Jets dans l’eau par Ahmed El Béchir

7 September, 2023 - 16:50

1. «L’écriture engagée, une périlleuse activité…»

 Je viens vers vous aujourd'hui, sans aucun préavis, comme à mon accoutumée, pour disgresser un peu sur des questions de l’heure. Aussi, comme d’habitude, c’est toujours un appel du cœur que je vais essayer de vous sortir, qui suivrait certainement, les autres appels antérieurs, qui ont à peine bénéficié d’un petit survol indiffèrent de curiosité.

Je viens vers vous pour écrire, une énième fois encore, tout en étant conscient qu'écrire est une périlleuse entreprise. En effet, dévoiler son for intérieur avec des mots écrits indeliblement, en vue de le décharger d’un mal-être oppressant, n’est pas aussi anodin qu’on le croit. Dans certains cas, il expose à des ingérences et à des interprétations inopportunes, qu’on aurait pu s’épargner ; et dans d’autres, l’écriture peut nous faire tache d’huile pour longtemps, elle, dont la pérennité est devenue dans notre subconscient, une réalité à cause de certains noms qui ont su l'apprivoiser ; risquant alors, à s’y méprendre de nous coller définitivement au dos, des indélicatesses, qui pourraient bien nous échapper, par ignorance ou par inadvertance. Cela est d'autant plus prévisible puisqu’on troque facilement, mille bonnes qualités des choses contre le plus anodin des vices retrouvé ! Et d'ailleurs, n’est-ce pas qu’on ne mûrit jamais assez…?

2. «Un sentiment de chagrin national quoiqu'apaisé…»

 Je vais donc essayer d’arborer ici, quelque peu, un sentiment de chagrin pour mon pays. J’ai, en effet, un réel sentiment de chagrin pour celui-ci, qui me serre sérieusement le cœur ces jours-ci. Bien que, j'ai toujours eu l'impression d’en être épris depuis bien longtemps, aujourd'hui c'est soit que les choses ont connu une réelle et sérieuse dégradation ; soit, c'est moi, qui prenant de l’âge, découvre enfin, leur vrai état de délabrement. Quoiqu’il en soit, je n’exagérerai pas dans mon sentiment.

J’ai en effet, pris l’habitude depuis quelque temps, de tempérer mes positions. J'ai compris en effet, que tout est relatif dans la vie et rien n’y est parfaitement tranché, depuis que j'ai compris que notre entendement, c’est-à-dire, la logique qui fait nos interconnexions, n’est en réalité, dans son ensemble, qu’un dégradé des antinomies. Oui, presque tous les détails de cet entendement, sont porteurs de cette caractéristique. C’est à peu près, par exemple, le cas des couleurs que nous voyons tous les jours, qui ne sont qu’un produit de réflexion d’un filtrat de deux couleurs opposées : le sans couleur, le noir et le tous couleurs, le blanc. C’est aussi le cas à peu près, de notre phénotype qui contient toujours une petite portion de son opposé.

Par ailleurs, ceux parmi nous, qui sont réputés bons, ne sont-ils pas parfois un peu mauvais ? Et vice-versa ; et l'allure de notre marche dans l'Histoire, n'est-elle pas définie par l’acceptation des certaines hypothèses dont les contraires sont aussi vraisemblables…

 De toutes les façons, pour toutes ces raisons, et à cause de la complexité de notre monde, je n'affiche plus vraiment une vraie amertume, mais cela n'affectera d'aucune manière que ça soit, mon profond engagement du côté de ceux qui veulent que nous ne marchions plus jamais dans l’histoire, les têtes baissées….

3. «Le sens de la responsabilité appelle à un état de veille optimale...»

 Il faut dire que nous faisons partie, d’un noble et généreux ensemble, qui a donné à l’Histoire, au-delà de toutes ces acquis matériels et techniques modifiant l’apparat de notre habitat, et modifiant aussi, notre propre comportement, des lettres de noblesses en matière de culture et des pensées humaines pleines de sagesse et de méditation. Ils sont ainsi, nombreux ces femmes et hommes qui ont été, en guise de reconnaissance, universellement immortalisés pour cela. Leurs chefs-œuvres, sont de surcroît, une sorte de profonde imploraison de la part de la création que nous sommes envers notre unique créateur omniprésent. Une sorte de grande prière astronomique, à la mesure de ce grand univers qui nous abrite.

