Dr. Mohamed Mahmoud Ould Mah, Président du Comité National Olympique (CNO), dans une interview exclusive : ‘’S’il y a candidat du pouvoir, c’est peut-être moi mais Mme la ministre et M. Fall Youssouf ne l’ont pas suivi’’

6 August, 2015 - 11:34

Le Calame : Monsieur le Président, après votre élection à la tête du CNO, vous nous avez promu une interview, mais à condition qu’elle soit réalisée avec plus de recul par rapport à l‘événement lui-même. Récemment, Mme la Ministre de la Jeunesse et des Sports a présenté un projet de révision de la loi 97.021 du 16 juillet 1997, portant organisation et développement de l’éducation physique et des sports qui prévoyait notamment que le mandat du Président du Comité National Olympique et celui des présidents des fédérations nationales sportives soient, chacun, de 4 ans, renouvelable une seule fois, avec effet rétroactif. Les sources d’information parlent tantôt de l’approbation de cette loi, tantôt de son rejet par le Conseil des Ministres. Qu’en est-t-il exactement ?

Dr. Mohamed Mahmoud Ould Mah : je voudrais d’abord vous rappeler que le Comité Directeur sortant a été élu le 22 juin 2011. Pour ne pas aller au-delà de cette date, et compte tenu du mois de Ramadan, nous avons lancé le 04 mai 2015 les convocations, pour une AG élective le 30 mai 2015, tout en sachant que le Ministère avait confié à M. Fall Youssouf la révision des textes qu’il avait lui-même initiés et fait adopter en 1997 et 1999 (une loi, un décret, 2 arrêtés), dans le sens d’influencer le renouvellement de l’organe directeur du Comité Olympique.

Avant d’envoyer les convocations, nous avons également appris que M. Cheikh Nema Ould Malaïnine Ould Ahmed, président de la Fédération des Jeux de Boules, était officieusement candidat à la présidence du CNO, comme il était officiellement, candidat à la présidence de l’Union des Jeux de Boules du Maghreb, et à un poste important dans une organisation internationale des Jeux de Boules, comme il a été auparavant élu président des transitaires de Mauritanie, à la faveur d’un récépissé que l’intéressé détenait du temps du Président Maouiya Ould Sid’Ahmed Taya.

Généralement, le Ministre nouvellement nommé, rend visite au Comité National Olympique ou à la Fédération de Football, le plus souvent aux deux à la fois. A la surprise générale, l’actuelle ministre a rendu visite au siège de la Fédération des Jeux de Boules, ce qui était une première. En effet, aucun ministre n’a jamais rendu visite à une autre fédération et surtout pas la Fédération des Jeux de Boules. Mme la Ministre l’a certainement fait parce que le Président de cette fédération est le fils de Malaïnine Ould Ahmed.

Jusqu’au 14 mai 2015, la Ministre et son staff, principalement MM. Fall Youssouf, officiellement sans fonction, Ba Gatta Aly, Conseiller chargé des sports, Sid’Ahmed Ould El Housseyne, Inspecteur Général menaient campagne battante pour Cheikh Nema Ould Malaïnine Ould Ahmed. Ailleurs, un bureau de consultants, composé de M. Fall Youssouf (dont tout le monde s’étonne de la forte influence qu’il exerce sur la Ministre chargée des sports), du Dr. Haroune Ould Sidatt, qui ne manque pas d’appeler Fall Youssouf ‘’Papa Youssouf’’ et Ba Alpha, frère de Madame la Ministre, chargé de la communication à Tasiast, s’affaire à ficeler une nouvelle stratégie de la jeunesse et des sports 2015-2020, qui vient d’être adoptée par le Conseil des Ministres. M. Fall Youssouf s’occupe, quant à lui, du projet de révision de la loi 97.021 du 16 juillet 1997. Le 14 mai, le Conseil des Ministres met fin aux fonctions de M. Cheikh Nema, alors responsable du Bac de Rosso. Le 15 mai, dernier délai pour la présentation des candidatures à la présidence du CNO et de son Comité Directeur, la Fédération des Jeux de Boules présente celle de M. Mohamed Lemine Louly, premier vice-président de cette fédération, depuis le 12 avril 2015. Il est à noter que M. Lemine Louly était le président de la Fédération des Jeux de Boules dont il a cédé la présidence à Cheikh Nema, pour que ce dernier puisse se présenter à la présidence du CNO. Il faut croire que la décision du Conseil des Ministres a dissuadé Cheikh Nema de se présenter à la présidence du Comité National Olympique qui deviendrait alors le petit mur que tout le monde peut sauter.

