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13 November, 2021 - 11:33

Deddahi choque et indigne

Des organisations de droits humains, de rescapés des années de braise et diverses personnalités nationales se sont élevés contre les ‘’méprisants propos négationnistes’’ de  Deddahi ould  Abdallahi, ex-directeur  de la Sûreté d’Etat du temps de Maaouya. Une sortie qui a suscité une vague d’indignation à travers tout le pays et à l’étranger. Dans un témoignage intitulé « Deddahi m’a fait sauvagement torturé », Fara Bâ rescapé de la prison-mouroir de Walata, décrit avec minutie l’atrocité qu’il a subie : « J'étais pour ainsi dire dans l'antre du commissaire-prédateur, Deddahi ould Abdallahi, directeur général de la Sûreté de l'État, tortionnaire en chef, ses sbires et son laboratoire macabre. Bras armé du funeste dictateur Moawiya ould  Sid'Ahmed Taya, le maître tortionnaire DOA pouvait infliger à sa guise, à n'importe quel détenu, n’importe quel supplice : privation de sommeil, tortures de la brique, de la fosse septique, du jaguar, etc. ; avec en prime cette matraque omniprésente, sans compter les perpétuelles brimades, insultes et humiliations en tout genre –style : vous êtes à la fois mécréant, juif – et que sais-je encore... »

Fara Bâ qualifie l'interview de DOA : « remplie de mensonges, calomnies, diffamations, aberrations et dénis, c’est l'incarnation absolue de l'indécence, du crétinisme et de l'inhumanité. Véritables péchés contre l'esprit, ses propos m'ont plongé dans une sidération inouïe et la seule façon pour moi de me défaire de cette stupeur est de témoigner ». Membre fondateur des FLAM et du Comité de Soutien aux Détenus Noirs (CSDN) en Septembre-Octobre 1986, président du Collectif des Rescapés Anciens Détenus Politiques Civils Torturés (CRADPOCIT), Fara Oumar Ba affirme haut et fort, comme son ami et non moins frère Oumar Moussa Ba, que Deddahi ould Abdallahi l'a fait sauvagement torturé, ainsi que beaucoup d'autres camarades d'infortune encore en vie : « il ne peut vraiment pas le nier. Enfin, j'ai l'intime conviction que la place de cet homme est devant un tribunal car il doit être jugé pour tortures et crimes contre l'Humanité ».

Pour Ciré Ba, historien et ex-chargé de communication des FLAM, « les propos de monsieur Deddahi ould Abdallahi, ancien directeur de la Sûreté de l'État, ne sont qu’élucubrations, négationnisme raciste et fuite en avant… Ignoble mais utile. Car cette interview peut constituer une pièce à convictions qui pourrait parfaitement remplir son office auprès d’une juridiction. L’homme qui se présente fièrement comme le petit-fils d’un qadi d’Atar pourrait bien devoir un jour répondre de ses forfaits devant d’autres juges ».

« Les scènes de torture avaient quelque chose de jouissif pour le duo satanique Deddahi-Kerrani », soutient Mamadou Bocar Ba, ancien pensionnaire de la prison de Walata et ancien membre des FLAM. Surnommé « l’académicien » par son geôlier, Ba décrit avec force détails les atroces séances de torture « jaguar» subies sur ordre de Deddahi. « Je tiens à apporter mon témoignage sincère sur les conditions atroces de mon arrestation et apporter un démenti formel aux propos mensongers du commissaire tortionnaire Deddahi ould  Abdallahi qui a tenté, dans sa récente interview avec le site Al Fikr, une ultime fuite en avant pour soulager sa mauvaise conscience ».

Dans cette interview-fleuve, l’ex-directeur de la Sureté d’État et ex-commissaire Deddahi Ould Abdallah démentait catégoriquement le recours à la torture dans les enquêtes menées à l’encontre de personnes accusées d’atteinte à la sécurité de l’État. « Je n’étais pas convaincu », y affirme-t-il sans prendre de gants, « de la démarche d’indemnisation prise par le président Ould Taya dans le règlement du dossier du passif humanitaire, dès lors que l’État n’a commis aucun crime ».Qualifiant les FLAM de mouvement « raciste et violent », Deddahi n’y est pas allé du dos de la cuillère pour qualifier la tentative de coup d’État d’Octobre 1987 de « raciste, menée par une organisation secrète avec une aile militaire derrière laquelle se tiennent des étrangers ».Des propos battus en brèche par les concernés.

 

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Ngawlé (Tekane) vaste mobilisation contre l’expropriation

Après Ferrallah (M’Bagne), c’est Ngawlé qui se mobilise contre l’expropriation de leurs domaines d’activités vivrières agricoles et pastorales depuis 1860, au profit d’un homme supposé influent. Ne disposant plus  d’espaces de survie, les habitants de ce village situé à trente kilomètres de Tékane ont clamé leur colère, via sit-in et autres manifestations pacifiques de protestation, réclamant l’arrêt de toute expropriation. Comme à l’accoutumée, l’administration centrale a usé de la force et de l’intimidation pour les contraindre à plier. C’était sans compter sur leur détermination à recouvrer leurs droits. Les paysans détiennent des documents similaires à ceux utilisés par l’administration et la justice pour justifier la propriété des terres d’une catégorie de la population. Et les plaignants de se dire«  déterminés à défendre, au prix même du sacrifice ultime, leur source de revenus, en dépit des nombreuses exactions dont ils ont déjà fait l’objet ».

Une mission d’IRA-Mauritanie a accédé aux lieux et rencontré les villageois.« Le domaine qu’ils exploitent depuis un peu moins de deux siècles » a-t-elle constaté, « et qui représente le seul moyen d’activités et de survie de centaines de familles est en passe d’être confisqué par un homme influent».« Dirigée par le commissaire Mohamed Mahmoud ould El Jarah, la police de Lexeïba a mené deux interventions musclées en trois jours », précise l’organisation abolitionniste, « contre les villageois résistants à l’accaparement de leurs terres. La première expédition punitive, le 2 Novembre, s’est soldée par l’arrestation de huit personnes et internement pendant des heures dans les cachots du commissariat de police. La seconde excursion dans les champs s’est soldée par la rafle de treize personnes adultes dont deux femmes. Les villageois arrêtés sont privés de visites de leurs familles et proches. L’ampleur de l’intervention policière a suscité une véritable terreur chez les villageois qui redoute le retour de la police et s’inquiètent du sort de leurs parents arrêtés.

[…] Le zèle et la promptitude dans l’utilisation de la force publique ainsi que la répression collective et punitive disproportionnée restent malheureusement la réponse unique et automatique aux complaintes et protestations des populations victimes des politiques injustes développées dangereusement par l’axe des féodalités bourgeoises et tribales liguées aux représentants locaux de l’État».