 Cette noble création, qui est retrouvée dans l’humanité dans sa globalité, est aussi présente dans chaque entité étatique citoyenne accomplie, quoique soit son volume et où que soit son emplacement. D’ailleurs son existence est indispensable car chaque peuple a besoin de ce genre de création, pour pouvoir rêver et espérer... pour pouvoir aller de l'avant. C’est donc, une création qui fait office de pivot, attirant autour de lui tous les citoyens épris d’amour pour la vie.

Ainsi donc, à l’instar de toutes les autres entités du monde, nous aussi, nous avons dans notre désert, notre Socrate, notre Van Gogh, notre Mozart et notre Spielberg. Je fais exprès de ne pas citer des noms de chez nous qui sont nombreux, de crainte de vexer certains. Mais seulement, et pour ne pas vous laisser sur une faim totale ; je vais profiter de ce passage pour rendre un hommage à Abderrahmane Sissakho qui est une icône universelle du 7ème art et qui vient de chez nous.

 Idéalement, une humanité d’une telle qualité, porteuse de ce genre des rêves, même dans notre Aoukar éventé, mérite une réelle politique émancipatrice et protectrice de son projet citoyen avec une gestion bien attentionnée pour que personne ne soit oublié en son sein.  Car, figurez-vous que chaque individu est un génie, si on sait s’en prendre correctement et une douloureuse perte, si on s’en prend avec mégarde... Seulement je crains que cette politique ne soit que de l’ordre de l’utopie pour le moment et que nous n'avons qu'à nous soumettre pour un moment encore à notre situation qui est évidemment elle de l’ordre du lamentable. Sans pour autant vouloir nous disculper de cette situation quasiment inextricable, je pense que la plus grande part de responsabilité reviendrai aux erreurs d’un système transfrontalier et même ‘trans-séculaire’ purement machiavélique.

En témoignent à notre triste état, ces nombreux blessés de la vie qui font notre atmosphère sociale... ces mendiants, qui peuplent nos grandes artères et ces innombrables femmes et hommes démunis de tout, vivant miraculeusement chez eux sans coup férir. De ces blessés de la vie, j'aimerais bien vous parler de deux personnes.

Khadija est la première. Elle serait sûrement aujourd’hui une grande personne si elle était née sous d’autres cieux plus cléments que le nôtre, en fait partie. Je l’ai connue sur les bancs de l’école et je l'ai connue par la suite, sur la scène culturelle et intellectuelle quand on faisait partie de la jeunesse qui animait les centres culturels de la capitale. Elle était vraiment bien imbibée de vie et pleine d’énergie. En classe, elle était toujours la première à lever le doigt pour répondre aux questions de nos enseignants et plus tard quand elle a grandi un peu, elle s’est mise à jouer sur les scènes des théâtres – une activité mal vue par la société, qu’elle s’est choisie pour marquer son affranchie des tares si nombreuses de notre société – où, elle jouait merveilleusement, comme une ballerine russe, sous son voile bien coloré. Je revois encore, plusieurs décennies après, cet acte où elle martelait avec force le plancher de la scène comme pour dire : "dans ce vent j'existe et j’existerai toujours dignement" et où elle tendait délicatement ses bras, vers l’avant, avec un regard fixé vers l’horizon, comme pour dire : "mon avenir ? Il sera bien glorieux !" C’était dans les années 80s du siècle dernier. Je revois encore aussi, ses participations sur les tribunes des débats et conférences avec lesquels nous avions compté émanciper notre communauté majoritairement nomade…

Khadija était ainsi avant, car sa réalité sera autre. L'austérité et les duretés de la vie seront malheureusement ses vrais compagnons sur cette terre. Elle connaitra rapidement le divorce et élèvera ses trois enfants dans une pitoyable précarité où faim et maladie feront ravage. Elle tiendra, grâce à la solidarité de certains cousins lointains. Elle affichera toujours cet agréable sourire qui cache la profonde douleur des gens bien élevées.

 Mohamed est le second vécu que j'aimerais porter à votre niveau. C'est un exemple différent du premier. Il s'agit d'un enseignant des mathématiques bien honnête qui se plie continuellement pour arriver à nourrir sa petite famille avec son maigre salaire qui est malgré cela, confronté a un problème beaucoup plus sérieux. Ces vraies dépenses semblent commencer là où se terminent ses obligations nourricières. Il ne peut se passer un mois, sans qu’un mouton ne soit envoyé quelque part pour protéger son honneur, et un trimestre, sans qu’une fête onéreuse ne vienne ébranler son existence… quant aux dépenses concernant la solidarité avec les malades de la tribu, ou en rapport avec des cadeaux pour des nouvelles familles constituées ou pour des nouvelles naissances, c’est chose fréquente.

