Mauvais assainissement : De lourdes pertes enregistrées en Mauritanie

26 November, 2015 - 00:38

La Mauritanie perd 11,8 milliards d’Ouguiya chaque année à cause  d’un mauvais assainissement, ce qui est équivalent à 41 millions $EU,* selon une étude documentaire effectuée par le Programme eau et assainissement (WSP), dévoilée, le 19 novembre dernier, à Nouakchott, lors de la célébration de la journée mondiale des toilettes 2015.
Cette somme équivaut à 13,1 $EU par habitant et par an en Mauritanie, soit 1,2 % du PIB national. Cette étude estime que 0,7million de mauritaniens utilisent des latrines insalubres ou partagées. Tandis que 1,7million ne disposent pas de latrine et défèquent en plein air.
La défécation en plein air coûte à la Mauritanie 30,4 millions $EU.
En revanche, l’élimination de cette pratique nécessiterait la construction et l’usage de moins de 350.000 latrines.
Pour contribuer à élever le niveau de priorités et de mobilisation en faveur de l’assainissement et en particulier pour l’utilisation des toilettes, l’ONG Tenmiya , la direction de l’Assainissement et l’UNICEF ont jeté leur dévolu sur les  professionnels de la communication qui ont la latitude de toucher un public large et diversifié.

Célébrée sous le thème de : «un meilleur assainissement pour une meilleure nutrition », cette journée a servi de prétexte à la tenue d’un atelier d’information à l’intention des journalistes du secteur de l’eau, l’assainissement et l’hygiène.
Par le passé, on n’a pas accordé à l’assainissement la priorité qu’il mérite. On ne savait pas  bien comment de bonnes politiques et pratiques d’assainissement peuvent sous-tendre le  développement socio-économique et la protection de l’environnement. Cette étude fournit une estimation des impacts économiques sur les populations n’ayant pas d’accès à l’assainissement amélioré et donne des informations sur les pertes qu’encourt la société à cause de l’état  actuel de l’assainissement. Bien que tous ces impacts économiques ne puissent pas être  immédiatement éliminés grâce à des pratiques d’assainissement améliorées, cette étude  fournit une perspective sur les gains économiques disponible aux pays à travers une série  de politiques d’atténuation de ces impacts sur le long terme. Les données nécessaires pour  estimer ces impacts économiques étant faibles, l’étude utilise par conséquent des sources de  données objectivement vérifiées et des chiffres modérés pour les estimer. Plusieurs impacts ont  été exclus à cause du manque des données Par conséquent les coûts totaux d’un  mauvais assainissement sont susceptibles d’être sous-estimés.

La défécation à l’air libre largement répandue
 En Mauritanie, la pratique de la défécation à l’air libre est largement répandue. Selon le JMP 2013, en 2011, le taux de personnes qui la pratique est estimé à   51% de la population nationale et à 76% en milieu rural. Le taux de personnes ayant accès à des toilettes améliorées est de  27%.
« Les autorités publiques en Mauritanie ont très tôt pris conscience de l’ampleur de cette situation, prise de conscience matérialisée par le développement d’une politique de l’assainissement et de sa stratégie et des interventions spécifiques adaptées aux capacités des communautés (Assainissement total pilote par les communautés, ATPC) »,
soutient Cissé, chef de section de la survie /  UNICEF.
Cette dynamique est soutenue par une planification participative avec un objectif ambitieux et réalisable d’une Mauritanie FDAL en 2020.
En effet, aujourd’hui grâce à l’ATPC en milieu rural, l’accès à l’assainissement et en particulier l’utilisation des latrines a connu une forte amélioration. Le programme dont une partie importante est appuyé par l’UNICEF présente des résultats importants dans une période relativement courte, selon les récentes statistiques de la Direction de l’Assainissement : 2042 localités certifiées FDAL, soit 75.7 % des villages déclenchés, 887.375 personnes touchées, soit 50 % de la population rurale et 54.599 latrines construites par les communautés sans subventions.

En milieu urbain, il est prévu la réalisation de réseaux d’assainissement collectif pour les villes de Nouakchott et de Nouadhibou et des réseaux d’assainissement pluvial pour les cilles de Nouakchott, Rosso, Kaédi, Kiffa et Akjoujt.

Synthèse THIAM Mamadou

Encadré

*Perte de 9 millions $EU chaque année en temps d’accès: Chaque personne pratiquant la défécation en plein  air passe annuellement près de 2,5 jours à chercher un endroit sûr pour la défécation, ce qui entraîne d’énormes  pertes économiques.
Ce coût pèse disproportionnellement sur les femmes qui sont pourvoyeuses de soins et qui peuvent passer plus de temps à s’occuper de jeunes enfants, des parents malades ou des personnes âgées.Ce coût est probablement sous-estimé d’autant plus que ceux qui n’ont pas de toilettes, particulièrement les femmes, seront  aussi obligées de
trouver un endroit privé pour uriner.
*Perte de 26 millions $EU chaque année à cause de mort prématurée: environ 2.150 Mauritaniens, dont 1.700 enfants âgés de moins de 5 ans, meurent chaque année de diarrhée : Près de 90%de ces décès sont directement imputables à la mauvaise qualité  de l’eau, à un piètre assainissement et au manque d’hygiène (WASH).
En outre, le mauvais assainissement est un facteur aggravant, de par son incidence sur les taux de malnutrition, des autres causes principales de la mortalité infantile, notamment le paludisme, les infections respiratoires graves et la rougeole.
*Perte de 0,4 million $EU chaque année à cause des pertes de temps dues aux absences au travail ou à l’école causées par la diarrhée, du temps passé à se faire soigner aux centres de santé ou hôpitaux, et celui passé à s’occuper des enfants de moins de 5 ans souffrant de la diarrhée ou d’autres maladies attribuables à un mauvais assainissement.
*5,7 millions $EU sont dépensés chaque année en soins de santé:
Directement, et indirectement par la malnutrition (et ses conséquences liées à d’autres maladies telles que les infections respiratoires et le paludisme), toutes les maladies diarrhéiques constituent la cause principale de morbidité. Les coûts associés à la recherche de soins de santé incluent la consultation, les médicaments.