Après le retrait de M. Cheikh Nema, Mme la Ministre et son staff s’investissent dans la campagne de M. Lemine Louly. MM. Fall Youssouf qui devient plus qu’un Directeur de Campagne, Ba Gatta Aly, Sid’Ahmed Ould Housseyne, Moustapha Saleck Camara et Abdellahi Hamza (Mauritanie-Couleurs), forment le Comité chargé de piloter cette campagne. M. Fall Youssouf les assure, dit-il, d’un carnet de ‘’bonnes adresses’’ au CIO, à l’Association des Comités Nationaux Olympiques d’Afrique (ACNOA) ; ils élisent tous domicile au siège de la Fédération des Jeux de Boules au Stade Olympique, au rez-de-chaussée du siège du CNO.

Mme la Ministre continue de convoquer les fédérations et les délégués à l’AG élective, les invitant à voter pour M. Lemine Louly, candidat du pouvoir qui souhaite le changement, dit-elle. Certains lui ont rétorqué qu’ils ne peuvent pas le faire, car ils présentent leur candidat sur la liste du Dr. Mohamed Mahmoud Ould Mah, ce serait voter contre le candidat de leur fédération. Pour certains, Mme la Ministre est allée plus loin que le simple mot ‘’candidat du pouvoir’’.

Pour M. Fall Youssouf et Moustapha Saleck Camara, l’essentiel n’est d’ailleurs pas tellement de faire gagner M. Lemine Louly que de poursuivre un règlement de compte à un certain Mohamed Mahmoud Mah, coupable de leur avoir succédé en 1996 à la tête du CNO.

En effet, au lendemain de notre indépendance et jusqu’au renouvellement de notre organe directeur, du temps où j’étais moi-même étudiant, 3 cadres du département du sport : MM : Moustapha Saleck Camara, Fall Youssef et Seye Cheikh Tidjane se sont relayés sur les trois postes suivants : Directeur des sports, Conseiller du Ministre, Directeur du stade olympique ou du Centre National de la Formation des Cadres de la Jeunesse et des Sports.

Quand nous avons été élus à la tête du CNO le 1er février 1996, ces trois cadres étaient : Conseiller du Ministre et Président du Comité National Olympique pour le premier ; 1er vice-président du CNO, Directeur des sports, Chef de missions aux Jeux Olympiques, Président de la Fédération de Judo pour le second ; secrétaire Général du CNO, président de la Fédération des sports scolaires et universitaires, Directeur du stade olympique pour le 3ème.

Le Ministère chargé des sports et les structures chargées de gérer le sport (CNO et fédérations nationales sportives) étaient donc confondus et formaient une seule structure. Le CNO recevait une subvention de l’Etat et les subventions accordées aux fédérations nationales sportives transitaient par le compte du CNO. Le Comité National Olympique et les fédérations Nationales sportives jouissaient pleinement de toutes leurs compétences. Aucun texte ne régissait le sport dans notre pays sauf la loi 64.098 du 9 juin 1964, relative aux associations. Le CNO et les fédérations nationales sportives étant des associations.

