La fabrication des héros malgré eux: Le risque d’un jeu politique faussé

28 February, 2024 - 07:41

À peine trois mois nous séparent des élections présidentielles. Une vigilance extrême devrait être observée dans tout agissement politique notamment durant cette période.
Le Sénégal à côté est embourbé dans une crise qui ne cesse de se compliquer et de s’approfondir à cause essentiellement d’une accumulation d’agissements mal étudiés comme l’emprisonnement du principal leader de l’opposition après un procès bidon suite à des accusations mal tricotées.
La levée apparemment précipitée de l’immunité parlementaire dont le député Biram Dah Abeid est l’objet à partir d’aujourd’hui suite à une plainte du président de l’UFP Mohamed Ould Maouloud, risque incontestablement d’entacher une préc-ampagne électorale non encore bien étudiée.
Trois parties sont impliquées dans ce possible procès: Biram Dah Abeid, l’UFP et la justice (donc de fait l’Etat mauritanien).
Politiquement parlant, chaque partie espère logiquement tirer profit politique de ce procès si singulier. A priori, on peut pronostiquer sommairement comme suit:
- L’UFP (et son président Maouloud) pourraient bénéficier d’un podium même provisoire pour s’attirer une partie de l’opinion sur elle après un désaveu total des électeurs. Reste à savoir si cette opinion ne porte pas un jugement plutôt négatif sur la façon de faire d’un parti qui s’est toujours voulu intègre et non manipulable.
- l’Etat mauritanien pourrait réussir à neutraliser un candidat encombrant: un agitateur hors normes en la personne de Biram Dah Abeid. Ce serait juste une tentative dont rien ne garantit le succès.
- Quant à Biram Dah Abeid, tout indique qu’en multipliant les provocations ces derniers temps au sein et en dehors du parlement, il cherche désespérément une telle fin: se victimiser via une arrestation ou un harcèlement policier ou judiciaire. C’est comme ça qu’il a pu développer sa personnalité individualiste dans le passé. Je crains fort bien que ce cadeau il est en voie de le recevoir sur un plateau s’il n’est pas d’argent, il se pourrait qu’il soit en or.
En se pressant de s’afficher parmi les amis de l’ex-président Aziz, il entame un nouvelle épisode de son jeu favori: se présenter en véritable martyr fuyant des ennemis impitoyables. Il n’est pas exclu que les amis d’Aziz seraient derrière une telle mise en scène et très probablement les plus grands bénéficiaires.
Et ainsi on continue à fabriquer des espèces de héros à moindre frais et sans beaucoup d’exploits.
 

A S Elmoctar