Chronique : Entre Nous

9 January, 2024 - 16:00

Entre nous, nous sommes vraiment un peuple d’un million de bizarres. Un peuple qui ne vit que de forfaitures, hypocrisies en tout genre, mensonges à tout va, apologies aux voleurs et aux dilapidateurs, reconversions et recyclages d’hommes et de femmes qui devraient normalement finir sur l’échafaud ... Bref, une communauté rassemblée autour des plus superficielles et plates choses. Que de banalités ! Que de naïvetés ! Un peuple sans relief, un peuple camard, un peuple ridicule. Un peuple sans honte. Un peuple aux valeurs complètement inversées où les plus idiots sont les plus « intelligents » ! Des « élites » ridiculisées par des troubadours, des énergumènes, des chansonniers. Un pays où tout est permis. Un pays où l’on a tout vu, où l’on continue de tout voir. Visitations, conseils hebdomadaires de ministres, mesures individuelles, voyages présidentiels avec des délégations… Infernalement toujours la même chose. Et puis voilà des changements de personnes ! En fait, quasiment les mêmes personnes avec les mêmes connotations. Un cercle vicieux qui ne finit pas de régénérer continuellement les mêmes listes. Mouvements civils, mouvements militaires. Un général qui était à la garde part à la police ou vice-versa. Un autre qui commandait la première ou la cinquième région s’en va à la deuxième ou à la septième. En quoi cela change-t-il quelque chose ? Tout comme un ministre ou une ministre qui se promène depuis 1995 entre les ministères : commerce, santé, éducation, affaires étrangères…. Et puis encore affaires étrangères, éducation, santé, commerce, député, maire, conseiller ou conseillère à la présidence, ministre secrétaire général du gouvernement puis encore ministre du commerce, de la jeunesse ou de l’élevage, ministre de l’agriculture, de la jeunesse et des sports ou encore ministre-délégué. Vraiment, ça donne le tournis. Et chaque fois, ce sont les félicitations puis les consolations puis encore les « refélicitations ». Félicitations pour débarquement. Félicitations pour embarquement. Félicitations pour panne technique. Félicitations pour crash. Félicitations pour emprisonnement. Félicitations pour élargissement. Félicitations dans la vie. Félicitations dans la mort. Félicitations à la retraite et à la mise à la réserve. Embarqués, débarqués, emprisonnés, limogés, disgraciés, retraités : il ne faut surtout rien lâcher, rien minimiser, jamais désespérer. Nous sommes un peuple bizarre qui fait toujours dans les exagérations. Avez-vous entendu ou vu quelqu’un publier sa vie sur tous les toits ? Que serions-nous devenus si ces gens-là (que nous détestons au passage) n’avaient pas eu l’ingéniosité d’inventer les Facebook, Whatsap, Tik-tok, Twitter et je ne sais quoi encore. Priez pour moi, vos dou’as, siou plaît, je sens la fièvre : ridicule. Priez pour moi, je suis en voyage : ridicule. J’ai déjeuné avec du niébé, du riz ou de la bouillie. Ou encore : me voilà au lit, au volant ou à la porte des WC. Pauvres de nous ! Et même notre piètre élite s’y met, en se faisant « panégyriquer » ou « idéaliser », afin de traîner délicatement les herbes sur son généralement peu glorieux passage dans la vie professionnelle, avant de partir à la retraite ou se retrouver « mis à la réserve », c’est selon. Salut !

 

Sneiba El Kory