ProLPRAF : Lutte contre la pauvreté rurale au Hodh El Gharbi et en Assaba

9 April, 2015 - 01:36

Substituer, aux importations en légumes et en poulet de chair, une production locale, pour générer des revenus aux pauvres populations féminines rurales

 

 

À l’instar d’autres régions d’intervention, les deux Hodhs et l’Assaba bénéficient d’importants investissements du  programme de lutte contre la pauvreté en milieu rural par l’appui aux filières (ProLPRAF). Un programme financé par le FIDA, la coopération italienne et le gouvernement mauritanien. Ces investissements sont axés, essentiellement, sur le développement des filières maraîchage, aviculture et les produits forestiers non ligneux (PFNL), dans une première phase,  puis sur ceux des filières peaux, cuirs et viandes rouges.

L’objectif du programme est de développer ces filières pour les substituer, d’une part, aux importations en légumes qui se chiffrent, selon une source recueillie auprès du ministère du Commerce, à  255 500 T/an, et, d’autre part, de la viande blanche qui coûte, au pays, 18 millions de dollars/an. Le développement de telles productions locales assurerait, ainsi, emplois et revenus aux populations rurales des zones arides, principalement aux femmes et aux jeunes. Au cours de la dernière visite dans les deux Hodhs et le département de Kankossa en Assaba, le président de la République a visité certaines des réalisations-phares du programme.

 

Surplus de légumes en Assaba

Les investissements en Assaba ont déjà  porté leurs fruits. En ce concerne la filière maraîchage, un important surplus de légumes a déjà  été enregistré dans les zones de productions du Hodh El Gharbi et de l’Assaba, posant même le problème du transport vers les zones de grande consommation. La localité de Tintane, jadis importatrice de légumes, est devenue, en grande partie, exportatrice, cette année. La ville de Kiffa, qui manquait cruellement de légumes en 2013, s’est retrouvée, en 2014, avec un important surplus de tomates qu’il a fallu  écouler sur d’autres marchés nationaux.

 

Le poulet de chair s’impose

Les poulaillers ont permis, comme le maraîchage, non seulement de lutter contre le chômage en milieu rural par la création d’emplois mais, également, de générer des revenus aux populations féminines rurales pauvres, en moyenne 35 000 UM par ménage. Grâce à sa qualité bio reconnue, la production locale  de poulet de chair est en train  de  convaincre les consommateurs et de s’imposer sur le marché local. Aujourd’hui, nombre de ménages, ainsi que les voyageurs  qui traversent la région, s’arrêtent sur les points de vente pour faire leurs provisions. A Nouakchott, le poulet local est très demandé. Actuellement, le programme négocie une convention de partenariat entre les poulaillers ruraux et les complexes avicoles de Nouakchott, pour permettre d’approvisionner ceux-là  en poussins d’un jour et en aliments de volaille.

 

Des initiatives  en partenariat ciblant tous les acteurs

Les investissements du programme sont octroyés via une plate-forme appelée Groupe de Travail Filière (GTF) impliquant l’ensemble des acteurs : producteurs, commerçants, fournisseurs d’intrants, transporteurs, services appui techniques de l’administration, etc.  Les premières années de mise en œuvre du Fonds d’Appui aux Filières (FAF) ont été marquées par une approche mettant l’accent sur le renforcement de la base productive. Le défi actuel, pour le programme, est le développement de partenariats dynamiques entre acteurs, en vue de mettre en place et renforcer les chaînes d’approvisionnement des marchés nationaux.

A cet effet, le programme s’apprête à lancer, bientôt, des partenariats entre acteurs des filières maraîchage et aviculture, ciblant, notamment, les producteurs ruraux, les transporteurs, les commerçants, les banques, les fournisseurs d’intrants et les services techniques de l’État. Ces partenariats entre divers acteurs devront permettre de régler des problèmes transversaux pour chacune des filières d’intervention, notamment le stockage à froid des produits frais (mise en place de chambres froides, d’unités de transformation de légumes et de produits forestiers, d’unités d’abattage et de conditionnement à froid de la volaille, et de moyens de transport  appropriés pour les différentes filières.

Quelques chiffres

Voici quelques chiffres illustrant les réalisations au Hodh El Gharbi et en Assaba. Dans le Hodh El  Gharbi, les populations ont bénéficié, en matière d’eau, de moyens d’exhaure et d’irrigation, de 14 pompes solaires, 26 GMP, 18 puits, 51 bassins, 15 forages manuels, 10 systèmes goutte-à-goutte, 24 systèmes californiens. 10 212 ml de grillage ont été posés, pour protéger les cultures contre les animaux en divagation. Enfin, les producteurs membres de l’Union des coopératives et de l’Union des Associations  du PGI (Tintane et Aïoun) ont été dotés, lors de la campagne 2013/2014, d’un minibus en contrat leasing. Certains de ces équipements sont achevés, d’autres en cours de livraison. Pour l’aviculture, les populations bénéficiaires ont  vu la réalisation de 2 poulaillers modernes, 9 poulaillers traditionnels, qui ont reçu 1 500 poussins d’un jour, 6 tonnes d’aliment pour volaille, 121 mangeoires et 121 abreuvoirs.