Or tout le monde sait que Mohamed n’a qu’un maigre salaire et tout le monde semble faire fi de ce détail ô combien important.

Sa situation est alors, à tout point d’égard, insupportable. Sa soumission aux coutumes et us de sa société est synonyme de famine dans son foyer et son refus de se soumettre à ces coutumes, est synonyme de suicide social, non moins grave.

Je présume d'ailleurs, que parce que, versé dans le respect de la vie et attendant vainement que ce respect lui soit rapidement rendu, il a fini par casser la baraque… sa psyché sera rapidement bouleversée et une atroce démence le conduit subitement la veille d’une grande fête, à un acte qu’il ne fallait absolument jamais faire, emmenant avec lui, femme et enfants. C’était une terrible nuit pour tous les habitants de Arafat… 

 Voila après l'histoire de ce deux personnages qui ont raté leur vie et qui est en réalité l'histoire de tant d'autres parmi nous, il urge, qu’on se ressaisisse pour palier à la déconfiture de notre si belle humanité. Pour que plus jamais un compatriote ne soit laissé au bord de la route...

 

 

4. « L’emprise de la cohue, une grave dérive…»

 Je doute fort qu’on puisse se ressaisir pour notre meilleur épanouissement avec cette ouverture de grande envergure, à laquelle nous n’étions pas préparés. C'est une ouverture commise par les sciences et leurs technologies qui a donné malheureusement, le plein pouvoir à la rue, à ses masses populaires et à sa cohue ; qui font maintenant la pluie et les beaux temps partout ; enfreignant toutes nos lois, méprisant toutes nos règles et piétinant tous nos tabous.

C’est en effet, un torrent déchainé sans conscience pour le présent et sans calculs pour le futur, capable de faire dérailler les trains des sociétés les plus solides du monde, à plus forte raison, ceux des sociétés naissantes telle que la nôtre, aux repères peu consolidés et à la boussole mal ajustée.

 Il est en effet, connu de tous, maintenant, que les masses populaires, même composées d’individus bien instruits et  meme bien canalisées dans un projet national bien défini, sont dans leur ensemble, d'une nature profondément naïve et capricieuse inapte à s’effrayer un chemin sûr dans un monde aussi compliqué et plein d'embûches tel que le nôtre d’aujourd’hui.

Ce constat n'est pas le produit d'une vue de l'esprit, des faits sur le terrain l'ont prouvé aisément. Des pays entiers se sont évaporés à cause de leur naïveté, dans des maléfiques ruses orchestrées par les multinationales. Ce fut le cas surtout des soi-disant révolutions qui sont en réalité artificielles aux noms trompeurs empruntés à  la nature. Telles que la révolution de la brise de l'Est (1989), celle des Roses et des Tulipes (2003 et 2005) et celle du Printemps arabe (2011-...).

En réalité, l'immaturité des masses populaires a été prouvée depuis bien longtemps par des savants de renommée comme le français Gaston Le Bon et le russe Sergueï Tchakhotine. Le dernier a prouvé au début du 20ème siècle, dans un ouvrage sur la subversion, que la maturité d’un groupe d’individus dans son ensemble diminue avec le nombre de celui-ci. Celle d’un groupe d’au plus 5 individus, est égale à son âge moyen. Cette maturité chuterait de 10 ans quand ce groupe atteint 50 individus, de 20 ans quand il atteint 100, et qu’à plus de 5000 individus, elle ne serait plus différente de celle de nos adolescents.

Alors, au lieu de rester passif dans ce vaste champ de désolation où tout semble être permis et où ne poussent que les germes de la discorde et de l'avilissement de notre humanité, ne va-t-il pas de l’intérêt de notre peuple, que les masses soient activement remises à leur véritable place de dénominateur de tous ce qu’il y a, pour faciliter leur bon traitement?

5. «Une intelligence artificielle qui nuit gravement…»

Vous comprenez peut-être maintenant, à ce niveau de cette série des paragraphes, que je tempère une vraie souffrance dans mon for intérieur. Que mon destin qui est tout ce que je suis sur cette terre, est maintenant, à mes yeux, un simple jouet entre les mains d’une cohue infantile déchainée.

