Les cinq grands défis auxquels la Mauritanie doit désormais faire face

9 March, 2023 - 08:18

La valeur d’une nation se mesure à l’ampleur et la réalité des résultats émanant des décisions de ses dirigeants. Concrets et visibles, les actes seuls demeurent ; les paroles et les discours s’envolent, sans laisser aucune trace. À cet égard, si la démocratie a été conçue afin de préserver et promouvoir la dignité et les droits fondamentaux de l’individu, assurer la cohésion et la justice sociale, favoriser le développement économique et social, lutter contre la corruption et la misère, garantir la stabilité et le bien-être pour tous, où en est-on en Mauritanie ?

Les défis majeurs auxquels notre pays est actuellement confronté sont, à mon avis, au nombre de cinq : en un, la lutte contre la corruption, un phénomène insidieux et pernicieux qui freine notre marche vers le progrès. Elle porte atteinte à la morale, à la bonne conduite des services publics et à l’État de Droit, soustrayant des ressources indispensables au développement. Elle démolit la confiance et entrave la mise en œuvre des politiques publiques. Pour lutter contre elle avec efficacité, il nous faut bâtir un cadre harmonisé, mettant en synergie tous les acteurs actifs dans la sphère de la gouvernance, œuvrant à rendre celle-ci transparente autour des valeurs de responsabilité et d’intégrité, conformément aux exigences des bailleurs de fonds et à l’aspiration profonde du peuple mauritanien. Je pense que la lutte contre la corruption est un principe actif, un processus et une pratique quotidienne que chaque mauritanien doit apprendre et appliquer, afin de construire une société mauritanienne démocratique et prospère.

 

Transparence et responsabilité

 

Le deuxième défi, c’est l’application à gouverner autrement. Cela nous oblige à bannir les passe-droits, le favoritisme et le trafic d’influence ; c’est mettre l’intérêt public au-dessus de toute autre considération et traiter tous les Mauritaniens avec la même dignité et le même respect. Notre administration doit développer un environnement plus confiant, fait de respect et de transparence pour délivrer un service de qualité aux usagers, sans aucune place à l’arrogance, au règlement de comptes ou à la sollicitation de privilèges et avantages indus. Chaque ministre, chaque secrétaire général, chaque directeur général doit être guidé par le souci de transparence et de responsabilité dans la gestion des affaires publiques et s’engager à restituer aux organes de l’État la plénitude de leurs attributions, en traduisant en actes la vision du régime en place pour une gouvernance transpirante.

Le troisième défi, c’est le dialogue national. Pour que la démocratie soit solide, il est tout aussi impératif que l’obéissance à la Constitution. Cela requiert une véritable implication de tous les acteurs politiques et de la Société civile, afin de discuter toutes les questions avec franchise et sans passion ; notamment l’esclavage et ses séquelles, l’unité nationale, le règlement définitif du passif humanitaire, le renforcement et la consolidation de la cohésion sociale, la justice, l’éducation, la santé et j’en passe. Ainsi la Mauritanie rejoindra-t-elle les pays émergents.

Le quatrième défi, c’est l’unité nationale en actes. Rien ne sera possible sans sa consolidation, sans le développement du sentiment d’appartenir à une nation commune. Notre unité nationale est au cœur du projet d’avenir. Tous les efforts engagés, les actions menées ou envisagées dans la construction du pays  ne parviendront à leur but que si la nation est en cohésion. Plus que jamais, l’État  doit être celui  de tous les Mauritaniens, œuvrant à assurer tous les citoyens sur la transparence et le bon déroulement de la gestion des affaires publiques. Cela nous conduit à proposer une véritable ambition de gouvernement autour d’un seul projet : l’émergence d’une Mauritanie forte de sa diversité culturelle et consciente de son avenir dont l’unité nationale est le seul chemin. Cette nécessité de renforcer celle-ci dans la durée, il faut la vivre dans des pratiques quotidiennes, en vue de répondre journellement aux attentes de la population. Le cinquième défi, c’est l’emploi des jeunes. Leur contribution au développement du pays est indispensable. Il nous faut renforcer le dispositif de leur accompagnement, cibler et développer leurs compétences en fonction des besoins, optimaliser le système éducatif, l’enseignement technique, professionnel et universitaire, améliorer le financement et le soutien aux jeunes chômeurs.

Il est également nécessaire de renforcer notre sécurité nationale, améliorer les conditions de vie des populations et le vivre ensemble. Unissons nos forces pour bâtir la Mauritanie de demain, une Mauritanie prospère et solidaire ! Sans oublier, en tout cela, deux catégories d’impacts décisifs : d’une part ceux de la corruption et de la misère, avec leurs liens directs sur les conditions de vie de la population, la stabilité politique et économique du pays. D’autre part, les impacts des crises économiques, sociales ou sanitaires ainsi que ceux liés aux risques du terrorisme.

 

Cheikh Ahmed Mohamed

Ingénieur

Responsable du bureau d’Études B.E. MEGELEC–NDB

Responsable du service Études et Développement

Établissement portuaire de la Baie du Repos de Nouadhibou