Le Calame : Depuis quelque temps, les usines de fabrication de la farine de poisson (MOCA) défraient la chronique à Nouadhibou. Vous menez une campagne contre les usines qui, selon vous, menacent la santé des populations de notre capitale économique. De quoi s’agit-il exactement et comment se déroule votre combat sur le terrain?
Bellahi Dahane : Effectivement, je suis en train de mener depuis quelque temps une campagne contre les usines de fabrication de la farine de poisson, appelée en langue russe Moca. Ces usines empoisonnent la vie des populations de Nouadhibou et sont un désastre écologique d’une invraisemblable ampleur sur la santé des populations et sur leur environnement. De surcroit, ces populations sont aujourd’hui ruinées pour le seul bénéfice d’un affairisme prodigieusement improductif, stérile pour le développement industriel de la région. Ces usines sont une insulte au droit environnemental saint et une grave et persistante violation des règles environnementales, du droit national et international.
- Pourquoi, en dépit des cris de détresse des lanceurs d’alerte comme vous, le gouvernement se refuse de procéder à la fermeture de ces usines ou du moins de les règlementer ?
-C’est très simple, parce que premièrement ça appartient à des étrangers qui exploitent ces usines. Deuxièmement il y a également des mauritaniens qui se cachent derrière d’autres gens qui ne veulent pas apparaître au grand jour. Malgré les appels de détresse des éminentes personnalités locales, conscientes du danger que représente ces usines, l’Etat ferme les yeux et laisse se perpétuer ce scandale éhonté. Il faut arrêter ce scandale pendant qu’il est encore temps. Aussi enfin parce que ça fait des rentrées importantes d’argent pour la zone franche, pour la douane et pour les exploitants qui, apparemment, ne se préoccupent nullement de la santé des populations alors que cela occasionne des maladies, des lésions et contagions cutanées, des cancers de poumons etc.
-Quelles conséquences peuvent engendrer les nuisances de ces usines de MOCA sur la santé populations riveraines ?
-Ces usines dégagent dans l’air, des odeurs toxiques insupportables et cancérigènes. Et comme vous le savez, il y a des seuils de toxicité qui sont tolérés, mais chez nous, personne ne s’en préoccupe, hélas. Ces odeurs font très mal aux yeux ; moi, j’habite ici, je peux l’attester pour en être une victime. Mais, ni l’Etat, à travers son département de l’environnement, ne se soucie du sort de ces pauvres populations laissées à elles-mêmes. Ce qui préoccupe tout ce beau monde impliqué dans ce scandale, c’est encaisser l’argent, constituer un pôle où travaillent ces usines et en tirer le maximum de profit. Comme je l’ai dit tantôt, ces usines sont un désastre écologique par conséquent affectent gravement l’environnement et détériorent la santé des populations locales. Les odeurs de ces usines occasionnent des cancers des poumons et les malades atteints d’asthme ont, pour certains choisi de quitter la ville à laquelle ils étaient tant attachés. Or il est interdit par la loi de broyer tout le poisson, il faut seulement utiliser les entrailles, et congeler le reste, mais ici, ils prennent le poisson vivant et ils le broient. C’est extrêmement grave pour le pays et pour sa ressource. Ces hommes d’affaires impliqués dans ce scandale doivent prendre conscience du risque qu’ils font courir pour leur pays et prendre des mesures de contrôle draconien au sein de ses usines, sinon, les populations de Nouadhibou vont fuir. Je lance un vibrant appel à l’ensemble de la communauté nationale et internationale pour aider Nouadhibou à stopper ce scandale, ce désastre écologique.
Propos recueillis par DL