A partir de 1996, jusqu’à ce jour, le CNO a cessé de bénéficier de la subvention de l’Etat et il est le seul au monde dans cette situation et les subventions accordées aux fédérations ne transitent plus par le compte du CNO, mais par un compte tenu par M. Fall Youssouf à la BMCI, en sa qualité de représentant de la CONFEJES, avant d’en devenir le Secrétaire Général en 2006, avec résidence à Dakar où il continue à influencer, pour ne pas dire gérer, le Ministère chargé des sports. Dans chaque pays francophone, la CONFEJES a un représentant, une antenne et un compte ouvert dans les livres de l’une des banques de ce pays, pour recevoir le budget de fonctionnement de cette antenne payé par le Ministère français des Sports. M. Fall Youssouf était le seul représentant de la CONFEJES qui percevait une subvention de son pays, d’abord de 20 millions d’ouguiyas, grâce à Mehla Mint Ahmed, ensuite de 10 millions après la compression budgétaire. Cela veut dire, en d’autres termes, que la Mauritanie finance et continue de financer une grande partie de l’antenne de la CONFEJES, d’ailleurs en 2008, à la conférence de la CONFEJES tenue à Nouakchott, les représentants de cette conférence ont demandé à leur pays de leur accorder une subvention comme le fait la Mauritanie à leur collègue M. Fall Youssouf. Devenu Secrétaire Général de la CONFEJES, il nomme à sa place un protégé, cadre au Ministère,  lequel continue à percevoir la même subvention, au moment où le CNO n’en perçoit pas.

Du 16 juillet 1997 au 24 octobre 1999 (juste après notre élection à la tête du CNO, en février 1996), soit dans un temps record, 25 mois, M. Fall Youssouf parvient à initier et à faire adopter tout seul, et dans un secret total, comme il vient de le faire récemment avec Madame Coumba Ba, l’actuelle Ministre, une loi (1), un décret (1) et deux arrêtés (2) qui sont les seuls textes qui régissent le sport dans notre pays et dont le seul objectif est de tordre le cou au CNO et aux fédérations nationales sportives, pour en faire des structures du Ministère, alors que le CNO et les fédérations nationales sportives jouissent, au nom de la Charte olympique et des textes régissant les fédérations internationales sportives, d’une autonomie et d’une indépendance pour voter, en Assemblée Générale, leurs statuts et élire leurs organes directeurs.

La Loi 97.021 du 16 juillet 1997 

Cette loi réduit à deux articles : 21 et 22, le chapitre réservé au CNO, alors que tous les autres chapitres de la loi comportent, chacun, plusieurs articles. D’ailleurs ce problème a été soulevé aux états généraux sur le sport, tenus à Nouadhibou en mars 2010. Et jusqu’à ce jour, aucun décret d’application, réglementant le fonctionnement et les compétences du CNO, conformément à la charte olympique, n’a été pris.

Plusieurs articles de cette loi ne sont pas conformes à la Charte olympique dont la loi évoque cependant son respect dans le préambule.

 Décret 99/068 du 27 août 1999 relative aux statuts types des fédérations 

Ce décret a pour objet d’imposer aux fédérations nationales des statuts types conçus par le Ministère, mais pas votés en Assemblée Générale, comme le stipule la Charte Olympique, les textes régissant les fédérations nationales sportives auxquelles les fédérations sont affiliées et la loi 64.098 du 09 juin 1964.

Ce sont ces mêmes cadres, cités plus haut, et qui ne sont plus à la tête du CNO, qui ont conçu ces ‘’statuts types’’.

Au lendemain de la prise de ce décret, la FIFA a réagi. Dans le plus grand secret, M. Fall Youssouf avait invité la Fédération Mauritanienne de Football à voter elle-même ses propres statuts qui ne sont pas conformes aux «statuts types» prévus par ce décret. Pourquoi permettre à une fédération ce qui n’est pas permis aux autres fédérations ?

Après le projet de révision de la loi 97.021, du 16 juillet 1997 que nous verrons plus loin, M. Fall Youssouf et Mme Coumba Ba planchent également sur un projet de révision de ce décret relatif aux statuts types des fédérations, pour prévoir un article interdisant aux membres du Comité Directeur du CNO et à celui des Fédérations Nationales Sportives la qualité d’électeurs au moment du renouvellement de l’organe directeur, ils n’auront pas le droit de voter, si cette révision venait à être adoptée.

Arrêté 840/MFPTJS du 24 octobre 1999, fixant les conditions d’attribution et de retrait de l’agrément aux Fédérations sportives nationales et aux associations sportives

L’article 1 de cet arrêté définit l’agrément : «… un acte administratif par lequel, le Ministre chargé des sports autorise une fédération ou une association sportive à exercer ses activités sportives … ».

