Nouvelles d’ici… Identités / Par MOHAMED YESLEM YARBA BEIHATT

31 March, 2016 - 10:22

(Réplique à l’article de Marième Mint Derwiche, paru le 26/03/2016)

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Oui la semaine de la francophonie vient de se terminer. Et elle ne s’est pas terminée sans susciter beaucoup de commentaires et, comme à chaque fois, un débat houleux, contrairement à ce que notre chère Marième Derwiche a voulu nous faire accroire. Seulement comme peut- être elle ne lit pas les articles écrits en arabe sur le sujet, l’écho que ça a fait pourrait bien lui avoir échappé. Bref, la semaine de la francophonie vient de se terminer. Semaine de la honte pour les aliénés fantoches qui, chaque année, sur cette terre de  ‘’Bilad Chinguitt’’ nous offensent, nous outragent, nous blessent dans ce que nous avons de plus précieux, à savoir notre identité. Oui, comme chacun le sait, et sans mystification, ni hypocrisie aucune, une langue est avant tout une identité. Elle ne peut jamais être réduite à un simple moyen de communication. Une langue est le véhicule, le moteur des valeurs que se partagent entre eux, un ensemble d’individus. Qu’y a-t-il de plus offensant aux mauritaniens, tous, sans exception, que de considérer la Mauritanie comme un pays francophone ? Tout d’abord, parce que c’est faux. Ensuite parce que, jamais dans ce pays il n’a été décidé par quiconque de considérer le français comme une langue nationale ! Devenir si vendu à des valeurs qui n’ont rien à voir avec notre identité, nos valeurs communes, notre histoire, pour en venir à considérer le français comme une langue nationale, c’est vraiment une imposture. Mais pas seulement. C’est aussi une manière pernicieuse de vouloir vendre cette langue-qui reste celle du colon-quoi que l’on prétende ; c’est, dis-je, vouloir présenter cette langue comme une langue de chez nous. Naturellement parlée, utilisée, alors que l’arabe ne le doit être qu’uniquement en poésie, car elle ne sert qu’à cela ! , et le français ‘’sœur’’ de la langue arabe, est présentée comme celle de la science! Quelle hypocrisie ! Même habillée dans un style très douillet, littéraire, raffiné et très sournoisement naïf, cette dragée amère ne passe pas !

Alors que, à notre connaissance, jamais, au plus grand jamais, un mauritanien ne s’est réclamé Gaulois. Même pas vous, madame ! Et bien d’autres mauritaniens qui ont des mères françaises, que j’aime et que je respecte beaucoup, et qui ne doivent se réclamer avant tout que de leurs valeurs et leur identité mauritanienne, si vraiment ils tiennent à leur ‘’Mauritanie’’.

C’est vous dire, ma chère, que nous devons arrêter la mystification pernicieuse, et dire franchement que les français, colons, donc envahisseurs s’imposant par la force qu’ils étaient, en quittant cette terre de civilisation arabo-musulmane, ont  laissé une bombe à retardement, dont les dégâts sont énormes, et on ne peut plus dangereux, car s’inscrivant dans la durée.

Et c’est ce que les mauritaniens découvriront, juste après l’indépendance, lorsque en 1966, le premier Président de la Mauritanie naissante, et sous pression de la majorité de la population mauritanienne, décide que la Radio Mauritanie ne peut plus continuer à ignorer la langue arabe dans ses émissions. Ce qui sonna le glas des suppôts, des aliénés et des vendus aux colons, qui, en toute ignorance, arrogance et incurie, voulaient continuer à priver la majorité des mauritaniens des émissions de leur Radio nationale. Alors, Madame, si ce pan lugubre de l’histoire de ce pays vous échappe, veuillez noter que les évènements de 1966 n’étaient autre que la première secousse de cette bombe à retardement, qu’est le problème de la langue.  En plus d’autres secousses telluriques, de magnitudes variables, qui ont émaillé les années 80.  Et sans vouloir faire du français une langue ennemie, ni être emporté par un panarabisme-que la majorité des ‘’arabes’’ mauritaniens n’ont jamais réclamé ni défendu, soit dit en passant-nous ne pouvons que décrire notre rapport à la langue française, que comme un rapport éminemment conflictuel. Et n’eût été la candeur, la mollesse, la faiblesse, voire le désistement des bédouins que nous sommes, doublé de l’aliénation de l’élite mauritanienne des années 60 et son ignorance des enjeux énormes que constitue le sujet de la langue, pour un pays qui vient d’accéder à l’indépendance ; nous aurions dû fixer notre choix dès le début, à la première heure, et procéder à une arabisation totale du pays.

