Avant qu'il soit trop tard/par Mohamed Salem Elouma Memah

6 January, 2022 - 00:01

Cette année, la pluviométrie a été fortement déficitaire et les pâturages très chétifs. Le gouvernement en a pris la mesure précocement, mais sa réaction opérationnelle tarde à se manifester.
Aucun signe annonciateur n'est venu rassurer les éleveurs, alors que les interventions du genre se caractérisent par l’urgence. Au contraire, on assiste à une montée en flèche des prix des aliments pour bétail, au moment où s'élèvent des cris d'alarme provenant des zones de grande concentration de cheptel.
Nous ne sommes pas à notre premier contact avec la sécheresse et logiquement les plans d'urgence n’ont plus de secret pour nous. L'expérience acquise doit se traduire par la célérité et l’efficacité des programmes d'action. On ne peut pas vanter la place de l'élevage dans l'économie nationale et lui tourner le dos dans l'adversité.
On a parlé d'une mise à contribution des industries locales de traitement des fourrages. Trois risques sont à craindre en pareil cas : que le souci de la quantité l'emporte sur celui de la qualité, que la production demeure en deçà des besoins sur la durée et que les commandes passées avec les usines n’entrainent, par ricochet, un renchérissement de leurs produits sur le marché.
Par le passé, la plupart des plans d'urgence ont généré beaucoup plus d'illusions que de satisfactions. Les financements annoncés sont chaque fois plus importants, mais les résultats sont toujours proportionnellement décevants.
De mémoire d'éleveur, un seul de ces plans avait réellement réussi. Il s'articulait autour de deux axes : assurer l’approvisionnement continu en blé et l'acheminer vers l'ensemble des régions où il était partout vendu à 2 500 ouguiya le sac de 50 kg, décourageant ainsi toute velléité spéculative. Le blé était encore disponible au même prix quand les pluies de l'hivernage commençaient à tomber.
Cette formule n'est pas protégée  par un droit d'auteur et pourrait être librement rééditée, en y apportant les correctifs de mise à jour. De sorte que l'effort d’assistance déployé par l'Etat soit fructueux et visible, au lieu de s'évaporer dans des opérations ostentatoires, sans impact notable sur le terrain.
La performance se mesurant principalement au temps, il y a lieu d’éviter que le combat se termine, alors que nos combattants sont encore en train de s'y préparer.

Mohamed Salem Elouma Memah
Entre-citoyens