École républicaine : défis et perspectives

15 November, 2023 - 16:25

Les enfants sont l’avenir de la Nation, où, quand et quelle qu’elle soit. Tous les philosophes et penseurs, depuis l’Antiquité et très certainement bien avant l’invention de l’écriture, se sont intéressés à la formation des jeunes générations. Comment en effet échapper à cette préoccupation, dans la mesure où la pérennité de notre espèce – a fortiori de nos cultures – dépend de l’aptitude des jeunes à prendre le relais des plus âgés, une fois leur tour venu d’assumer la conduite de leur vie ? Impossible.

L’objet du présent article n’est cependant pas de faire l’inventaire des solutions imaginées mais de réfléchir à ce qu’il en est chez nous aujourd’hui. Pour cela, il me semble utile de distinguer deux choses : la formation des jeunes repose sur, d’une part, les connaissances qu’on leur transmet et, d’autre part, les différentes aptitudes comportementales qu’ils acquièrent. On peut aussi analyser la question selon les différents acteurs de la formation : le milieu familial et l’école. Les deux approches sont distinctes. Cela nous conduit vers un troisième point : l’égalité des chances des enfants face au défi de cette nécessaire formation.

Depuis l'annonce de la fondation de l'École républicaine par le président de la République en 2019, la rue mauritanienne discute des mérites de celle-ci que tout le monde attend avec impatience et l’espoir de la voir sortir l'éducation de la misérable réalité où elle s’est abîmée. Au cours des deux dernières décennies, le citoyen n'avait pas perdu définitivement confiance en notre système éducatif public, comme en témoigne encore l'affluence aux portes des écoles.

Cette réalité pose de nombreuses questions aux autorités supérieures chargées d'assurer une éducation distinguée, capable de sortir la nation du retard et de la dépendance envers les autres nations et de consacrer notre spécificité culturelle et civilisationnelle. Fort de ces visions ambitieuses, le président de la République a déclaré que la réforme de l'éducation était le cœur même de son programme électoral. Elle a débuté par une consultation sur les caractéristiques de l'école désirée par la société. Les leaders d'opinion et les acteurs du domaine se sont mis d'accord sur une loi directive en forme de feuille de route pour la réforme à réaliser dans les plus brefs délais.

Elle se poursuit avec la construction de locaux selon des normes techniques garantissant que l'école soit un environnement attrayant et non répulsif pour les apprenants, les enseignants et les parents. Le Président a également annoncé une réévaluation de la profession enseignante avec la participation du spectre syndical, des parents et de certains secteurs gouvernementaux. Ses premiers pas ont commencé par la révision des primes en général et l'établissement de fils reliant la formation d'un professeur principal à celle de professeur des écoles, pour aboutir à la fondation d'un corps de conseillers pédagogiques.

Des réformes et des améliorations sont encore en cours, à commencer par l'augmentation du pourcentage de bénéficiaires du Haj et l'octroi de parcelles de terrain aux enseignants du Nord de Nouakchott. Ce sont certes des points positifs mais il reste beaucoup à faire, comme la fourniture de manuels et d’uniformes scolaires pour tous, l’assurance de la sécurité des écoles et la construction de milliers de chambres et d'institutions aptes à accueillir les enfants de l'École républicaine qui aspire à intégrer tout le monde dans le pays.

 

L’éducation et l’usage du téléphone portable

L’utilisation du téléphone portable dans les écoles par les élèves est devenue un sujet de controverses entre les parents et les enseignants. Ceux qui soutiennent leur emploi disent qu’ils sont nécessaires à la sécurité, en permettant aux enfants de communiquer avec leurs parents et tuteurs. Les opposants soulignent pour leur part qu’ils causent surtout des problèmes, pouvant être utilisés de manière inconvenante, comme tricher aux tests, prendre des photos inappropriées ou jouer à des jeux vidéos plutôt qu’écouter les enseignants. Il ne s’agirait donc pas de les interdire mais tout simplement d’en limiter l’emploi. En mettant en place des politiques empêchant les élèves d'utiliser leur téléphone pendant les heures de classe, en essayant par exemple de brouiller les communications et en utilisant également des logiciels pour surveiller et limiter leur utilisation.

 

Notons ici les six clés de la réussite de l’école républicaine : enseignants hautement qualifiés et choisis en fonction des besoins de l’établissement ; combinaison de pratique et de participation active, en mettant l’accent sur le marché du travail ; importance des activités périscolaires ; pertinence de l’éducation émotionnelle ; système de blocs pour les horaires ; flexibilité pour passer au niveau supérieur.

Pour conclure, trois vraies questions : veut-on former de jeunes adultes capables de penser et de réfléchir à leur devenir, leurs conditions de vie, leurs choix politiques, sociétaux, et j’en passe ? Veut-on une génération d’hommes et de femmes intelligents, aptes à prendre en charge le monde de demain ?  Veut-on s’assurer d’une démocratie saine où tous tentent d’œuvrer, chacun à son niveau, pour le bien commun du pays ? Dans l’affirmatif, l’École républicaine sera une démarche résolue et positive vers l’émergence d’une Mauritanie nouvelle.

 

Cheikh Ahmed ould Mohamed

Ingénieur de pêche