1er.7 Juillet 1971 & 1er Juillet 2009 : Entrée des jeunes opposants au Bureau politique national du Parti du Peuple & A la suite de l'accord de Dakar, les principales personnalités politiques, toutes candidates à l'élection présidentielle

2 July, 2014 - 03:34

Le 7 Juillet 1971, au terme du 2ème congrès extraordinaire du Parti unique de l’Etat, le Bureau politique national – l’organe dirigeant – voit sa composition – élective – profondément remaniée 1[i] : c’est l’accession de ceux que Moktar Ould Daddah désigne comme « les jeunes cadres » au gouvernement du pays, parmi lesquels deux ne sont pas même membres du Parti. Dès le mois suivant, à la suite de l’élection présidentielle, la formation d’un nouveau gouvernement reflète (le 18 Août) ces participations nouvelles à l’exercice du pouvoir 2[ii] : sur ses seize membres, onze sont de jeunes universitaires, dont quatre seulement faisaient déjà partie du gouvernement précédent 3[iii]. Leur « bête noire », Ahmed Ould Mohamed Salah, quoiqu’élu troisième au Bureau politique national cède la permanence du Parti dont il avait la charge depuis le congrès d’Aioun-El-Atrouss, soit le 4 Juillet 1966, à son successeur au ministère de l’Intérieur : Abdoul Aziz Sall, et est nommé, le 16 Juillet, président de la Cour suprême. Il ne traitera plus pour le Parti que les études politiques, juridiques et administratives.

 

Cette forme d’intégration a été mûrement préparée, en coincidence chronologique avec le traitement laborieux de la très complexe crise syndicale. En session ordinaire du 12 au 15 Mai 1969, le Bureau Politique National élargi pour la première fois aux secrétaires fédéraux décide à la fin de ses travaux d’« organiser des séminaires régionaux au cours des prochains mois, sous la présidence du Secrétaire Général du Parti ». Les modalités en sont convenues en session plus restreinte le 16 Juin suivant. Le cycle de séminaires des cadres régionaux 4[iv] dont le premier se tient à Néma du 5 au 9 Juillet  et le dernier à Rosso, à quelques jours de la première réunion du Conseil national du Parti, qu’il a ainsi préludé. Celui de Nouakchott est l’occasion d’une manifestation explicite et motivée de l’opposition de « jeunes cadres » vis-à-vis du Parti et du régime. Concluant les débats qui se sont prolongés du 6 au 13 Octobre, Moktar Ould Daddah annonce la tenue de séminaires sectoriels et lance un appel « aux jeunes cadres à venir avec nous dans le Parti : leur action à l’intérieur du Parti sera positive, sinon déterminante ».

Débattant du 25 Mars au 1er Avril 1970, en conclusion des séminaires mais seulement pour adopter le plan quadriennal de développement, le Conseil national décide en conclusion la tenue d’un congrès extraordinaire dès Janvier 1971 et la création d’une Commission nationale d’études pour sa préparation. Les  « jeunes cadres » opposants du séminaire de Nouakchott sont conviés à y participer. Leur pression – mais sans publicité – et leur solidarité se maintiennent en effet 5[v]. Le congrès n’aura lieu qu’en Juillet, et c’est alors que sera décidée « la suppression du dualisme Parti-Etat (...) par l'entrée des ministres au Bureau Politique National », recherchée « plus de démocratie dans le mode de désignation des responsables des comités, sections et fédérations », supprimée la démission en blanc et pratiqué le vote secret lequel sera maintenu pour les congrès suivants malgré des vœux en sens contraires.

 

La mise au point de grands paramètres économiques et politiques a précédé le congrès, reporté à deux reprises pour la permettre. Moktar Ould Daddah, encore plus intuitu personae qu’en fonction de son pays, vient d’être élu président en exercice de l’Organisation de l’Unité africaine : 23 Juin, et a initié aussitôt deux démarches collectives panafricaines pour présenter au reste du monde deux causes essentielles, l’éradication des séquelles de la colonisation en Afrique (apartheid sud-africain et maintien du Portugal et de l’Espagne dans leurs territoires d’outre-mer) et le conflit israëlo-arabe spoliant les Palestiniens de leur patrie. L’évolution intérieure s’est marquée d’un accord entre le Gouvernement et l’UNICEMA (Union Nationale des industriels, commerçants et entrepreneurs de Mauritanie, comptant 87 entreprises dont MIFERMA et SOMIMA) pour la mauritanisation des cadres du secteur privé. Le port minéralier vient d’enregistrer un record : l’accueil d’un transport de 1.140.000 tonnes. Mais l’ambiance politique reste tendue : à la suite de manifestations de soutien aux syndicalistes incarcérés, des arrestations sont suivies de verdict de clémence et les quelques quatre cent fonctionnaires révoqués depuis 1967 sont réintégrés. La manière de Moktar Ould Daddah est constante, chaque avancée institutionnelle ou d’indépendance économique et internationale s’accompagne aussitôt d’une ouverture politique, chaque fois totale.

