Il ne faut jurer de rien

27 December, 2023 - 00:02

Ces histoires sont véridiques. Toute ressemblance avec des personnes qui existent ou ayant existé n’est évidemment pas fortuite. Il y a quelques mois, le ressortissant d’un pays voisin, gardien de son état, se faufile devant la maison de son ancien employeur, ouvre sa voiture le plus normalement du monde (dont il avait fait une copie des clés en l’absence de son patron) et dérobe 30.000 MRU. Manque de bol : les caméras de surveillance ont capturé son visage et il sera arrêté le même jour. Déféré et écroué, il écope de cinq ans de prison ferme. Un autre, mauritanien celui-là, est arrêté pour avoir volé un téléphone portable. Il sera condamné à deux ans de prison dont six mois fermes. Comparé aux verdicts du procès de la Décennie, on peut parler d’une justice à deux vitesses. Comment peut-on en effet engloutir des milliards, faire main basse sur le domaine public, blanchir des sommes faramineuses, détourner les deniers publics et se voir condamner à des peines insignifiantes au vu des charges qui pèsent sur vous ? Le procès de la Décennie, qui aura tenu en haleine l’opinion publique près de trois ans, aura finalement accouché de n’importe quoi. Certes, il y a encore l’appel qui peut alourdir la peine… tout comme il peut l’alléger ou même acquitter le seul prévenu encore en prison, à savoir l’ex-président Ould Abdel Aziz. En Mauritanie, « il ne faut jurer de rien » mais ce n’est pas rien que la célèbre œuvre d’Alfred de Musset fût... une pièce de théâtre.

 

                                                                                         Ahmed ould Cheikh