Trois questions à Bâ Mamadou Bocar, député AJD/M R : ‘’Un dialogue qui ne traite pas de la cohabitation entre les communautés ne peut avoir notre adhésion’’

21 January, 2016 - 01:03

Le Calame : La police a procédé à l’arrestation le 28 novembre dernier  du colonel à la retraite Oumar Ould Beibacar au sortir du siège de votre parti, l’Alliance pour la Justice et la Démocratie, Mouvement pour la rénovation (AJD/MR) où il veniat de prononcer une conférence sur  le  thème : Inal a-t-il  entaché le 28 novembre ? Dans la foulée, le président de la République a déclaré  que le dossier du passif humanitaire est clos avant de mettre en garde  tous ceux qui  remuent le couteau  dans la plaie. Que vous inspire cette sortie présidentielle ?

Bâ Mamadou Bocar : Comme chaque année,  notre parti, l’AJD/MR avait coutume de célébrer le 28 novembre par  l’organisation d’une journée de deuil à la mémoire de 28 pendus d’Inal, un certain 28 novembre 1990.Cette année, notre parti avait approché le colonel  Oumar Ould Beibacar pour qu’il soit l’animateur de la conférence dont vous avez annoncé le titre.

Après que le pouvoir a refusé que la conférence se tienne au lieu où elle était annoncé,  c'est-à-dire à l’espace Galaxy,  nous avons été contraints par l’urgence à nous replier sur notre  siège, malgré les désagréments (exigüité des lieux et informations tardives des participants).

Pour en revenir à votre question relative à l’arrestation du colonel,  je pense qu’il a été arrêté pour 2 raisons :

-   La première est  je pense qu’à l’époque des faits, il était capitaine donc  au cœur du système dont il connait tous les rouages.

-   La deuxième raison est qu’il est maure. En effet, s’il était facile de trouver un témoin prêt à parler des tragiques événements que nous avons connus dans la communauté négro-africaine, ce n’était pas le cas dans la communauté arabe.

Le colonel n’a pas dit quelque chose qui n’ait déjà été dit et que lui-même, par voix de presse, avait déjà déclaré.

A mon avis,  il ne devait pas être possible, seulement  parce qu’on détient la force publique, de pouvoir arrêter un citoyen qui n’a fait qu’exprimer  un avis sur une question que tout le monde sait  fondée  et de surcroît le garder au secret des jours et des jours.

C’est l’Etat lui-même qui devait avoir à cœur de faire la lumière sur ces malheureux événements causés par une poignée de criminels qui entachent l’honneur de notre vaillante armée tout entière.

Il faut ici souligner l’absurdité du tirage au sort qui a déterminé les 28 qui devaient  être pendus ce jour-là.

 

Le président de la République dit que le problème est clos parce qu’il considère qu’il est définitivement réglé.

A mon avis ce qu’il faut, c’est peut-être écouter ceux là même qui ont des objections par rapport au règlement dont on parle. Je pense que si les uns et les autres discutent sincèrement, ensemble, une solution acceptable peut être trouvée.

Ma crainte est  dans ce genre de situations, le choix se porte sur des personnes qui n’ont  pas la confiance du plus grand nombre et si on les impose comme cela semble avoir été le cas, je me dis que la solution ne peut pas être bonne donc acceptée par tous.

 

-Votre parti reste très discret sur les différentes tentatives d’amorce de dialogue entre le pouvoir et son opposition, notamment le FNDU. Est-ce à dire que vous n’y croyait pas ?

Non nous ne sommes pas discrets du tout car lorsque le premier ministre a informé notre président de la tenue probable d’un nouveau dialogue;  il lui a dit séance tenante que, sans être demandeur s, nous nous y opposons pas mais qu’il y a eu un dialogue qui a débouché sur un certain nombre de conclusions fort intéressantes qu’il s’agit d’abord de mettre en œuvre, et qu’en tout état de cause, un dialogue qui ne s’intéresse pas au problème de la cohabitation entre nos communautés ne peut pas avoir notre adhésion.

Mieux nous avons fait un courrier en réponse à la lettre que le premier ministre  nous a adressée  pour nous  inviter au dialogue où nous avons réitéré notre position.

Nous pensons que tout dialogue sérieux dans ce pays ne doit pas concerner qu’une façon d’intégrer une partie notre opposition même s’il est toujours bon que tout le monde participe et que le jeu démocratique se fasse dans de meilleures conditions.

Tout le monde sait que notre démocratie est encore balbutiante mais quand bien même nous devons faire d’une pierre deux coups: intégrer les autres mais surtout débattre sereinement de nos problèmes de cohabitation et d’autres.

 

-Que pensez-vous de la récente augmentation des  prix des produits de première nécessité dans le marché. En avez-vous discuté au Parlement ?

Vous savez dans ce pays nous sommes coutumiers des hausses réplétives des prix.

Certains députés ont dénoncé ce fait qui est devenu tellement banal de sorte que nos dénonciations deviennent, à la limite, folkloriques.

Propos recueillis par DL