Pour l’Assaba, la filière avicole a reçu d’importants investissements pour 19 poulaillers modernes et un poulailler traditionnel, équipés de 12 650 poulaillers d’un jour, 304 mangeoires et 304 abreuvoirs. Ces poulaillers sont  gérés  par 13  gestionnaires formés  dans le domaine. Outre l’aménagement du périmètre-pilote de Kankossa, le ProLPRAF a octroyé, aux  coopératives bénéficiaires, 15 pompes solaires, 22 GMP,  réalisé 27 puits, 54 bassins et  17 forages manuels, 11 systèmes d’irrigation par goute-à-goutte et 30 par système californien, 14 600 ml de grillage pour la protection des cultures, un minibus, 3 conteneurs de 30 tonnes et un entrepôt, ce qui va faciliter la conservation et le transport des produits.

 

 

 

 

Périmètre-pilote de Kankossa : une expérience porteuse

Lors de sa virée dans le département de Kankossa, le président de la  République a visité le périmètre-pilote de Kankossa. Il s’agit d’aménagements financés, par le ProLPRAF, autour de la mare de Kankossa, portant sur le maraîchage et l’aviculture, au profit de 110 ménages pauvres issus de cinq groupements de coopératives féminines.

En ce qui concerne le maraîchage, le programme finance l’aménagement de 20 hectares pour la culture de la pomme de terre, au profit de 10 groupements de coopératives agricoles  féminines et de producteurs. L’expérience est menée avec le Centre NAtional de Recherche Agronomique et de Développement Agricole (CNARAD A). Outre le nivellement de 20 hectares, il a été réalisé une station de pompage solaire d’une capacité de 2800 m3/j, un système d’irrigation de 1 500 ml de flexible de 200 mm de diamètre pour l’irrigation, 1 100 m de refoulement en pression (PN1O) et la fourniture de 12 tonnes de semence de deux variétés différentes de pommes de terre. Le rendement attendu est de 32T/ha. Le coût du périmètre-pilote de Kankossa s’élève à près de 60  millions d’ouguiyas. L’investissement  dans la filière maraichère s’élève, dans cette région, à quelque 250 millions d’UM.

Pour la filière avicole, Kankossa 1, Kankossa 2 et Kankossa 3 ont bénéficié de la réalisation de cinq poulaillers semi-intensifs, équipés de radiés, mangeoires, abreuvoirs, panneaux solaires et dotés de 3 000 poussins d’un jour, 12 tonnes d’aliments de volaille et d’intrants vétérinaires (vaccins).

Les bénéficiaires ont reçu une formation sur les techniques de l’élevage et un appui sur les techniques de commercialisation et de marketing. Ces investissements profitent à 10 ménages pauvres issus de cinq groupements de coopératives féminines.

 

PFNL en Assaba : un potentiel  important

En raison de la grande concentration de pauvres dans les wilayas du pays (Guidimakha, Assaba, Hodh El Gharbi, Trarza…) dépendant directement des PFNL, ceux-ci constituent, pour le ProLPRAF, une filière importante de lutte contre la pauvreté. C’est à ce titre que le programme a aidé, en 2012, la coopérative El Virdows, membre de l’AGPO de Legrane (en Assaba), à mettre en valeur la transformation de certains de ces PFNL, notamment le jujube. La coopérative El Virdows regroupe 26 membres (issus de 12 ménages classés dans la catégorie la plus pauvre, suivant l’enquête-ménage effectuée par le programme, en mars 2013). Les membres de cette coopérative s’adonnent à la vente  de jujube pendant la période post-récolte  (Avril-Juillet). Cette vente se déroulait à Kiffa, à l’état brut, aux prix de 1 200 UM, sac compris, avec une charge de transport de 300 UM. Elle se fait à tour de rôle par les membres de la coopérative. Grâce à l’appui du proLPRAF, environ une vingtaine de tonnes de jujubes en grain ont été ainsi transformées, via des procédés et matériel simples,  consistant à moudre, d’abord, le jujube en grains, pour le transformer en farine – cette opération a été réalisée par contractualisation avec un meunier de Kiffa – puis à procéder au tamisage, par les femmes de la coopérative, de la farine de jujube obtenue après mouture, afin d'obtenir un produit fin exempt de résidus non solubles. Une autre opération consiste à la mise en sachets plastiques d’un kilo ou dans des cartons de dix, toujours par les femmes de la coopérative, ainsi que leur étiquetage avec mention de l'origine du jujube et l'adresse de la coopérative ; la dernière opération assurant la promotion/distribution du produit dans les grands centre urbains (Nouakchott, Nouadhibou) et leurs principaux marchés, en vue de toucher le maximums de consommateurs et prospects. L’expérience-test initiée par le Programme avec ce groupement féminin de producteurs a montré, par ses résultats probants qu’il existe des marchés demandeurs et accessibles pour la poudre à  base de jujube, au niveau urbain et  national.