La fédération sportive nationale est une association régie par la loi 64.098 du 09 juin 1964, en sa qualité d’association; il suffit pour elle de remplir les conditions de cette loi pour obtenir un récépissé du Ministère de l’intérieur. Seul le visa du Ministère chargé des sports, si cette association à une vocation sportive, est requis préalablement au récépissé du Ministère de l’Intérieur. Cet arrêté n’a donc pas de sens, et des juristes appelés par la Ministre, Mme Coumba Bâ, récemment, le lui ont dit, mais elle n’a voulu rien entendre, car un arrêté ne saurait être opposé aux dispositions d’une loi. Ce que les juristes appellent le parallélisme des formes. Le seul but de cet arrêté est de porter atteinte à l’autonomie des fédérations, en les maintenant suspendues à la bonne volonté et aux caprices des conseillers du ministre, dès lors que ces conseillers, ces directeurs ne sont plus à la tête du Comité National Olympique et de certaines fédérations. Le Ministère de la Jeunesse et des sports ne peut pas faire cesser les activités d’une fédération. Une fédération une fois créée, par un récépissé du Ministère de l’intérieur, sa cessation d’activités est prévue par ses propres statuts ou par des décisions des tribunaux. L’agrément devient alors un second récépissé.

Arrêté 841/MFPTJS du 24 octobre 1999, fixant les conditions d’attribution et de retrait de la délégation de pouvoir aux Fédérations sportives nationales

Cette délégation, qui ne diffère en rien de l’agrément, est déjà contenue dans la souscription de notre pays à la Charte olympique. Comme tous les autres pays, le nôtre est tenu de déléguer la gestion du sport à des structures élues. Si donc on retire cette délégation, qui est générale et globale et non cas par cas, cela veut dire le retrait de notre pays du CIO.

Sous prétexte que la CONFEJES a participé au financement des états généraux sur le sport à Nouadhibou, en mars 2010, M. Fall Youssouf Secrétaire Général de cette institution a amené avec lui du Sénégal, comme il le fait souvent, un consultant, le président de la Commission juridique du CNO sénégalais, que Mme la Ministre, Cissé Mint Boydé, a retenu à Nouakchott, pendant quelques jours, avant de lui envoyer son conseiller juridique à Dakar, afin de finaliser les travaux de nos états généraux, les projets de loi et de décrets appelés à être débattus en Conseil des Ministres (mais préparés à Dakar) et à réglementer notre sport, comme si en Mauritanie, nous n’avons pas des juristes capables de préparer des projets de loi et de décrets. Est-il utile de vous signaler que le président de la Commission juridique de notre CNO est Conseiller actuel de notre Ministre de la Justice et le Président de la chambre arbitrale de notre CNO, est un éminent juriste, ancien vice-président de l’ordre des Avocats. M. Fall Youssouf a obtenu de Mme Cissé Mint Boydé de lui élever au rang de décrets les deux arrêtés 840 et 841 précédemment cités. Les ficelles étaient si grosses que nos responsables n’ont pas eu à y tomber, comme pour la loi 97.021 du 16 juillet 1997, le conseil des Ministres a rejeté les projets de décrets en question.

Mais que prévoit la révision de la loi 97.021 du 16 juillet 1997 ?