 

 On raconte que l’âne a dit un jour, qu’il n’irait jamais au paradis si vraiment les enfants y font ce qu’ils veulent ! C'est a peu près en tous cas, la crainte de cet animal réputé pour sa patience inouïe, qui est maintenant notre dure vécu de tous les jours ; avec nos jeunes impudents, qui se plaisent à jouer avec notre existence entière sur cette terre, arpentant avec aisance, chacun des réseaux sociaux de leur paradis technologique et sautillant avec vivacité et désinvolture d'un domaine à l'autre.

 

 Disons de grâce, à cette jeune élite politique populiste de quel bord qu’elle soit, que le contexte géopolitique actuel est très compliqué ; qu'il faut attendre que ça se décante un peu et surtout qu’ils doivent cesser d’écouter les lointaines voix de la discorde et commencer à regarder avec responsabilité, les dangers menaçants, qui sont en nous actuellement et près de chez nous.

 

Disons à ces jeunes élites intellectuelles et culturelles de notre temps que leur mission dans la vie n’est pas de cueillir le plus des «likes» possibles ou de chercher à entendre uniquement des «eski et wakhyart» de tout venant pour un confort éphémère. Leur mission est plus sérieuse. C’est celle d’aller puiser dans les profondeurs du savoir et des sciences, pour venir enraciner et consolider des fondements solides dont notre pays naissant, a tant besoin.

 

Disons en fin, à ces jeunes adeptes de ce phénomène jusque-là inconnu dans notre société conservatrice appelés fashinistes, utilisant la manipulation de l’image et de la voix qu’offre aisément les technologies qui nous submerge, pour endoctriner notre subconscient avec des nouvelles couleurs proches de celles de l’arc en ciel, qu’ils sont en train de commettre une grave erreur, non seulement, contre eux-mêmes mais et surtout aussi contre nous tous.

 

 Bref, je me plains de tous ces influenceurs creux, que la percée de l’intelligence artificielle est en train de placer sur toute notre destinée : entravant avec arrogance, notre gouvernance… piétinant avec mépris, nos lignes rouges en rapport avec notre identité millénaire et notre religion aux milliards d’adeptes… et profanant scrupuleusement, les dernières demeures de nos chers parents et amis qui nous ont quitté à jamais...

 

 Nous sommes donc hélas dans des paysages bizarres et austères qui nous sont totalement nouveaux où, dorénavant l’Homme fier et valeureux, au discours riche et plaisant, qui nous représentait jusqu’à tout récemment, est maintenant refoulé hélas, dans nos plus lointains souvenirs, à mille années lumières derrière nous. Au point où dire aujourd’hui, par exemple, que le vaillant Ahmed Salem Sidi, mort en 1981, mérite d’avoir une effigie à son honneur dans une bonne place publique de la capitale serait probablement une disgression à peine tolérable…

 

 C’est donc une grave détérioration de nos valeurs qui m’afflige profondément jusqu'à m’interroger sur le devenir de toutes ces leçons de vie qu'auraient dû amasser notre humanité le long de tant des milliers d’années de son histoire.

 

J’ai parfois  chercher à trouver une explication à  cette interrogation en utilisant un raisonnement mathématique utilisant les équations des sommes et des moyennes, mais en vain. L'explication serait plutôt, une mystérieuse ‘bio-équation’, qui aurait une multitude des facteurs limitant et régulant et qui s'annulerait certes, au bout du compte à la plénitude de l’intelligence artificielle, joyau de nos technologies modernes.

 

 Il faut rappeler que la technologie numérique représente la quatrième phase de la révolution industrielle séculaire. Que cette révolution n'est pas sans effets collatéraux parfois graves. C'est elle qui est l'origine des exterminations des populations entières (amérindiens), du pire esclavagisme de masse de toute l’histoire de l’humanité, du déshonorant colonialisme des peuples innocents et des grandes guerres génocidaires de notre civilisation humaine... Nous devrons donc être conscients de cela et avoir à l’esprit, que ce quatrième tournant tout en étant aussi maléfique que ces prédécesseurs peut être une réelle occasion de sortir de ce méchant carcan pour emprunter une nouvelle voie plutôt salvatrice. Des hommes parmi lesquels il y a Koffi Annan, l’ancien secrétaire général des Nations Unis, pensent que notre avenir est dans nos nobles valeurs humaines (Respect, Amour, Justice, Paix…) qui vont nous assurer une réelle solidarité entre toutes nos communautés et une parfaite cohésion de toutes nos composantes sociales.