L’arabisation, celle naturelle, qui allait de soi, pas celle idéologisée et partisane que tenteront d’imposer maladroitement, des années après, les ‘’nassériens’’ et les ‘’baathistes’’ ;  aurait été la décision salutaire pour ce pays naissant. La décision qui nous aurait épargné le risque du multilinguisme institutionnel, lourd, entravant et stérile, dans lequel d’aucuns cherchent à nous empêtrer aujourd’hui ; décision qui nous aurait aussi épargné toutes les secousses que nous avons connues. Car, pour toute personne qui a la moindre connaissance des réalités de ce pays, ou des bribes de son histoire ; l’arabe, parce que langue du Coran, était la langue de tous les mauritaniens. Et jusqu’au début du XX Siècle, l’arabe, par ses lettres si habituelles à l’usage de tous, était la langue de correspondance entre les Soninkés, Peuls et Wolofs de ce pays. Donc, jamais le français n’a existé, en Mauritanie, comme langue ‘’nationale’’ ! Jamais. C’est plutôt l’arabe qui était habituel comme langue savante, comme langue sacrée,  et comme langue tout court, pour toutes les composantes de ce pays.

Mais c’est le colonisateur qui est venu imposer le français, par le biais d’une ‘’élite’’ formée dans ses écoles, et par ses soins. Il l’a imposé dans l’administration, à l’école, au sein des corps constitués, dans la santé, dans ce qu’on appelait en ces temps l’OPT, et partout. Partout, si bien que les fils de l’école moderne mauritanienne, surtout ceux qui n’étaient pas immunisés, ou ceux qui n’ont pas eu le courage d’aller se ressourcer pour éviter l’acculturation et l’aliénation envahissante ; se sont retrouvés tout naturellement ‘’francophones-francophiles’’, parce que, précisément, on leur faisait croire que c’est la langue de la ‘’modernité’’ de ‘’l’ouverture’’ au monde ! Et c’est précisément ce que notre chère Marième Derwiche a voulu nous faire avaler en écrivant, je cite : « L'arabe est une langue si belle, si riche, si profonde, si fascinante. » Et, elle écrit, un peu après, je cite encore : « Le français nous enrichit de sa diversité, de ses concepts, de sa « mondialité ». Il nous ouvre au monde. Il nous permet de penser « Nous », en communiquant et en vivant aux côtés de l'arabe. »

Quelle hypocrisie ! le français, pris justement, et rien que comme langue d’ouverture, se trouve devancé en cela par d’autres langues, comme l’Anglais ou l’Espagnol, par exemple. Ces langues qui sont, sur le plan des échanges scientifiques, culturels et économiques bien plus importantes que le français. Arrêtez donc d’écrire, de propager, de vouloir imposer des mensonges ! Si la seule preuve logique, pour nous faire accepter cette langue étrangère et envahissante qu’est le français, n’était autre que parce que c’est une langue qui va nous permettre une plus grande ‘’mondialité’’, eh bien, sachez que le français, une fois hors de la zone Franc CFA n’a aucune valeur ! Et n’en déplaise aux ‘’francophones’’ obnubilés, le français n’est même plus parlé à Paris. Hormis les officiels, les politiciens, tout le monde parle anglais, en France même. En tout cas c’est le cas à AREVA, à TOTAL, à BOUYGUES et à DASSAULT, à RENAULT même ou à PEUGEOT, ou encore ALCATEL-LUCENT, ces quartiers de la technologie ‘’High Tech’’, pourtant français, où l’on parle si peu le français !

Et m’imposer à moi, chez moi, en Mauritanie, le français comme ‘’langue d’ouverture’’ et de ‘’mondialité’’  alors que j’ai la langue la plus savante, la plus foisonnante, la plus dynamique, la plus vivante, la plus fluide, la plus belle, la plus ‘’moderne’’ car toujours intrinsèquement renouvelable, qui n’est autre que l’arabe.  C’est vraiment de l’offense, de l’opprobre, de l’outrage sans limites et sans vergogne.