Le projet de révision se réduit essentiellement  à un article : «le Président du Comité National Olympique et les Présidents des Fédérations Nationales Sportives sont élus pour un mandat de 4 ans, renouvelable une seule fois, avec effet rétroactif». En d’autres termes, si cette loi était adoptée avant le renouvellement du CNO, dont la Ministre avait tenté de reporter la date, le Président du Comité et la plupart des présidents des fédérations qui l’on élu, ne pourraient pas se présenter, pour la simple raison qu’ils ont déjà tous fait deux mandats, au moins et que la loi est rétroactive. Cette révision avait été faite dans le secret le plus absolu sans associer ni le CNO, ni les Fédérations Nationales, pas même le Conseiller juridique du Ministère, alors que généralement, la préparation des projets de lois et de décrets, qui ont une portée générale et censés perdurer font l’objet de plusieurs réunions présidées par le Ministre lui-même en associant les principaux concernés. Si le CNO avait été associé à la préparation de cette révision, on aurait pu éviter les lacunes, les irrégularités, les aberrations contenues dans ce projet de révision de la 97.021 du 16 juillet 1997, l’un des rôles du CNO n’est-il pas d«assurer le respect de la Charte olympique dans leur pays». Le gouvernement lui-même ne consacre-t-il pas à ce genre de textes tout un comité interministériel ; pour mémoire, le projet de la loi 97.021 du 16 juillet 1997 a été présenté par M. Fall Youssouf, du temps de Baba Ould Sidi, en ce qui concerne les relations du Ministère chargé des sports avec le CNO comme suit : «sous l’autorité du Ministre chargé des Sports, le Comité national olympique est chargé de …». Le comité interministériel, conscient des prescriptions de la Charte olympique, a repris la rédaction comme suit : «en collaboration avec le Ministre chargé des sports, le CNO est chargé de …».

On aurait pu éviter le refus de la législation de viser un projet de loi rétroactive et le renvoi de la copie à l’envoyeur, Mme la ministre de la Jeunesse et des Sports, par le Conseil des Ministres, lui demandant de supprimer purement et simplement l’article objet de la révision.

Pourtant, Mme la Ministre a fait appel à l’une de ces connaissances, un professeur de l’Université de Nouakchott qui n’a d’ailleurs pas été rémunéré pour sa consultation, contrairement au bureau d’étude précédemment cité, le professeur a déconseillé la présentation du projet de loi, aussi bien dans la forme que dans le fond, en insistant sur la non rétroactivité des lois, un principe fondamental du droit positif, sauf quand elles sont favorables au justiciable : un rappel d’indemnités, d’avancement, l’effacement d’une période de détention déjà effectuée…etc. Sur l’insistance de M. Fall Youssouf, le projet de loi est envoyé tel qu’il a été conçu, à la législation, sans tenir compte de l’avis du professeur d’université. Le Directeur de la législation refuse à son tour de viser à cause de la rétroactivité du projet de loi. Mme la Ministre insiste, laissant entendre que les instructions viennent d’en haut. Le Directeur de la Législation, ancien magistrat et ancien président de tribunal persiste et signe ; finalement la Ministre enlève tout ce qui concerne la rétroactivité de la future loi. Les arguments de Mme la Ministre c'est-à-dire ceux de M. Fall Youssouf concernant le ‘’désir de changement’’, de ‘’l’alternance’’ ont été enlevés. Le projet de révision de la loi, sans la rétroactivité, est alors présenté au Conseil des Ministres qui renvoie à Mme la Ministre sa copie, lui demandant d’enlever tout l’article relatif à la limitation du mandat du président du CNO et des présidents des fédérations nationales sportives.

Il est à rappeler que la Charte olympique et les règlements des Fédérations internationales auxquelles sont affiliées nos fédérations nationales ne limitent pas les mandats des présidents des CNO et ceux des présidents des fédérations nationales sportives. Un exemple récent : celui du renouvellement du Bureau de la Fédération soudanaise de football, l’article 16 des textes nationaux soudanais régissant les sports interdit à tout président d’une institution sportive soudanaise trois mandats successifs. Il se trouve que le président de la fédération soudanaise de football vient de terminer deux mandats successifs. Au regard des textes soudanais, il ne peut plus briguer un 3ème mandat. Un nouveau président a été donc élu conformément aux textes soudanais ; la charte olympique et les règlements de la FIFA ne limitant pas le mandat d’un responsable sportif, les résultats ont été rejetés. A la faveur de nouvelles élections, le président sortant a été réélu pour un 3ème mandat.