 

La véritable Constitution mauritanienne n’a pas cette appellation, elle n’est pas actuellement pratiquée, mais elle fut inventée pendant les années fondatrices par étapes et selon deux nécessités. La première étant l’unité nationale qui ne fut pas vécue en termes d’ethnicité, de régionalisme, de statuts sociaux ou de tribalisme à éradiquer, mais en amalgame et en compréhension mutuelle des générations et des formations diverses. Essentiellement, la conciliation entre les habitudes mentales héritées du système et de l’emprise de l’administration étrangère, l’administration coloniale française, et les habitudes acquises par les formations notamment universitaires des générations de l’indépendance politique. La seconde étant la connaissance la plus concrète possible, et la plus proche des besoins et des contraintes que vit une population peu nombreuse, éparpillée dans un territoire immense, pauvre de cultures alimentaires et de voies de communication. Ce qui produit une structure et une dialectique, la structure est une direction unique fusionnant administration et débat d’orientation, la dialectique est d’un constant élargissement aux nouveaux venus, c’est-à-dire les générations nouvelles, les opposants, tous considérés comme des apports autant que des ayant-droits. La composition du Bureau politique et les participations croisées au gouvernement et au groupe parlementaire sont donc les variables, constamment mouvementées, des institutions publiques nationales 6[vi]. C’est ce que montre le processus de 1969-1971.

 

******************************

 

 

 Le 1er Juillet 2009, le Conseil constitutionnel publie une liste « provisoire » des candidats 7[vii] à l’élection présidentielle régulèrement anticipée par la démission de l’élu du 25 Mars 2007, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. La liste a été arrêtée la veille et la campagne doit débuter le lendemain et le premier tour avoir lieu le 18 Juillet : la convocation du corps électoral à cette date avait été d’abord annulée pour vice de forme et elle était discutable au fond tant que le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi n’avait pas formellement démissionné. La compétition semble très ouverte 8[viii] au point que les opposants d’origine ou de dernière heure à la participation du putschiste au scrutin présidentiel n’ont pas envisagé une candidature unique contre le général Mohamed Ould Abdel Aziz dès le premier tour. Ceux qui passent pour les possibles tombeurs des militaires dans les urnes : Ahmed Ould Daddah et Messaoud Ould Boulkheir viennent de signer le 30 Juin un accord de désistement réciproque pour le second tour : «  Nous avons signé cet accord parce que nous avons senti le besoin pour l’opposition de rester unie dans la perspective du second tour », déclare le président du R.F.D. et le candidat du F.N.D.D., président de l’Assemblée nationale précise que l’accord avec Ahmed Ould Daddah prévoit aussi un gouvernement d’union nationale, et que – si lui-même est l’élu final – il anticipera aussi les élections parlementaires. Et il y a le « troisième homme », tête nominale de la junte précédente, Ely Ould Mohamed Vall que Mohamed Ould Abdel Aziz a cherché à empêcher la candidature 9[ix]. Trois candidats « ont décidé de ne pas ouvrir leur campagne pour réclamer une juste compensation des dépenses qu’ils ont faites durant la campagne pour la présidentielle du 6 Juin, reportée au 18 Juillet… Aucun candidat ne peut faire deux campagnes successives, surtout quand il s’agit, comme c’est le cas de nos candidats, de dépenses sur fonds propres » 10[x]. Hamidou Baba Kan, vice-président de l’Assemblée nationale et ancien vice-président du R.F.D., Sghaïr Ould M’Bareck, ancien Premier ministre et Ibrahima Moktar Sarr – ce dernier ayant bénéficié de 8% des suffrages au premier tour de 2007 – se rapprochent donc du « groupe de contact international » à ce sujet. Sans succès, ce qui conduit l’ancien proche de Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya à jeter l’éponge le 6 Juillet.

