Tasiast : Profil d’une promotion

29 September, 2021 - 17:36

C’est un communiqué de la société publié sur le site de Cridem et celui du Calame, le 22 Septembre, qui nous l’apprend : Brahim ould M’Bareck est nommé président de Tasiast Mauritanie Ltd. S.A, avec fonction élargie au titre de président du Conseil d’administration de TLMSA. Saharamédias, Alwiam, Atlas info, Rimnews, Senalioune info, es-Saada, Al Akhbar info, LeCalame, Tiguint info, Newavidh, Lighwarib info, Taghadoumy, tous ces organes de presse se sont arraché l’information pour en faire la Une de l’actualité.

Ce que disait la nouvelle est, de fait, beaucoup plus qu’un simple communiqué officiel distribué par le département de la communication de Tasiast. C’est même le plus grand et heureux événement qu’a connu la Mauritanie depuis son indépendance en 1960. Car c’est la première fois dans l’histoire de notre pays qu’un responsable mauritanien est récompensé par une telle distinction. Elle sort de l’ordinaire en ce qu’une société d’exploitation minière d’envergure confirme son entière confiance à un mauritanien, en laissant son avenir entre ses mains. Pour un évènement, c’en est bien un ; et très grand. Société  canadienne, Kinross Gold Corporation est le poids lourd, le plus lourd même,  de tous les accords qui lient notre pays à des sociétés de l’industrie extractive. C’est la filiale mauritanienne du géant canadien qui est en charge de la mine d’or de Tasiast. Le capital de Tasiast Mauritanie est à 100 % propriété de Kinross Gold Corporation.

 

Tasiast Mauritanie, une société-modèle

Localisée à 300 kilomètres au Nord-est de Nouakchott, cette société a fixé sa fondation sur une réserve d’or estimée à plus de 300 tonnes, soit près de 12.000 onces, une des meilleures teneurs  de ce métal dans le Monde. Même si les évaluations officielles ne tablent que sur 180 tonnes, (près de 6 330 onces), Tasiast Mauritanie se retrouve, avec ses trois mille cinq cents employés permanents auxquels s’ajoutent des occasionnels, à bousculer la SNIM pour prendre la première place de l’offre d’emploi et d’utilisation de la main d’œuvre active.

Au-delà même de ces indicateurs très positifs qui permettent de jauger l’importance stratégique de cette entreprise pour l’économie nationale et pour les valeurs ajoutées propres à renflouer les caisses du Trésor public, cette entreprise donne au pays de très grandes bouffées d’oxygène. Par des résultats mesurables, Tasiast Mauritanie a convaincu la société-mère de faire plus confiance aux entrailles de la terre mauritanienne qu’à celles de Russie, Amérique Latine ou Afrique noire (Ghana)sur lesquelles le géant  minier canadien misait beaucoup auparavant.

La délocalisation des moyens techniques généraux et des ressources humaines de la mine de Chirano au Ghana, pour renforcer les capacités de production de Tasiast Mauritanie, confirme bien que cette société a de beaux jours devant elle. La  mine d’or ghanéenne sur laquelle tous les paris financiers et économiques étaient lancés a vu sa production chuter de 17 % en 2018. C’est la mine mauritanienne, dont l’or se ramasse à la pelle et à ciel ouvert, qui vint à la rescousse de la filiale ghanéenne et sauvait les investissements injectés dans la firme du pays de Kwameh Nkrumah, en relevant sa production de 391.097 onces en 2019 à 406.509  onces en 2020.

Ces performances de la filiale mauritanienne démontrent sa progression en paliers. Et l’on comprend mieux la double promotion du mauritanien Brahim ould M’Bareck. C’est sa bonne gestion, son sens des responsabilités, son honnêteté intellectuelle et morale et ses plans stratégiques d’exploitation qui ont pris le dessus, boosté la production et permis  à la société-mère d’atteindre la vente-record de 2.3 millions d’onces, générant un revenu financier global de 4,2 milliards de dollars, soit une augmentation de  20 % par glissement annuel.

Au 31 Décembre  2020, Kinross  disposait ainsi d’une marge bénéficiaire de 2,8 milliards de dollars. Même si ce montant représente la somme globale des revenus des quatre mines du géant minier dans le Monde, tout porte à croire maintenant que ce pactole financier est constitué en grande partie par les retombées de l’exploitation à ciel ouvert de la généreuse mine des étendues désertiques  de Tasiast. Les Canadiens, les Russes et les Latino-américains le savent bien. Aussi  prient-ils continuellement pour que la petite mine de Tasiast ne baisse pas de performances.

 

Un mauritanien d’exception

Avec cette évidence : si performances il y a, c’est bien à Brahim ould M’Bareck le mauritanien que le mérite revient. Et c’est bien sa vision projetée vers l’avenir qui permit  à Kinross-mère d’obtenir, en Décembre 2019, un financement de 300 millions de dollars auprès de la SFI, filiale de la Banque mondiale, un prêt cautionné par l’Agence Exportation et Développement du Canada, ING Bank et la Société générale. Ce prêt historique était destiné à renforcer les capacités de la filiale en Mauritanie et d’augmenter ses moyens de production.

La confiance placée dans la Société mère Kinross par les bailleurs de fonds, a été surtout justifiée par les succès remportés par la mine de Tasiast, dépassant largement les prévisions sur le plan opérationnel, après l’achèvement des travaux d’expansion du site. Toute cette réussite sentait évidement le parfum de Brahim ould M’Bareck, un petit bout d’homme grand comme trois pommes, très calme, très posé, très intelligent et, surtout, travailleur infatigable.