Est-il utile de rappeler, encore une fois, que le CNO et les Fédérations nationales sportives jouissent, au regard de la Charte olympique et des règlements des Fédérations Internationales d’une autonomie et d’une indépendance par rapport au Ministère chargé des sports, pour voter et élire, en Assemblée Générale, leurs statuts et leur organe directeur. Dans le même ordre d’idées, nous avons reçu le 1er février 2011, en notre qualité de président du Comité National Olympique, un email du Secrétaire Général de la Fédération Internationale de Lutte (FILA) dont Mme la Ministre, Cissé Mint Boydé était ampliatrice, nous priant «de bien vouloir autoriser la Fédération Mauritanienne de Lutte d’incorporer dans ses statuts les amendements votés par le congrès de la FILA, le 4 septembre 2010 à Moscou et exigés par le CIO : articles 5.3 (autonomie des fédérations nationales) et 5.4 (indépendance des élections). Quant à la charte olympique, elle stipule, entre autres : «en dehors des mesures et sanctions prévues en cas de transgression de la Charte olympique, la  Commission exécutive du CIO peut prendre toutes décisions appropriées pour la protection du mouvement olympique dans le pays d’un CNO, notamment la suspension et ou le retrait de la reconnaissance d’un tel CNO, si la Constitution, la législation, ou d’autres règlementations en vigueur dans ce pays, ou tout acte d’un organisme gouvernemental ou de toute autre entité, ont pour effet d’entraver l’activité du CNO ou la formation ou l’expression de sa volonté». Charte olympique, règle 27, article 9.

Le consultant, M. Fall Youssouf, connaît à n’en pas douter, tout cela, ce que le professeur de droit, appelé à la rescousse par Mme la Ministre, et le Directeur de la législation ont d’ailleurs conseillé.

Il ressort de l’ensemble de votre analyse que le pouvoir n’avait pas de candidat dans l’élection du nouveau bureau du Comité National Olympique.

 Je ne vois aucun élément qui pourrait indiquer ou corroborer que le pouvoir était derrière M. Cheikh Nema avant son retrait ou M. Lemine Louly, à moins que ce soit moi le candidat du pouvoir. Dans ce cas, il faudrait croire que Mme la Ministre et M. Fall Youssouf n’ont pas suivi le pouvoir. M. Cheikh Nema Ould Malaïnine Ould Ahmed aurait constitué un bon alibi pour Mme la Ministre pour couvrir, aux yeux du pouvoir, son aide et son soutien à une entreprise de rancœur et de ressentiment. Quant à M. Lemine Louly, sans être candidat du pouvoir, il a cependant bénéficié des avantages d’un candidat du pouvoir, à cause de l’engagement de Mme la Ministre en sa faveur. M. Fall Youssouf, très rodé dans la manipulation des femmes ministres : Mehlé, Cissé et Coumba. La première lui a procuré la subvention de 20 millions pour l’antenne de la CONFEJES, la seconde lui a, en quelque sorte, cédé son ministère, mais elle a échoué sur un point : élever deux arrêtés bancals en décrets, la troisième, mobilisée sous son influence et sous son ascendance, usurpe le soutien du pouvoir à son entreprise de règlement de compte.

Mme la Ministre et M. Fall Youssouf règlent un compte au nom du soutien au pouvoir. Ils ne sont d’ailleurs pas les seuls. Nombreux sont ceux qui soutiennent tous les pouvoirs, sans exception, mais pour réaliser un certain nombre d’objectifs à l’ombre de ce soutien : ils s’enrichissent, placent leurs parents, leurs protégés et leurs alliés et règlent des comptes à leurs adversaires politiques, à cause d’une autre politique que celle du pouvoir.

Mme Coumba Ba et M. Fall Youssouf prétendent soutenir le pouvoir, en voulant empêcher Mohamed Mahmoud Ould Mah de se faire réélire à la tête du CNO. Je saisis l’occasion que m’offrent les colonnes de votre journal, pour évoquer deux événements, deux situations dans lesquels M. Fall Youssouf et Mme Coumba Ba auraient pu soutenir le régime, alors qu’ils ne l’ont pas fait. Ces deux situations, ces deux événements sont : l’exclusion de notre pays, pour des raisons politiques, d’un important événement sportif, dirigé par le premier et patronné par le CIO, je veux nommer les jeux de la Francophonie au Liban en 2009. Quand le CIO accorde son patronage à un événement sportif, il le fait à des conditions : respect des principes de l’olympisme : non exclusion pour des raisons politiques, raciales, religieuses ou du sexe. Quand des pays sont en guerre, les CIO leur demande d’observer une « trêve olympique » et quand un pays est divisé en deux pays pour des raisons politiques, aucun d’eux n’est exclu, les deux pays participent aux jeux olympiques  sous un seul drapeau, celui du CIO. Notre compatriote, qui était le patron de ces jeux n’a pas défendu notre pays, son pays, même si c’est M. Abdou Diouf qui tenait à nous exclure, comme il n’a pas manqué l’occasion du sommet de la Francophonie à Dakar, pour rééditer ce geste par un autre coup malveillant, en jouant sur une sombre distinction, entre sommet de la Francophonie et Union Africaine, alors que tout le monde sait que quand on soustrait la France, le Canada et le Liban à ce sommet francophone, il se réduirait à une réunion africaine.

