La situation qui prévaut au nord du Mali où la reprise des combats entre groupes rebelles et armée malienne, à la mi-mai, est un constat d’échec pour l’Union européenne dans une zone où elle est pourtant présente depuis plus de 50 ans.
La stratégie pacificatrice déployée par l’UE dans la région depuis près de trois ans est un échec pour plusieurs raisons, mais la principale demeure son manque de réactivité devant les signes avant-coureurs. Pourtant, le SEAE (Service européen pour l’action extérieure) était au fait, bien longtemps avant la crise qui a mené au début 2012, à l’instabilité de la région du Sahel.
En 2008, dans son Livre Blanc sur la défense et la sécurité nationales, la France donnait ses premières alertes en soulignant la vulnérabilité et la faiblesse des Etats de la région sahélienne pour lutter contre des rébellions, des trafics de drogue, des flux de migrants illégaux et les dangers des actes de terrorisme. La détérioration de la situation a conduit le Conseil des Affaires étrangères de l’UE à élaborer en octobre 2010 une « Stratégie pour la sécurité et le développement au Sahel » qui sera adoptée neuf mois à peine avant le coup d’Etat de janvier 2012 au Mali.
Le manque de réactivité de l’UE ressort également dans le fait que « la Stratégie pour le Sahel » demeure la base de son action au Mali et au Sahel, malgré l’évolution de la situation politique.L’option retenue consiste à soutenir le développement de la région selon l’hypothèse de la forte relation entre le développement et la sécurité d’une région. Mais les solutions proposées dans les différents axes retenus, à toutes les étapes de la stratégie, semblent inadaptées à cause de la faible inclusion de l’ensemble des acteurs concernés, comme les groupes armés et les populations locales.