Quelles réflexions vous inspirent :
- La victoire inattendue de François Fillon à la primaire de la Droite et du Centre ?
- La défaite inattendue de Juppé, donné vainqueur par tous les sondages ?
- La situation de François Hollande, compte tenu des résultats de cette primaire de la Droite et du Centre ?
1°/ Dr. Mohamed Mahmoud Ould Mah : Comme aux Etats-Unis, où madame Clinton avait été donnée largement gagnante, mais finalement battue ; en France, la primaire de la Droite et du Centre avait apporté elle-aussi, un démenti cinglant aux sondages qui donnaient tous, sans exception, Juppé vainqueur et Fillon troisième dans le meilleur des cas. Un certain nombre de faits ont milité en faveur de Fillon :
- L’impopularité de Nicolas Sarkozy à Droite, et celle de Hollande à Gauche. Les français n’en voulaient plus.
- Son discours plus crédible et son style très calme joints à ses répliques fermes, concises, mais toutes empreintes de respect et de correction l’ont largement servi.
- Son programme très cohérent, surtout dans sa composante économique, loin de toute considération électoraliste et démagogique, nous dirions même impopulaire par endroits (compression de la Fonction Publique sur 5 ans, augmentation de la TVA), laissant le populisme à la Gauche et à l’Extrême Droite. En un mot, un programme de Droite et de Réformes.
Contrairement à Juppé, F. Fillon ne s’était pas trompé de campagne sachant bien que c’est à un électorat de Droite qu’il s’adresse.
En outre, Fillon est un homme propre et fidèle à ses idées : gaulliste d’abord, chiraquien ensuite, il n’a jamais été condamné, ni non plus mis en examen. Il en a d’ailleurs profité pour envoyer à Sarkozy le seul pic au premier tour : «le Général De Gaulle, lui, n’a jamais été mis en examen». N’a-t-il pas déclaré, s’adressant à Sarkozy, quand il était son premier Ministre, «Monsieur Sarkozy n’est pas mon mentor». Outre son programme économique et ses qualités humaines et professionnelles, Fillon a été également servi par ses positions sur deux questions relatives à la politique étrangère de la France : les relations avec la Russie et la lutte contre le terrorisme, prenant ainsi le contre-pied de la position de Juppé, de celle de l’Europe et surtout de celle des démocrates américains, Obama et Hilary Clinton ; un véritable retour à la guerre froide servi par une série de guerres meurtrières, essentiellement dirigées contre des régimes arabes laïcs et progressistes, des guerres financées par les monarchies du Golfe. Ces monarchies, qui ont fait de certains responsables occidentaux, principalement Hollande, des instruments de leur agressivité et de leur obscurantisme, prétendant combattre le terrorisme dans leur propre pays, s’allient à lui en Syrie. Le Président français n’a-t-il pas pris la tête d’une croisade contre la Russie, entrainant avec lui Madame Merkel, au détriment des intérêts allemands et français. Au moment où la France est confrontée à un grand déficit budgétaire, Hollande se permet d’annuler l’achat de deux navires militaires déjà payés par la Russie et rétrocédés à l’Arabie Saoudite. On peut parier, sans risque de se tromper, que Madame Merkel souhaiterait au fond d’elle-même, la victoire d’un François Fillon qui promet d’annuler les sanctions prises par l’Union Européenne contre la Russie. Fillon trouve par ailleurs, que Hollande combat plutôt le Président syrien, qui n’a jamais commis un attentat en France.
2°/ Quant à Juppé, emporté par les sondages, il s’est trompé de campagne ; il a fait une campagne présidentielle de Centre Gauche, alors qu’il s’agit d’une primaire de la Droite et du Centre. Les analystes politiques pensent que 15% des électeurs de cette primaire étaient des électeurs de Gauche qui auraient, pour la plupart, voté Juppé, mais ce dernier aurait perdu, en retour, plus de 15% de l’électorat de Droite, une opération à somme nulle.
Son face-à- face avec Sarkozy, qu’il croyait être le candidat qu’il craint le plus, l’a amené à négliger, voire à sous-estimer au premier tour, Fillon qui le devancera pourtant de plus de 16 points. Se trouvant challenger au 2ème tour, il a fait une campagne tendue que certains de ses soutiens lui ont d’ailleurs reproché.
Se voyant déjà président avant la primaire, Juppé avait commis l’erreur de s’aligner sur la politique étrangère de Madame Clinton dont il ne doute pas de sa victoire : un anti-Poutine insistant en outre sur le départ du Président syrien. Si aux Etats-Unis, la politique étrangère n’influe pas sur une élection présidentielle, il n‘en est pas de même en France. Les électeurs français, de Droite ou de Gauche, sont lassés des discours de Hollande au sujet de la Syrie et de son intransigeance à l’égard de la Russie et de son Président, pensent que voter Juppé, c’est un retour à la case de départ.
En outre, Juppé a tenté maladroitement de se présenter en défenseur de l’Islam, laissant croire que Fillon, au contraire, est anti islamique. Juppé défend un Islam politique, un faux Islam, celui des Selafiste, l’Islam des Wahhabistes, s’identifiant dans son fond et dans sa forme à l’idéologie de l’’EI’’.
Au contraire, la Droite de Fillon est une Droite classique, traditionnelle, une Droite qui prie et qui a toujours vécu en bonne intelligence avec l’Islam ; ce n’est pas la Droite Populiste de l’extrême Droite islamophobe, c’est la Droite du Général de Gaulle, de Chirac, de De Vilepin et de celle de nombreux autres français. La Syrie laïque a toujours fourni au monde un exemple de véritable cohabitation entre les religions et les communautés. Fillon avait raison de le souligner, se présentant ainsi en défenseur des chrétiens d’Orient, ce que tous les autres n’avaient pas fait. C’est précisément pour cette raison qu’on cherche à détruire la Syrie. Ce sont d’abord les frères musulmans qui se sont soulevés contre le régime laïc de Bachar, soutenus par l’Arabie saoudite, Qatar, la Turquie et Israël qui défend un Etat juif ignorant les Palestiniens qui ne le sont pas. Un Etat syrien laïc où cohabitent en bonne intelligence, les différentes religions constitue un rempart contre l’intolérance, le fanatisme, la théocratie et l’obscurantisme.
3°/ S’agissant de Hollande, il préfère attendre pour savoir comment les choses vont évoluer. C’est un homme dit de Gauche qui a fait éclater la Gauche et pratiquer une politique de Droite, s’entourant de deux hommes de Droite : Manuel Valls, comme Premier Ministre et Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, un ‘’bébé banquier’’ qui vient de chez Rothschild ; ils finiront d’ailleurs par le poignarder dans le dos : l’un, Macron, a déjà annoncé sa candidature, l’autre, Valls affiche une ambition de présidentiable. Hollande pense cependant que les socialistes vont le choisir contre leur gré. Il a surpris tout le monde par sa propension à lancer l’armée française dans de nombreux conflits : au Mali, aux frontières du Nigéria et du Niger contre Boko Haram, en République Centrafrique, en Lybie et surtout en Syrie où les bombardiers français et le porte-avions français appuient des troupes françaises au sol dans le Nord de la Syrie, pour diviser celle-ci en mini-cantons, séparés les uns des autres par la destruction des ponts.
François Hollande est-il un homme de Gauche ou plutôt un homme de guerre ? Il constituerait, à n’en pas douter, un bon candidat pour un futur secrétaire général de l’OTAN.
Propos recueillis par AOC