Dans l’air du 28 novembre/par Dr Sidi Mohamed Ould SIDI

1 December, 2021 - 00:12

Dans notre Iguidi terrouzien ou terrouzi, il n’est pas de bon ton de faire part, vox populi, des trophées de guerre, et autres qualités de ses ascendants, ou en l’espèce l’un de ces derniers qui plus est grand père et oncle. Cette tâche revient généralement à des personnes qui la remplissent, traditionnellement, à merveille, tant par l’érudition des uns que par la capacité  et la diversité de transmission orale (prose, poésie) des autres.
    Dans ce contexte de célébration du 61ème anniversaire de l’indépendance nationale, il m’est apparu, tant soit peu et peut-être je ne vous apprends rien me direz-vous, nécessaire de partager avec vous, dans un cadre mémoriel, des témoignages choisis à travers une optique franco-coloniale qui ne font que renforcer, paradoxalement, l’aura militaire et politique dont jouit l’intéressé. Faisant abstraction, pour une fois, des classiques et bien connus témoignages nationaux (détermination à la résistance en dépit de la disproportionnalité entre la logistique militaire des uns et des autres, le théâtre, en bordure de mer, de la confrontation, le choix de la date du 28 novembre comme date de l’indépendance, plus tard, n’est, pour le moins, pas impromptu, etc.)
    A travers l’angle d’appréciation déjà évoqué, l’on citera, chronologiquement, le Général Gouraud (Mauritanie – Adrar : souvenirs d’un africain. Editions Plon, Paris 1945), des textes conventionnels et réglementaires, et des propos de l’intéressé rapportés par Odette du Puigaudeau (Pieds nus à travers la Mauritanie : 1933-1934. Editions Phébus, Paris 1992.)
   Le Général Gouraud (op.cit. page 277 et s.) note : «...Ould Deid qui, de tous les dissidents du sud retirés dans l’Adrar depuis notre arrivée en Mauritanie, était celui qui nous avait fait le plus de mal. Jeune, actif, infatigable, jouissant d’un grand prestige depuis qu’il avait tué Reboul et 12 spahis à Agouichicht [entendez Legouichich]. » Puis, plus tard, en apprenant par télégraphe l’entente entre l’autorité française et Ould Deid, il note, également, que ce télégraphe avait été saboté, par ce dernier, «…vingt ou trente fois dans l’année. Ibidem.»
    Les textes conventionnels et réglementaires ne sont qu’une conséquence de cette entente et dénotent l’évolution du pouvoir temporel local en concomitance avec l’emprise coloniale qui se dessine. Dés la première décennie du siècle passé, il y eut une division du Trarza, en oriental et occidental, telle que précisée par les articles IV de la convention du 10 mai 1910 et celle du 12 septembre 1912 qui se recoupent  en ceci : « …la partie du Trarza occidental, limitée à l’est par la ligne qui suit le marigot de M’Bimou ou de Koundi depuis son embouchure jusqu’au gué de Lemleiga jalonnée ensuite par Sehout El Ma et le puits de Jararya. Au sud la limite du Trarza occidental est formée par le Sénégal et le marigot des maringouins.» Tout ce qui est, bien entendu, en au-delà de ces limites constituait  le Trarza oriental. Il va s’en dire que cette dichotomie territoriale exprimait un partage d’un pouvoir temporel entre les cousins Ahmed Salem Ould Brahim Salem qu’il exerçât sur l’un et celui d’Ahmed Ould Deid sur l’autre.
S’ensuivirent la convention du 12 septembre 1912 relatives aux attributions de ce dernier, la décision numéro 266 du 10 mai 1926 relative aux arrérages accordés à l’émir du Trarza, l’arrêté 364/AP du 11 juillet 1930 nommant toujours la même personne comme émir du Trarza, et l’arrêté 431/AP du 16 juin 1933 du gouvernement des colonies qui abroge les articles 3, 6 et 9 du précédent arrêté dans le but de renforcer le pouvoir politique de l’émir.
        Du Puigaudeau, (op. cit. page 142), exprime son sentiment, tout en soulignant des propos de son interlocuteur, en avance sur leur temps, notamment leur aspect communicationnel et pragmatique : « …une main de chef pour laquelle les ennemis ne comptaient pas plus que ce sable fuyant. Oui, la nçrania parlera selon son cœur et selon la volonté de Dieu, mais qu’elle sache qu’Ould Deid n’a pas besoin de chameaux, ni de moutons, ni d’argent, et qu’il désire seulement qu’elle écrive de bonnes choses pour lui dans les journaux français. »

  

N.B. Dans un entretien télévisé accordé à la chaine Al Mouritanniya, qui paraîtra sous peu, j’ai évoqué le nom du Commandant Gillier et son ouvrage  La pénétration en Mauritanie. C’est un lapsus, il y a lieu, plutôt, de retenir le Général Gouraud dont l’ouvrage a été précité.