 

L’Union africaine, quoique réintégrant en son sein la Mauritanie, reste plus vigilante que les opposants nationaux au système putschiste : Jean Ping, président de la Commission, doit au Conseil de paix et de sécurité de l’organisation panafricaine « lui rendre régulièrement compte de ‘lévolution de la situation, afin de lui permettre de prendre toute décision qui serait nécessaire, y compris l’imposition de sanctions au cas où des situations nécessitant lur adoption, seraient dûmement constatées ». Le gouvernement de transition adopte le même 1er Juillet la composition d’une nouvelle C.E.N.I. (Commission électorale nationale indépendante). Formée par quinze membres, sept pour la majorité favorable aux putschistes et sept pour les opposants, elle est présidée par Sid’Ahmed Ould Deye, ancien ministre et ancien ambassadeur, sans appartenance politique déclarée. Le 4 Juillet, le ministre de la Communication, Ahmed Ould Ahmed Abd, indique en conférence de presse que « les gouverneurs de régions (quoique nommés antérieurement au gouvernement de transition) seront conviés à jouer leur rôle administratif avec toute la neutralité requise » par le ministère de l’Intérieur, confié à l’opposition. De même, « des discussions sont en cours pour revoir les démembrements locaux de la C.E.N.I. et s’assurer de sa capacité à accompagner l’opération en toute neutralité ». Enfin, le 5, la révision des listes électorales devrait s’achever 11[xi].

 

Tout semble donc clore démocratiquement la crise ouverte par l’immixtion des militaires dans le processus qu’ils avaient pourtant eux-mêmes initié le 3 Août 2005, en mettant fin à vingt-sept ans de régime autoritaire ou d’une « démocratie de façade ». Et toutes les tendances mauritaniennes participent à la médication. Y compris celle qui place les forces armées en ultime recours national – là est la contradiction de la consultation.

Ould Kaïge

Prochaine chronique :

8 Juillet 1965 - confirmation du retrait mauritanien de l’O.C.AM.

&  

 8 Juillet 2009  - bipolarisation de la campagne pour le premier tour de l’élection présidentielle

 

1[i] - Moktar Ould Daddah, secrétaire général

Abdoul Aziz Sall

Ahmed Ould Mohamed Salah

Moktar Ould Haiba

Abdoulaye Baro

Hamdi Ould Mouknass

Sidi Mohamed Ould Abderrahmane

Kane Yahya

Youssouf Koita

El Hacen Ould Saleh

Abdallahi Ould Cheikh

Ahdem Deya Ould Mohamed el Moktar

Taleb Ahmed Ould Dida

Mohamed Ould Khattry Ould Segane

Ahmed Ould Sidi Baba

Sidi Ould Cheikh Abdallahi

Mohamed Ahmed Ould Hamoud

Mohmed El Gaiti Ould Abdel Haye

Abdellahi Salem Ould Ahmed Doua

Ba Alassane

auxquels s'adjoignent de droit les secrétaires fédéraux et ministres alors en place

 

2[ii] - Affaires étrangères : Hamdi Ould Mouknass

Défense nationale : Sidi Mohamed Diagana

Garde des Sceaux, Justice : Maloum Ould Braham

Intérieur : Ahmed Ben Amar

Planification et Recherche : Me Mohamed Ould Cheikh Sidya

Finances : Diaramouna Soumaré

Développement rural : Diop Mamadou Amadou

Développement industriel : Sidi Ould Cheikh Abdallahi

Commerce et Transports : Ahmedou Ould Abdallah

Equipement : Abdallahi Ould Daddah

Culture et Information : Ahmed Ould Sidi Baba

Enseignement technique, Formation des cadres et Enseignement supérieur : Mohammeden Ould Babbah

Enseignement secondaire, Jeunesse et Sports : Ba Mamadou Alassane

Enseignement fondamental et Affaires religieuses : Abdallahi Ould Boye

Fonction publique et Travail : Abdoulaye Baro

Santé et Affaires sociales : Dr. Abdallahi Ould Bah

 

3[iii] - juste avant, le 16 Août, Moktar Ould Haïba, pourtant membre du B.P.N. fraîchement élu et ministre des Finances depuis le 3 Avril 1970, est démis de ses fonctions

 