Quant à Mme Coumba Ba, elle aurait pu épargner au régime qu’elle prétend soutenir par ailleurs sa politique centrée principalement à placer dans son Ministère et ce à tous les niveaux, ses frères, ses neveux, ses oncles, ses cousins au détriment  de toutes les autres composantes de notre population. En effet, en quelques mois, Mme Coumba Ba peut se targuer de n’avoir pas oublié ses proches. Depuis l’arrivée de sa cousine au Ministère, M. Ba Gatta Aly a retrouvé un sang nouveau, il est devenu arrogant, lui qui ne chassait même pas les mouches quand elles se posaient sur lui ; dans les réunions avec Mme la Ministre, il coupe la parole aux autres et parle parfois en poular, langue que des personnes présentes ne comprennent pas, la Ministre lui a obtenu la présidence d’une commission à la Fédération de football dont il dirige certaines délégations à l’étranger ; ce qui est anormal pour un conseiller de Ministre. A la dernière Assemblée Générale Elective du CNO, où il était censé présider la délégation du Ministère, il tenait, en sourdine, des propos favorables au candidat Lemine Louly ; quand ce dernier, battu, claque la porte avant l’élection du Comité Directeur, M. Ba Gatta Aly était le seul à le suivre. Depuis ce jour, il ne cesse de nous menacer par la révision des textes dont nous savons maintenant le contenu. Mme la Ministre a placé son frère, Ba Hamady, à la vice-présidence de la Fédération de Handball, juste avant le renouvellement du CNO. L’autre frère, Ba Alpha, chargé de la Communication à Tasiast, est consultant. Elle a fait de son cousin Ba Djibril, de la délégation du Tagant, le chargé de mission, 3ème rang dans le Département après la Ministre et le Secrétaire Général, ce qui ne correspond pas à son grade. Elle a trouvé Ba Abdoul Aly, son cousin et neveu de Ba Gatta Aly, sans fonction au Ministère, elle l’a nommé d’abord attaché à son cabinet, puis, par note de service, elle le nomme chef de service des installations sportives à l’Office du Stade Olympique ; un ministre ne nomme pas, par note de service, dans l’établissement public dont il a la tutelle, il doit mettre l’agent à la disposition de l’établissement, quitte à susciter sa nomination par le Directeur Général de cet établissement. Ce dernier ayant réagi, en rappelant la procédure régulière, il est aussitôt convoqué par Mme la Ministre. En sortant de chez elle, il se trouve nez-à-nez, devant le bureau de Mme la Ministre, avec M. Ba Abdoul Aly qui savait pourquoi le DG du stade était convoqué ; ce dernier ne peut que lui dire de passer cet après-midi au stade où il a pris service, sans être nommé par le Directeur Général. Quant à Aly Diallo, oncle de Mme la Ministre, il a été nommé directeur administratif et financier en remplacement de Ould Siddeyni.

Quant à leur souci (Mme la Ministre et M. Fall Youssouf) de ‘’changement’’ et d’’alternance’’ et de ‘’limitation de mandat’’ du président du CNO et des autres présidents de fédération, je rappelle à vos lecteurs et à Mme Coumba Ba que M. Fall Youssouf était au Ministère quant j’étais encore étudiant, la presse parle ces jours, de M. Fall Youssouf comme futur président de la Fédérations de basketball et qui sait, si toutes ces tribulations n’ont pas pour but de baliser le chemin du CNO.

Propos recueillis par AOC