Le Calame : Mille numéros de combat pour la Liberté !

11 November, 2015 - 23:44

Au millième numéro d’un journal indépendant, réellement indépendant, comme tous le reconnaissent au Calame, la tentation est grande de croire célébrer la plus belle des victoires : celle de la pensée libre et de la libre expression, dans un pays d’Afrique et du Monde Arabe, c’est-à-dire dans l’arc de la pire géographie de tous les goulags réels de la pensée et de l’expression du monde contemporain. 

Nous avons flirté, il est vrai, avec cet état de démocratie, nous en avons perçu, parfois, les senteurs, nous avons presque été, par moments, portés à  y croire. Mais, hélas, triple hélas, ce ne fut souvent  qu’illusions, entretenues par des despotes en manque de reconnaissance internationale et en constant mépris pour leur propre  opinion, ombres chinoises d’une « démocratie » de façade, camouflant le bras séculier de politiciens en uniformes, se transformant, pour finir, en hommes d’affaires, conquérants  des places fortes, dans les pires affaires du moment !

Pour autant – et c’est en cela que le Calame est emblématique – dans ce royaume du faux-semblant, en cet émirat du faux et usage de faux, ce journal a toujours fait défaut aux faussaires, en refusant de jouer la partition que ceux-ci ont, systématiquement, voulu qu’il jouât : celle de journal-alibi, comme ces feuilles de vigne qui éclosent, par temps délicat, pour camoufler la nudité démocratique d’un système aux antipodes des valeurs de la République et des libertés qui  la sous-tendent et dont ils se sont accaparés, à mains armées.

Mille numéros, donc, de combat contre les miasmes de la dictature, mille numéros pour baliser le long chemin de la Liberté, celui-là que son fondateur, Habib Mahfoudh, a tracé « contre vents et marées », contre menaces, chantages, censures, discriminations, barbouzeries de toutes sortes, pour donner un sens au combat de tous les fils de notre nation plurielle, loin des simagrées et des complaisances journalistiques que l’opinion cloue au pilori par un seul mot : peshmerguisme, sophistiqué  ou pas.

Le Calame, aujourd’hui, est  encore comme une balise de détresse d’une démocratie aux abois, d’un système de libertés en naufrage. Il reste, surtout, pour tous ceux qui croient en l’avenir de ce pays, pour tous ceux qui pensent possible le sauvetage de nos valeurs communes d’unité et d’harmonie, dans l’enrichissante diversité de nos cultures, le fécond foisonnement de nos opinions plurielles, un flambeau, un étendard qui claque au vent, au tout premier rang de tous les combattants de la liberté, chez nous et partout où ses lignes peuvent être lues. Joyeux anniversaire, chantre de notre Liberté !

 

Gourmo Abdoul Lô