4[iv] -  le premier se tient du 5 au 9 Juillet 1969, à Néma, pour la 1ère région : Moktar Ould Daddah suggère aux séminaristes de procéder à l’autocritique de tous les responsables politiques et administratifs, y compris lui-même – suivent donc les 6-13 Octobre, le séminaire du district de Nouakchott, puis 14-19 Octobre à Atar, celui de la 7ème région : Moktar Ould Daddah y parle de MIFERMA, de la normalisation avec le Maroc, de la question du Sahara dit espagnol, des sociétés de pêche – les 27-30 Janvier 1970, c’est à Aioun-el-Atrouss, le séminaire des cadres de la 2ème région où il est insisté sur l’application des décisions du Congrès - 1er-7 Mars1970, se tient à Aleg le séminaire de la 5ème région et enfin les 9-13 Mars 1970, à Rosso, celui de la 6ème.

 

5[v] - le 10 Novembre, vingt-et-un jeunes universitaires haut-fonctionnaires signent une lettre personnelle au Président de la République lui demandant d’annuler les mesures de suspension et de révocation prises contre les grévistes ; se déclarent « conscients de notre responsabilité en tant que citoyens face à la crise sociale que connaît actuellement notre pays, mais décidés cependant à ne donner à notre intervention aucun caractère publicitaire »

 

6[vi] - Moktar Ould Daddah, La Mauritanie contre vents et marées (Karthala . Octobre 2003 . 664 pages), pp. 397-399 - J’évoque maintenant ce que nous avons fait au sommet : B.P.N. et gouvernement. Il s’est agi d’un long processus de lutte contre les méfaits du dualisme. Le couronnement de ce processus sera le système de direction nationale décidé par le congrès extraordinaire de Janvier 1978.

Dès la naissance du P.P.M., la direction nationale a senti l’impérieuse nécessité de mobiliser et d’unir les efforts des citoyens en général, des responsables en particulier, ce pour affronter l’immense et lourde tâche de construction nationale. Partant de cette idée force, le B.P.N. et le gouvernement tinrent, en Octobre 66, leur première réunion commune “... pour, précise le communiqué du B.P.N., rechercher les meilleures méthodes pour coordonner l’action du B.P.N. et du gouvernement ...”. Ce fut le début d’un long cheminement qui devait, selon nos prévisions, ralentir d’abord et empêcher ensuite, le développement du dualisme Parti-Etat. A terme et, après une évolution lente, ce processus devait permettre la naissance, à tous les niveaux de responsabilité d’un réel esprit d’équipe dont je ne cessais de parler dans les réunions de toutes les instances du Parti et de l’Etat. Tous les responsables du Parti et de l’Etat doivent prendre une conscience aiguë et permanente de la véritable complémentarité de leurs actions qui visaient, les mêmes buts : la construction nationale, la réalisation de l’unité et du bien être du peuple mauritanien. Tel était le leitmotiv que je répétais inlassablement. Objectifs qui paraissaient irréalisables aux sceptiques dont je ne faisais pas partie, bien sûr !       Poursuivant ses recherches de formules originales tendant à abattre les barrières entre les responsables du Parti et ceux de l’Etat, le B.P.N. décida, en Novembre 1967 que désormais, le responsable de la Permanence du Parti participe, en tant que tel, aux réunions du Conseil des Ministres.          

En Juillet 1968, nouvelle décision du B.P.N. : les réunions communes B.P.N.- gouvernement, jusque là épisodiques, se tiendront dorénavant suivant une périodicité régulière. “... C’est là le meilleur moyen d’instaurer et de renforcer l’esprit d’équipe, condition première du succès ...” précisait le communiqué du B.P.N. Voulant aller toujours de l’avant dans cette voie, le B.P.N. décida, en Avril 1970 qu’“en vue d’assurer une unité d’action plus grande entre le B.P.N. et le gouvernement, les membres du Comité Permanent assisteront désormais aux réunions du Conseil des Ministres”.       

Allant encore plus loin dans le même sens et, toujours dans le but de créer, à tous les niveaux, une véritable symbiose entre toutes les instances du Parti et de l’Etat, le III3ème Congrès extraordinaire décida, en Août 1971 “.... que les Ministres et les Secrétaires Fédéraux deviennent membres de droit du B.P.N. ...”. De la sorte, le B.P.N., organe dirigeant unique du pays devenait une instance large et réellement représentative de l’ensemble de notre peuple. La base y était représentée par les Secrétaires fédéraux, tandis que l’Etat  l’était par les membres du Gouvernement et le Parti par les membres élus dont les Permanents. Et la lutte contre le dualisme et, partant, la recherche de l’unité d’action et de l’esprit d’équipe ne s’arrêtera pas là.

