Meurtre du marché de la capitale : La psychose de l’insécurité

15 December, 2015 - 11:29

Un climat d’insécurité règne depuis presque dix jours dans la ville de Nouakchott et ses environs. Deux meurtres ont eu lieu  au cours d’une même nuit. Une bande de malfaiteurs s’est emparée de deux coffres-forts appartenant à des marchands de devises. Un pactole évalué  à une trentaine de millions d’Ouguiyas. Des dizaines d’hommes et de femmes ont été braqués dans différents quartiers de la ville et ont été  délestés de tout ce qu’ils possédaient.

Le couronnement de cette atmosphère a été le meurtre d’une commerçante du marché de la capitale qu’un récidiviste a tuée de sang froid. La réaction de l’opinion publique face à ce meurtre a obligé les autorités  à mettre fin à leur passivité envers ce phénomène dangereux. L’assassinat de Khadouje Mint Abdel Mejid a provoqué une véritable psychose au niveau de la population. Personne ne se sent plus à l’abri, tout le monde  a peur et se dit qu’il peut être la prochaine victime des bandes criminelles.

Flash sur le crime 

Le mardi 09 décembre,  Khadouje Mint Abdel Mejid, une femme d’affaires de 53 ans en arrivant à sa boutique, ne savait pas que son destin était scellé ce jour-là. Elle était venue passer la journée dans sa boutique située à l’étage du fameux  centre de ce marché « Kerch el batroun ». Vers dix huit heures et demi, elle ferme sa boutique et descend les escaliers pour quitter le marché alors que de rares boutiques sont encore ouvertes à l’étage. Au moment de partir,  elle fait demi-tour pour prendre quelque chose qu’elle a oublié. Au même moment, un bandit, qui a l’habitude d’opérer au marché, et qui venait d’avaler coup sur coup cinq comprimés de Valium 10 (achetés à la pharmacie du même marché) pour se doper, rodait dans les parages. Le boutiquier, qui lui a vendu une bouteille d’eau minérale, se rappelle qu’il lui a donné mille ouguiyas et n’a pas attendu la monnaie pour ne perdre pas l’occasion de braquer quelqu’un au crépuscule dans ce marché désert. La dernière fois, il avait  délesté un vieil homme de la somme de 20000 UM sous la menace de son poignard.

La défunte Khadouje, qui ne savait ce qui l’attendait, est venue rouvrir sa boutique. Au moment de la refermer, son sac en bandoulière, un jeune homme au teint bronzé passe à côté d’elle. Il la dépasse pour s’assurer que personne ne vient de l’autre côté du couloir. Il revient aussitôt sur ses pas et essaie de lui prendre son sac. La femme, qui n’était pas apparemment facile, l’empêche avec une main et avec l’autre, elle l’attrape au collet avant d’appeler au secours. Le bandit tire un couteau et lui assène deux légers coups   au bras. Elle ne lâche pas prise. Elle reçoit trois autres coups aux bras sans qu’elle le lâche. Le criminel, qui ne veut pas être pris, plante son couteau en plein thorax de la femme. Elle lâche prise. Le bandit retire son arme et fuit en sens inverse pour sortir le plus vite du marché. Feu khadouje réussit à marcher vingt mètres environ avant de s’écrouler. Les rares personnes, qui se trouvent encore au marché, forment une foule autour d’elle et les autorités viennent accomplir leurs formalités routinières.

L’enquête      

Une commission d’enquête est aussitôt désignée par la direction régionale de la Wilaya ouest de Nouakchott. Elle comprend trois commissaires de police. Cette commission a chargé les éléments de la brigade de recherche du banditisme en plus de quelques autres éléments de Tevragh Zeina 1 de mener les investigations. Une jeune fille, qui se trouvait de l’autre côté de l’étage au moment du crime, a  affirmé avoir vu un jeune homme au visage balafré courir. On l’emmène au  CSPJ ou elle est interrogée. Sa déclaration a permis de dresser un portrait robot du meurtrier. Un autre indice important a été rapporté aux enquêteurs par deux éléments de la BRB qui patrouillaient comme d’habitude au marché de la capitale. Les deux policiers ont aperçu vers 18 heures à l’entrée  nord est du marché un récidiviste connu, sorti de prison à la mi-novembre. Il s’agit de Dahi Ould Varwi 23 ans, spécialiste du vol à mains armées et  braquage. Ils allaient le rafler s’ils n’avaient été appelés au marché Charii Errizgh où rodent des malfaiteurs. Les policiers procèdent ensuite à la rafle de tous les malfaiteurs qui opèrent d’habitude au marché central de Nouakchott. Une cinquantaine de voyous ont été ainsi éparpillés entre les violons des commissariats. Seul, Dahi manquait à l’appel. On décide alors de rechercher Ould Varwi. On surveille le domicile de sa maman, une femme d’affaires qui voyage beaucoup. Il n’était point  à son domicile familial. Mercredi soir vers 16 heures, la police obtient un renseignement important. Sa maman et son oncle l’ont envoyé vers une planque qu’ils connaissent eux seuls. La mère du bandit et son oncle sont arrêtés et gardés a vue. Une fois qu’elle a passé  la nuit au commissariat, la maman craque et décide de montrer la planque de son fils. Le jeudi 11 Décembre vers huit heures, on arrête le tueur de Mint Abdel Mejid dans une cabane de la rue Messoud au quartier périphérique Tarhil.

Ould Varwi a avoué son forfait et a remis l’arme du crime qu’il cachait. La police a procédé à la reconstitution du meurtre au marché le même jour vers vingt heures. Rappelons que ce criminel a été déféré par le commissariat de Tevragh Zeina 1 le lundi qui a précédé le meurtre. Il a été relâché aussitôt, selon une source de la police. Cette même source affirme que quelques jours auparavant, il  a été déféré par le commissariat de Sebkha 1 et il n’avait même passé une heure au tribunal.

Aux dernières nouvelles, on a coffré le vendeur de la pharmacie centrale qui approvisionnait  le meurtrier en comprimés dont la vente est interdite sans ordonnance. Ould Varwi, quant à lui, a été déféré le lundi 14 Décembre.

MOSY