De toutes ses saveurs. C’est l’essentiel. L’important, c’est d’être ministre de quelque chose. De l’Agriculture ou de l’Elevage. Ou ministre de la pluie ou de l’arbre. Eclatement. Nouvelle approche. Ainsi le ministère de l’Education pouvait devenir au moins cinq petits « ministrons » pour caser cinq « ministriens » : un ministère du Cahier, du stylo et des ardoises. Un ministre des Classes, des latrines et des lavabos. Un ministère délégué auprès du ministre des Finances chargé des Bons de caisses, des bulletins et des indemnités. Un ministère des Contractuels et un ministère des Projets et réformes scolaires. Ministère de la Communication ? Bye bye. Le gouvernement ne communique plus. Juste quelqu’un de plus tonitruant pour amplifier et agrandir les éventuelles rencontres des ministres. Et, du coup, plus d’une cinquantaine de textes de loi dépendant de ce défunt ministère attendront, peut-être indéfiniment, dans les tiroirs. La logique ne semble pas avoir joué un grand rôle, dans la composition de la nouvelle équipe. C’est juste, semble-t-il, une affaire de caprices, de copinage et d’humeurs véritablement massacrantes. Les critères qui ont prévalu aux choix de ces ministres, y compris le premier d’entre eux, ne sont pas des plus nets. En tout cas, aucun rapport avec une quelconque assise populaire locale ou de prestations, lors des dernières élections. Sinon le nouveau PM ne serait même pas reconduit ministre. La commune de Djiguenni, dont il est ressortissant, a été remportée, haut la main, par l’opposition. Et ne nous parlez, surtout pas s’il vous plaît – qu’Allah Vous bénisse, Godblessyou, Yarhamoukoumoullah ! – des compétences, expériences et autres homme ou femme qu’il faut à la place où il faut. Sinon, Mint Habib Fatima (une gynécologue) aurait bien pu aller directement à la Santé ! Par exemple : l’envoi de ce vieil administrateur endurci de Diallo Mamadou Bathia à la Défense, au lieu du ministère de l’Intérieur et de la décentralisation, accrédite la thèse de certains analystes de l’extrême : un francophone de la vieille école, dans une institution arabisée, c’est pour que, justement, tout lui passe au-dessus la tête, entre des généraux et des colonels en transformation avancée. Juste un jeu de substitution, sur base de dosage tribal ou régional. Par exemple : faire sortir Ould Maham et faire entrer Ould Mamy. Ismaïl Ould Bedda prend le TGV pour Boutilimit. Le même TGV en ramène Ould Sadegh. Et quand Bekaye Ould Abdel Malek descend, Sidi Ould Salem monte. Un petit jeu, comme ça. Et la vie continue. Ancien gouvernement. Nouveau gouvernement. Nouakchott nage sous quelques deux à trois millimètres de pluie. Ça pue mais c’est bénédiction. Vive le nouveau gouvernement ! Vive le président ! Clap, Clap, Clap. Prochaines élections. Prochain président. Prochain gouvernement. Bonne nuit.
Depuis quelques jours, une affaire secoue la Toile. Tout a commencé lorsque, dans l’émission « Salon de la presse » sur la chaine TTV, Hanevy ould Dahah évoqua le marché de réhabilitation du principal quai du port de Nouadhibou, attribué à un groupement composé de deux sociétés ; l’une mauritanienne et l’autre turque.