BCM-Gate: Ne tirez pas sur les lampistes...!

20 August, 2020 - 01:10

Sur plainte vaseuse de la banque centrale, sept personnes anonymes sont embastillées pour forfaits douteusement dénoncés et élucidés dans l'extrême urgence jusqu'au-boutiste. La seule femme concentre les surenchères publiques : simple caissière. Double lampiste. Pourtant il suffit d'en méditer les statuts fondateurs pour savoir qu'une banque centrale est la forteresse monétaire de tout État souverain sur terre. Braqueurs, terroristes et armées ennemies la sacralisent sous peine de boomerangs sanguinaires. Nerf de toutes les guerres grégaires, l'argent-dieu y oblige toutes ses ouailles planétaires. Alors, tous lampistes? 

Forteresse statutaire 
Dès la section première de son titre premier et avant de définir ses missions (art.2-9), la charte statutaire de la banque centrale scelle son autorité, son indépendance et le pouvoir exclusif du chef de l'Etat et des forces armées qui en décrète, assermente et démet le gouverneur plénipotentiaire et en ‘’sécuriseprotège et escorte les exemptions et privilèges'' de forteresse monétaire (art.100-104): ''Je jure par Allah le Tout Puissant de bien et fidèlement remplir mes fonctions conformément aux lois et règlements et dans l'intérêt supérieur de la Nation ''. Pour en gouverner les incontrôlables organes de contrôles qui ne se réunissent pas en son absence (art.35-36), la bien nommée seconde section l'assiste d'un gouverneur adjoint au sein du saint de ses saints cadres bancaires (art.16). Fidèlement : loi N°2018-034 portant statuts de Banque centrale du 08 août 2018.

Banque d'Alibaba 
Le triumvirat cornaque un édifice labyrinthique dont la dynamique statutaire relève de la mystique monétaire. Conseil général : présidé par le gouverneur commanditaire dont l'adjoint est membre statutaire (art.19-20-21). Deux paires de nonces y sont sanctifiées par le premier ministre et son ministre des affaires financières dont le trésorier général est nonce titulaire. Comité d'audit : internat pour les trois autres nonces ''non exécutifs'' déjà chargés de vingt et une missions statutaires (art.40-47). Conseil politique monétaire: le premier ministre et son ministre des finances y lâchent trois gourous. Le gouverneur y dédouble sa paire statutaire (art.22-23-24). Conseil prudentiel : trois ministres (finances, justice, assurances) consacrent trois titulaires et le gouverneur s'y refait sa paire de lion majoritaire (art. 25-26-27). Un censeur décrété par le chef de l'état et un auditeur externe étoffent l'état-major monétaire dont la secte sacerdotale se décrète et démet par le seul chef d'état militaire (art.35). Banque centrale ou Banque d'Alibaba..? 

Autorités contradictoires 
La version officielle cache mal les vendettas courantes d'un régime militaire. Procès sans fin ni début du putschiste fondateur. Démission du premier gouvernement de son héritier cofondateur : ''contrôle inopiné dans les trois derniers mois d'une caissière qui a reconnu les faits''. Les initiés des liturgies financières crient: ''que non si''. Un parti d'opposition hurle sa colère. Son fondateur fut gouverneur baptiseur et géniteur du fleuron monétaire, ministre des affaires financières et expert du vatican bancaire de la terre entière. Dans la majorité, sa postérité jure : ''contrôles quotidiens. À pire exceptionnel : deux à trois fois hebdomadaires''

Innocence des coupables 
Confrontée à la caissière, l'attachée de la présidence reconnaît certains faits graves d'un récit plus accablant sur le plan judiciaire : '' opérations mobilisant : présidence et gouverneur, directeur de la caisse centrale et directeur de la caisse divisionnaire des devises. Première opération en 2016, le gouverneur somme la rétive caissière de blanchir un magot d'eurobidons à la demande expresse de la présidence : ''eddourouErri-assadhark bel3ajleu''. Le directeur divisionnaire sommant la lampiste de blanchir les magots eurobidons sous pression d'un convoyeur de numéraires. Recyclage en devise de magots échangés contre eurobidons. Vol sous caméras pannées. Corvées d'imprimerie au Musée bancaire''. Comment entendre ce récit sans libérer les lampistes sous contrôle judiciaire : ''pas un faux dollar dans ce récit de l'affaire.'' Martyre du coupable innocent :''quand l'immolée sera questionnée : pour quelle péché elle fut assassinée ?'' (Coran-LXXXI,8).Libérez les lampistes.

 

Cheikh Touré