Le général Dah ould El Mamy, un chevalier qui mérite plus qu’une décoration

7 December, 2020 - 09:36

C’est avec la plus grande modestie, disent tous ceux qui l’ont côtoyé, que le général de division Dah ould Hamadi El Mami a voué sa vie à servir la patrie. Il n'a jamais voulu occuper les devants de la scène. Silencieuse et discrète, sa brillante carrière ne l’a jamais enclin à faire valoir les rôles primordiaux qu'il a joués et les énormes responsabilités qu'il a assumées et assume encore aujourd’hui. Chaque échelon de la Grande Muette qu’il a gravi, il le doit à son mérite, au dévouement et à la compétence- il a bénéficié de plusieurs stages et formations dans de grandes écoles militaires.

Intellectuel autodidacte et grand lecteur, cet officier supérieur est aimé de ses subordonnés qu'il traite avec tous les égards. Veillant à garder toujours son bureau ouvert à quiconque, sans considération de grade, il prend le temps de recevoir et écouter chacun. Et les témoignages du respect et de l'admiration qu’il suscite jusqu’au plus haut de la hiérarchie abondent. On cite notamment son long séjour – plus d'une dizaine d'années – à la gestion du matériel de toute l'armée nationale. Un poste des plus juteux où nombre de ses prédécesseurs se sont notoirement enrichis, Dah en sortit propre et blanc comme neige. Aussi fréquents furent-ils, les contrôles ne lui imputèrent jamais la moindre surfacture ni détournement. Exemple significatif, il exigeait qu’on emmagasinât les pneus usés des véhicules pour éviter toute revente potentiellement préjudiciable à la sécurité routière.

En 2007, il doit interrompre d’importantes études au Maroc : ses chefs ont décidé de lui confier le secteur alors pourri de la Douane. Un domaine « vache-à-lait » pour ses responsables successifs et leurs acolytes, de l'Indépendance à la nomination d'Ould El Mamy. Les immeubles, marchés et villas de luxe, en Mauritanie et à l'étranger, des véritables « pachas » que devinrent ses DG si souvent mués en hommes d'affaires et/ou riches armateurs sont connus de tous. Leurs proches se sont également enrichis sur le dos de l'État, le Trésor public ne recevant au final que des miettes de recettes, fort peu conséquentes au demeurant, tant la corruption et l’opacité prévalaient en ce secteur… avant que Dah ne le prenne en main.

Rigueur et transparence

C’est cependant avec responsabilité et lucidité qu’il entreprit de l’assainir, sans règlements de comptes ni chasse aux sorcières, en y injectant d’abord le sang nouveau dont cette valeureuse institution  avait tant besoin. De jeunes officiers intègres et compétents furent ainsi valorisés. Tout personnel de la douane fut en mesure de recouvrer ses droits, niés depuis belle lurette. On pouvait maintenant en exiger rigueur et transparence dans l'accomplissement de ses tâches. Aucune oppression, aucun droit flétri, par et envers quiconque, fonctionnaire ou citoyen : c’est par un tel comportement exemplaire et assidu que le général acquit sa grande popularité au sein de ses hommes. Il demandait à être informé personnellement par tout celui qui se sentait oppressé afin d’ordonner une enquête et recouvrement des droits, s’ils s’avéraient compromis.

Et de mener parallèlement une lutte sans merci contre les trafics en tout genre. Quoique certains se fissent avec l'aval de personnes fort influentes, il entreprit de les éradiquer tous, un à un. Une politique rapidement fructifère : les recettes grimpèrent jusqu'à atteindre la bagatelle de 280 milliards MRO, plus de la moitié du budget de l'État ! Et Dah n’en continua pas moins de vivre modestement. Il habite aujourd’hui la villa de moyen standing qu’il a fait peu à peu construire. Je défie quiconque de citer un quelconque immeuble, marché ou autre villa qu’il lui appartiendrait, à Nouakchott ou ailleurs. Quelqu’un le saurait-il actionnaire d'une société ou banque ? Qu’il se lève et le proclame à l’opinion. De fait, celle-ci ne connaît Dah que de très loin mais c’est pourtant quasi unanimement qu’elle a témoigné, sur les réseaux sociaux et dans la presse, de l’intégrité morale et du dévouement du général envers son pays, lorsque celui-là fut l’objet d’une tentative de diffamation par un blogueur sans crédibilité.

Ma conclusion sera simple et forte : on doit au général Dah ould El Mamy un colossal amas de recettes au bénéfice du pays. L’accomplissement de cette tâche littéralement herculéenne l’a élevé au rang de chevalier héros de la Nation. Il mérite bien plus qu'une simple décoration.

Salman ould Moctar