L’objectif global du ProLPRAF pour les PFNL est de mieux valoriser le potentiel naturel, à travers une meilleure structuration de la filière, la vulgarisation du cadre juridique et réglementaire sur la gestion participative des ressources naturelles  et l’appui aux initiatives d’organisations rurales, pour investir dans la production de la gomme arabique (activités de densification, d’enrichissement et de regarnis) ou celles visant à gérer et, surtout, valoriser/commercialiser durablement des produits forestiers non-ligneux,  à travers des partenariats publics/privés avec les organisations rurales de producteurs.

 

 

 

 

 

 

 

ProLPRAF/Filière PFNL(Assaba) :

Expérience de transformation de jujube par la coopérative El virdows

En raison de l’existence d’une grande partie des pauvres dans les wilayas du pays (Guidimagha, Assaba, Hodh El Gharbi, Trarza…) dépendant directement des PFNL, ceux-ci constituent  pour le ProLPRAF une filière  importante de  lutte contre la pauvreté. C’est dans ce contexte  que le programme a aidé la coopérative El Virdows (en Assaba) à mettre en valeur, à travers la transformation du jujube en poudre.

Environ  une vingtaine de tonnes de jujubes en grain a  été ainsi transformée à travers l’usage des procédés et matériel simples  consistant d’abord à moudre le jujube en grain pour le transformer en farine. Cette opération a été  réalisée par contractualisation avec un meunier de la ville voisine de Kiffa ;  ensuite procéder, au tamisage de la farine de jujube, obtenue après mouture, afin d'avoir un produit fin exempt des résidus non solubles (fragments de noyaux). cette opération est réalisée par les femmes de la coopérative ; une autre  opération a consisté à la mise en sachets plastiques de 1 Kg  ou dans des cartons de 10 Kg  par les femmes de la coopérative ainsi que leur étiquetage avec mention de l'origine du jujube et l'adresse de la coopérative. La dernière opération a consisté a assurer, grâce à l’appui du programme, la promotion/distribution du produit dans les  grands centre urbains (Nouakchott, Nouadhibou)  et leurs principaux marchés en vue de toucher le maximums de consommateurs et prospects.

Résultats :

Après transformation, un rendement de quarante pour cent (40%) de produit fini en poudre est obtenu (en tenant compte d'une perte estimée à 5% relative) ainsi qu’un résidus servant d’aliment de bétail de 55% du même produit brut.

Contraintes et solutions

L’expérience test, initiée par le Programme dans l’Assaba avec  un groupement féminin de producteurs, a montré qu’il existe des marchés demandeurs et accessibles pour la poudre à  base de jujube au niveau urbain et  national. Cependant les populations cibles et les distributeurs   ne sont pas toujours conscients de la nécessité de valoriser ce type de produit. 

L’option  envisagée par le ProLPRAF est d’étendre et de développer les dynamiques antérieures initiées et liées à ces ressources naturelles directement accessibles par les ménages ruraux les plus pauvres et susceptibles, à une échelle plus ou moins importante, de leur offrir des opportunités de revenus complémentaires ou même principaux.

Objectif et approche du programme en matière de PFNL

 

L’objectif global du ProLPRAF pour les PFNL est de mieux valoriser le potentiel naturel, à travers une meilleure structuration de la filière.  L’approche du ProLPRAF  en matière de PFNL a pour ambition   d’appuyer la  vulgarisation du cadre juridique et réglementaire sur la gestion participative des ressources naturelles  et d’appuyer  les initiatives d’organisations rurales pour investir dans la production de la gomme arabique (activités de densification, d’enrichissement et de regarnis); d’appuyer  les initiatives d’organisations rurales initiatives d’organisations rurales  visant à gérer et surtout valoriser/commercialiser durablement des produits forestiers non ligneux ;  d’appuyer les partenariats public/privé/organisations rurales pour le développement, la valorisation et la commercialisation de ces produits ; d’appuyer la recherche/développement sur de nouvelles formes de valorisation/commercialisation des PFNL.

 

Perspectives :

Constitution de Groupes de travail filière pour les produits forestiers non-ligneux (GTF/PFnL) en Assaba et au Guidimagha ;  mise en relation continue des acteurs de la filière (cueilleurs, transporteurs, transformateurs et commerçants) pour produire et valoriser à grande échelle ; 130 tonnes de jujube ont été cueillies, transformées, stockées et prêtes à être commercialisées par les producteurs,  une entreprise privée de valorisation et de commercialisation des PFNL a été créée par des acteurs du maillon commerçant qui ont par la suite établi des contrats de cueillette avec les ruraux pauvres organisés en coopératives ou associations, etc.

 

 

 

 

 

Encadré : coopérative El virdows

 

La coopérative EL Virdows  est membre de l’AGPO de Legrane (Assaba). Elle regroupe 26 membres (issus de 12 ménages classés dans la catégorie la plus pauvre,  suivant l’enquête ménage effectuée par le programme, en mars 2013).

 Les membres de la coopérative s’adonnent à la vente  du jujube pendant la période post-récolte  (Avril –juillet). Cette vente du produit se faisait à Kiffa à l’état brut au prix de 1 200 UM le sac y compris une charge de transport de 300 UM. Elle se fait par tour de rôle par les membres de la coopérative.