En effet, le IVème Congrès d’Août 1975 accentua encore davantage l’articulation des directions nationales du Parti et de l’Etat qu’étaient le B.P.N. et le Gouvernement. Comment ? En optant pour un B.P.N. restreint de huit membres. Chacun de ces derniers devenait Ministre d’Etat coordonnant les activités d’un super Ministère d’Etat regroupant trois ou quatre départements ministériels appartenant au même secteur d’activité ou des secteurs voisins : seul le Ministère d’Etat aux Affaires Etrangères ne comprenait qu’un seul département ministériel. Le huitième membre de ce B.P.N. devait devenir le président de l’Assemblée Nationale.

. . .

Cette réforme profonde des structures devait, d’une part, atténuer sinon faire disparaître le dualisme Parti-Etat et, d’autre part, dynamiser l’Administration en permettant une réelle coordination et une plus grande efficacité dans chaque secteur.           Si la réforme a atténué les méfaits du dualisme au sommet, par contre, elle n’a pas amélioré la cohésion et l’efficacité gouvernementales et administratives, décevant ainsi mes espoirs dans ce domaine. Constatant l’échec de cette expérience, nous dûmes revenir à un B.P.N. classique. Mais, ce faisant, nous avons cherché une formule qui en fît un B.P.N. réellement représentatif de toutes les couches de notre population, de toutes les forces vives de la Nation. Ce sera le B.P.N. qu’élira le Congrès extraordinaire du 25 Janvier 1978, suivant les propositions que je lui ai faites dans la communication tenant lieu de rapport moral que j’ai présentée devant lui.

Je reproduis ci-dessous les extraits de cette communication justifiant, l’élargissement du nouveau B.P.N. “... Il est proposé l’élargissement du B.P.N. à la fois par l’accroissement du nombre de membres élus qui doivent passer de huit à seize et par l’introduction des membres de droit. Ces membres de droit seraient : le Président de l’Assemblée Nationale, les Ministres, le Président du Conseil Supérieur des Jeunes, la Présidente du Conseil Supérieur des Femmes, le Secrétaire Général de l’U.T.M. et le Président de la Confédération des Employeurs et Artisans de Mauritanie.    

Cette proposition appelle un certain nombre d’observations.      

Premièrement, l’ancienne composition avait sa logique dans la structure sectorielle qui devait être mise en place à la suite du 4ème Congrès Ordinaire. Or, cette structure s’est révélée inefficace et a été modifiée, au mois d’Août 1977 pour des raisons que j’ai évoquées à l’occasion de la dernière session du Conseil National.

Deuxièmement et surtout, la pratique a révélé que la connaissance la plus approfondie des problèmes de nos populations et de leurs aspirations, qui impose l’exigence de démocratie, nécessite une plus large participation, et donc l’élargissement de la direction nationale du Parti.           

Troisièmement, l’élargissement vise à responsabiliser davantage les membres du Gouvernement non membres élus du B.P.N. et à donner plus de cohésion et d’efficacité au Gouvernement.    

Quatrièmement, l’élargissement vise à associer pleinement les premiers responsables des Mouvements Nationaux du Parti à la prise de décisions importantes, car ils ont la responsabilité essentielle de concourir à l’application correcte de ces décisions.  

Cinquièmement, bien que la Confédération des Employeurs et Artisans de Mauritanie ne soit pas un Mouvement National, elle est une organisation représentant une large frange de ceux qui concourent à la vie économique et sociale du pays, et dont tous les membres sont individuellement des membres du Parti, mais qui s’est, d’autre part, intégrée comme telle au sein du Parti et, est, enfin représentée en tant que telle au Conseil National...

Ce B.P.N., issu du Congrès extraordinaire de Janvier 1978, était réellement représentatif de toutes les sensibilités du peuple Mauritanien.