 

6. «Que vivent notre humanité…»

 Comme vous le voyez donc, les temps sont très difficiles.

Il y a certes une conscience de cela à tous les niveaux qui nécessite qu'on exhorte enfin notre élite nationale, pour qu’elle ait un sursaut à la hauteur de nos difficultés. L'élite dont il s'agit ici est toute particulière. C'est celle qui est réellement responsable et consciente des dangers que nous courons par cette époque de célérité tout-azimut et qui est en mesure d’assurer des garde-fous pour notre projet national.

 

C'est cette élite qui est composée des femmes et des hommes triés sur le volet, travaillant loin des regards, à l’analyse des données vitales de notre projet national et toujours prête à agir par anticipation pour redresser les tangentes, à la moindre déclinaison. Le professionnalisme et l’intelligence de cette élite font d’elle, notre seule arme contre tous nos problèmes causés par la fougue et l’ignominie de nos pauvres gens lancées prematurement dans les arènes de nos questions nationales.

 

 Il ne s’agit donc absolument pas de cette autre classe, beaucoup plus large, beaucoup plus visible, des femmes et d’hommes diplômés des grandes écoles, ayant l’art de savoir conjuguer leurs connaissances apprises pour exercer leurs propres professions, à tous les débats intellectuels de la place devant un public peu averti. A titre illustratif, j’ai assisté, il y a quelques semaines, à une conférence sur une question vitale en rapport avec la marche de notre pays. Quatre conférenciers étaient sur la tribune. Seul le premier intervenant, un historien, m’a semblé aborder la question convenablement mais il s’est même sur le dos les trois autres qui ont discrédité ses propos avant d'aller chacun se ressourcer dans son propre domaine. Le juriste est parti loin dans une diatribe vantant la force des lois suivie de la situation du domaine foncier de la capitale. L’économiste lui a parlé des spéculations dans le domaine des finances islamiques mal exploitées selon lui dans notre pays. L’enseignant, quant à lui, est parti dans une dissertation sur les formes des discours, suivant un canevas bien connu par tous les académiciens. La seule personne qui a voulu rester dans les termes de la conférence a été finalement oublié ; la majorité ayant finalement imposé son propre agenda professionnel. Je suis sorti de cette conférence avec les mains vides...! J'ai eu l'impression en effet d'avoir plutôt assisté à un combat sur la forme du discours et non à une conférence responsable bien et bien conscientes des défis à relever.

 

Ce n'était pas en tout cas, me semble-t-il, l'impression de l’assistance qui paraissait entièrement conquise ; surtout, par le juriste, l’économiste et l’enseignant. Ceux là qui ont bien joué leur rôle de digne représentant de cette dernière large classe d'intellectuels qui n’a dans un versant, d’yeux que pour elle-même et pour son aura et dans l’autre, un pur flair pour les intérêts matériels personnels et autres avantages similaires.  J’avoue qu’en leur présence, je ne peux m'empêcher de penser à ces tournesols dont la fleur lie et délie inlassablement son pédoncule, durant toute son existence, rien que pour continuer de regarder en face le soleil, afin de lui en tirer des profits...

Alors, en attendant une bonne assise de nos vrais intellectuels et une meilleure disposition de nos populations, n’est-il pas plus responsable que chacun, s’en tienne à son domaine d’activité et que notre destin lui, reste une affaire exclusive de ce cercle restreint des femmes et d’hommes, pour lesquels la survie de notre pays et la promotion de nos valeurs sont un réel métier !

 

7. «Et la vie continuera malgré tout…»

 

 Sous ce ciel gris où je vis depuis quelque temps, je me permets souvent de faire quelques précieuses escapades.

 

 Merci par exemple, à ces papillons si mignons qui jouent si bien leur petit ballet dans l'ombrage du jardin fleuri de ma cour, pour me rassurer peut-être, sur la bonne santé de notre précieuse terre nourricière…

 

 Merci également à ces gentils tourtereaux, qui se posent, dans la douceur des premières lueurs de la journée sur ma fenêtre. Venant de je ne sais où... venant en tout cas, me roucouler à l’oreille, que l’univers ne se limite pas uniquement au domaine de mes soucis...

 

 Merci en fin à nos tout-petits mignons enfants, qui nous gratifient allègrement, le temps d'un fou rire innocent, de leur tendre regard, si merveilleux, qu’il nous transporte malgré nous, vers des somptueux mondes où tout est splendeur, bonheur et espoir…

 

 

 

La flamme de la vie ne courbera jamais l’échine…