Mais qui est donc le nouveau président de Tasiast Mauritanie Ltd. S.A ?Qui est ce dirigeant d’entreprise qui évita à la société de tomber dans le piège mortel tendu par l’ex-président Mohamed ould Abdel Aziz ? Avant de grimper de deux échelons d’un coup ? Qui est donc ce mauritanien sur lequel Kinross repose désormais tous ses espoirs pour hausser les productions de toutes ses mines à 2,9 millions d’onces en 2023 ?Quel est ce mauritanien peu connu sorti indemne de toutes les éclaboussures de la décennie Ould Abdel Aziz, sans avoir jamais été impliqué formellement dans des actes de mauvaise gestion ou détournements de deniers publics ? Qui est ce mauritanien, enfin, qui a réussi habilement à jouer à la chèvre et au chou, en faisant restituer à son employeur, par l’État mauritanien, les quarante millions de dollars de manque  à gagner (redevances TVA indues) et su en même temps manœuvrera droitement pour mettre en place un mécanisme permettant à son pays de passer du pourcentage fixe de 3 % (qui était applicable), hérité de gabegie et de mauvaise gestion, à 6,5 % par progression croissante ?

C’est Brahim ould M’Bareck, 59 ans, natif du Tagant – une valeur ajoutée… – maîtrise en sciences  économiques, un cadre qui a gravi tous les échelons de la hiérarchie technique et administrative de la  SNIM avant d’en devenir l’ADG. Et deux fois ministre, de 2011 à 2014 (Agriculture et Développement rural).Tous les espoirs  de Kinross reposent désormais sur les épaules de ce gestionnaire intègre et honnête plus connu au Canada, en Australie,  en Russie, en Amérique Latine et au Ghana que dans son propre pays.

Un tsunami suivi d’un séisme vient de frapper au  sommet des instances dirigeantes de Kinross, le géant minier. Les dégâts sont importants. Andréas Muller, précédemment président de TMLS et vice-président des opérations en Afrique,  et David Hendrix, président directeur général de Tasiast, sortent par la petite porte, poussés par des scandales. Ils ne croiseront pas sur leur chemin Brahim ould M’Bareck qui entre, lui, par la grande, honoré pour ses performances et réussites. La société-mère vient de lui  confier la présidence  de Tasiast-Mauritanie, avec, bonus additionnel,  le titre de président du Conseil d’Administration de TLMSA.

 

Illustre parmi les illustres

Cette distinction qui honore tous les Mauritaniens, le fait rejoindre ceux de nos compatriotes qui ont hissé très haut le drapeau national à l’étranger, par leurs compétences et la confiance placée en eux par des organisations ou des institutions internationales. De ceux-ci, il faut citer, pour la postérité et à titre d’exemple, Gadio Kalidou, brillant avocat qui exerce actuellement ses compétences en qualité de directeur département-pays de la Banque mondiale. Gadio est né à Rindiaw, une petite agglomération forte d’un jardin d’essai expérimental aux environs de Kaédi et célèbre pour ces mangues greffées. Il faut citer aussi le docteur Sidi ould Tah, directeur général de la Banque Arabe pour le Développement Économique en Afrique (BADEA), né à Mederdra, la ville-lumière, Sorbonne de la Mauritanie. Sidi ould Tah est le mauritanien le plus diplômé de ces cinquante dernières années. Ajoutons aussi Ahmedou ould Abdallah, un nomade né dans un coin perdu aux environs d’Aïoun, ancien ministre, ancien  ADG de la SNIM, ancien conseiller du secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, appelé il ya quelques mois par l’OIF pour « baliser » les négociations au Tchad. Plus récemment, le général de division Ely Zaïd ould M’Bareck, un des plus brillants officiers d’Afrique qui vient de prendre ses attaches à la tête des forces groupées de la mission de paix en Centrafrique. Sans oublier Ismaïl ould Cheikh Ahmed, actuel ministre des Affaires étrangères et des mauritaniens de l’étranger qui fut nommé envoyé spécial de l’ONU au Yémen de 2015 à 2018. Ni, enfin, Ousmane Mamoudou Kane, le carnet d’adresses garni de la coopération économique et pivot central de l’actuel gouvernement, qui occupa, avant d’entrer au gouvernement, le prestigieux poste de vice-président de la Banque Africaine de Développement (BAD).

Tout cela pour dire simplement que la nomination de Brahim ould M’Bareck, c’est beaucoup plus qu’une décision de son employeur. Cette nomination est un honneur pour tout le pays et, en premier lieu, pour les trois mille cinq cents employés permanents de Tasiast auxquels il évita, par sa gestion équilibrée, d’être touchés par une compression ou réduction d’effectifs en cette  période de Covid-19 où les virus, mutant à qui mieux mieux, ont fait tousser le fer, l’or, le diamant, la bauxite, l’uranium, le pétrole et le gaz.

Merci à Leïla Bouamatou, ce cadre hi-tech, vrai profil de la bonne gouvernance du 21èmesiècle. Merci à Ahmed ould Sidi Aly le sage et merci à Thiam Djombar, symbole-même de l’honnêteté. La « sagesse » de ces trois l’a emporté. Ils ont validé le bon choix, celui de Brahim ould M’Bareck. C’est la Mauritanie qui a gagné. Qu’ils ont fait gagner et c’est tant mieux. Le pays leur restera éternellement reconnaissant.

Mohamed Chighali

Journaliste indépendant