 

7[vii] - * déjà candidats à l’élection présidentielle, si elle s’était tenue le 6 Juin

1 - Mohamed Ould Abdel Aziz * – général démissionnaire, président du Haut Conseil d’Etat de la junte putschiste d’Août 2008 à Avril 2009, organisateur de la garde prétorienne présidentielle en 1986-1987
2 - Kane Hamidou Baba * – vice-président dissident du RFD
3 - Ibrahima Moktar Sarr * – personnalité de la vallée du Fleuve, poète emprisonné à Oualata à la suite des rafles ayant suivi l’avortement (ou le soupçon) de putsch découvert en Octobre 1987, président du parti l'Alliance pour la Justice et la Démocratie/ Mouvement du Renouveau (AJD/MR);
4 - Sghair Ould M'Bareck * – Premier ministre d’Ould Taya à la suite du putsch manqué de Juin 2003, en congé de ses fonctions de médiateur de la République ; il renonce le 8 Juillet en faveur de Mohamed Ould Abdel Aziz
5 - Ahmed Ould Mohameden Ould Daddah – demi-frère du président-fondateur  Moktar Ould Daddah (1957-1978), négociateur de la révision des accords de coopération avec la France et premier gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie en 1973, ministre des Finances en 1978, principal candidat d’opposition aux premières élections présidentielles pluralistes en Janvier 1992, président de l’Union des forces démocratiques-Ere nouvelle en Juin 1992, puis du Rassemblement des forces démocratiques, institué chef de file de l’opposition démocratique en Avril 2007
6 - Mohamed Jemil Ould Mansour – président du parti Tawasoul (islamiste), ayant fait partie de la coalition du FNDD
7 -  Ely Mohamed Vall Eleya – colonel démissionnaire, président du Conseil militaire pour la jusitice et la démocratie d’Août 2005 à Avril 2007
8 -  Messaoud Ould Boulkheir – co-fondateur du mouvement El Hor en Mars 1978, ministre du Développement rural Décembre 1984 à Mars 1988 d’Ould Taya, co-fondateur du Front démocatique uni des forces de changement Juin 1991 donnant naissance à l’Union des forces démocratiques UFD en Octobre 1991, président d’Action pour le changement AC Août 1995, président de l’Alliance progresiste populaire APP, président de l’Assemblée nationale depuis Avril 2007
9 -  Hamady Ould Meimou – administrateur sous Ould Taya, originaire du sud-est réputé réservoir électoral
10 - Saleh Ould Mohamed Ould Hanena – ex-commandant, chef des « cavaliers du Changement », auteurs de la tentative de putsch contre Maaouyia Ould Sid’Amed Taya les 7-8 Juin 2003 – rallié au putsch du 6 Août 2008.

 

8[viii] - sondage publié par « Eclairage et Evaluation de l’Opinion », et effectué le 10 Juillet 2009:

Ely Ould Mohamed Vall : 24%

Ahmed Ould Daddah : 20%

Messaoud Ould Boulkheir : 19%

Mohamed Ould Abdel Aziz : 16%

Mohamed Jemil Mansour : 10%

Sarr Ibrahima Moctar : 4%

Saleh Ould Hanenna : 3%

Hamadi Ould Meimou : 2,5%

Kane Hamidou Baba : 1,5%

ne se prononcent pas : 1%

 

9[ix] - selon Taqadoumy . 7 Juillet 2009  - Le Général Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed Ghazouani, Chef d'Etat-major de l'Armée nationale et président du Conseil supérieur de la défense nationale (ex-Haut Conseil d'Etat) a présenté ses excuses, au candidat Ely Ould Mohamed Vall, pour avoir tenté d'invalider sa candidature.

Ould Ghazouani a admis une confusion, due à la pression "d'en haut", afin d'impliquer l'armée dans un jeu politique hors de portée des militaires. Il n'a toutefois pas précisé le non-dit de son propos.

Dans un courrier manuscrit, adressé au Conseil constitutionnel (CC) puis au ministère de la défense nationale, Ould Ghazouani aurait émis des réserves sur la validité de la candidature de Ould Mohamed Vall, au motif de son appartenance à l'Armée. Or, ce dernier avait démissionné.

Le CC a rejeté la demande, au motif d'un vice de forme. En effet, seul un candidat à la présidentielle peut déposer une telle demande.

C'est ainsi que Hamidou Baba Kane a déposé un recours dans le même sens que Ould Ghazouani mais finalement la candidature de Ould Mohamed Vall sera autorisée.

 

10[x] - Agence France presse Nouakchott, 2 Juillet 2009 – 19 heures 18

 

11[xi] - ibid., 4 Juillet 2009 – 23 heures 34