publics : La réforme mise en péril

4 June, 2015 - 08:27

Après l’expiration des mandats de trois ans des organes en charge des marchés publics en Mauritanie, l’Etat avait décidé de reconduire tous ces organes pour un deuxième mandat. Ce qui fut fait pour l’autorité de régulation et la Commission de contrôle. Quant aux commissions sectorielles de passation des marchés, étrangement, aucune communication n’a été faite à leur sujet. Quatre mois après l’expiration de leurs mandats, ces commissions continuaient à attribuer des milliards d’ouguiya.

 Il est aujourd’hui clair que ce silence coupable et cette confusion volontairement entretenue cachaient, en fait, des manœuvres de la part de certaines personnes pour mettre la main sur ces organes de passation des marchés publics particulièrement sensibles et juteux.

Parmi les personnes pointées du doigt à ce sujet, le nom du président de la commission nationale de contrôle Ahmed Baba Ould CHEIGUER est celui qui revient le plus comme coupable et principal bénéficiaire de nombreuses irrégularités. Tout d’abord par l’incohérence administrative qui consiste à reconduire Ould CHEIGUER automatiquement dans son poste de président sans le moindre appel à candidatures et en infraction avec les textes et règlements comme si ce poste lui revenait de droit.

C’est Ould Cheiguer qui s’est donc vu, contre toute attente, confier la désignation des présidents des sept commissions sectorielles de passation. L’infraction est claire puisque la loi portant code des marchés impose la séparation des fonctions de passation, celle de contrôle et celle de régulation.

Il a alors lancé un avis public à candidatures afin de « choisir » les dossiers, passant sous silence qu’il a été lui-même illégalement reconduit sans appel à candidatures alors que son poste obéit aux mêmes stipulations que ceux de  ses collègues désormais à la merci de son arbitraire.

Ahmed Baba Ould CHEIGUER a alors tenu des réunions secrètes a son domicile, a fait passer des messages par tierce personne aux sept candidats qu’il a choisis pour lui servir de complices au cours des trois prochaines années. Il a altéré la liste des candidats présélectionnés et soigneusement placé des candidats dont certains sont loin d’être au dessus de tout soupçon et sans les compétences requises mais qui lui obéissent aveuglement et couvrent avec lui les irrégularités dans les attributions des marches publics.  Il a ensuite fait publier les résultats au cours du week end du vendredi 22 mai et forcé la main à la primature le lundi 27 mai pour faire approuver en temps record par le Conseil des ministres du mercredi 27 mai la liste de ses sept complices.

 

Ce cambriolage administratif et juridique aura bien sûr des conséquences catastrophiques sur l’assainissement des marchés publics car tout simplement les commissions de passation ne résisteront plus jamais face à l’ingérence de la Commission de contrôle qui a toujours voulu influencer les attributions. Les risques de corruption viennent d’être décuplés parce que Ould Cheiguer vient de leur créer un guichet unique. L’autorité de régulation est mise à l’écart et ne pourra plus jouer son rôle légitime dans cette procédure bafouée.  Le respect de la séparation effective et réelle des fonctions n’existe plus.

Contredisant les affirmations du gouvernement, Ould CHEIGUER, autorise les marchés « gré à gré » comme il l’entend car il dit se prévaloir de sa relation personnelle et tribale avec le président de la République.

La vigilance du premier ministre et même celle du président de la République ont  encore une fois été trompées dans la gestion des affaires de l’Etat par des personnes de mauvaise foi. 

Un exemple parmi d’autres dans cette Mauritanie pas si nouvelle que ça finalement.

 

Mohamed Lemine Ould Taleb Ethamane