Sachez, de grâce, que nous avons une appartenance solide, indéfectible, avérée et effective au fil du temps et pour toujours, à ce grand champ du monde arabo-musulman. Et que nous n’avons pas à rougir ni aujourd’hui, ni demain, de cette appartenance. C’est chez nous, ici même et sur les dunes de sable que El Mokhtar Ould Bouna a complété l’œuvre de ‘’Ibn Malik’’ en revisitant toute la grammaire de l’arabe classique. Toute, de A à Z. Et encore, pour ceux qui ne le savent pas, c’est sur ces dunes de sable mouvant que nos érudits ont préservé toute la culture arabo-musulmane du ‘’Mechreq’’, assurant ainsi la relève, au ‘’Maghreb’’, après les années dites de ‘’décadence‘’  ou de ‘’repli’’. Ce sont nos érudits qui ont formés les grands ‘’Muftis’’, ‘’Cadis’’ et ‘’Oulémas’’ de l’actuel Arabie Saoudite, de la Turquie, du Soudan, de l’Egypte, et bien d’autres pays plus proches, comme le Sénégal, le Mali, ou le Niger ; et qui ont mérité toutes les louanges et ont laissé l’impression d’une érudition jamais égalée.

 Sachez aussi, de grâce, qu’il n y a pas photo, du tout, entre la langue arabe, que l’on peut considérer comme ‘langue miracle’’ et les langues latino-germaniques. Et le Cadi Yéro Kida, ce grand Imam et savant mauritanien, spécialiste en langue arabe classique, en sait quelque chose. Même cas pour la famille d’El Hadj Mahmoud Bâ, avec leurs écoles d’EL FALAH, ils en savent eux aussi, beaucoup. C’est le cas aussi de la famille du feu Imam Abdel Aziz Sy, qui était d’une éloquence en arabe classique à laisser pantois le plus arabe des arabes. Ceux-là, pour ne citer qu’eux, en savent plus que leurs concitoyens arabes. L’arabe est une langue inégalable du point de vue richesse en mots, termes ou vocables, avec une infinité de ‘’masdar’’ ou (nom verbal), et avec pas moins de 14 formes de dérivation connues, rien que pour les verbes ; nous avons une infinité de possibilités, à travers des préfixes et des infixes pour forger à partir des mesures connues, le mot qui nous permet d’exprimer toute idée ou concept que l’on veut dire. Avec plus de 6.000.000 (six millions) de mots, et même si nous n’en retenons que le 1/6, nous sommes loin, très loin de 80.000 ou de 100.000 mots pour le français ou l’anglais, par exemple. Encore que sur le plan de la ‘’dérivation’’, c’est-à-dire cette possibilité de forger un mot à partir d’un autre, grâce à une racine commune, l’arabe frise presque l’infini en possibilités de créer des mots nouveaux. C’est précisément cette particularité qui a accordé à l’arabe une capacité ‘’d’assimilation’’ inégalable de tous les peuples qui se sont convertis à l’Islam et qui se sont retrouvés très à l’aise dans cette langue, à vrai dire miraculeuse. Et c’est grâce à ses qualités intrinsèques que l’arabe a servi dans tous les domaines de la poésie, à la philosophie, à l’art, à la médecine, à l’astronomie, aux techniques et aux différents domaines du savoir humain ; la langue arabe a servi de vecteur de transmission des savoirs les plus pointus et à différentes époques, et ce durant des siècles et des siècles. Citons René Kalisky lorsqu’il écrit dans son livre : ‘’L’ISLAM’’, à la page 299, je cite : « Les ouvrages d’Avicenne, dont le traité encyclopédique traduit sous le nom de Canon devint la base des études médicales dans toutes les écoles européennes de cette époque, d’Ali Abbâs (Liber Regius), d’Ibn Djazzar (Le Viatique), d’Isaac Ibn Soleîman, (L e traité des urines), d’Ibn al-Baytar (Le  traité des simples), seront enseignés presque exclusivement à la Faculté de médecine de Paris et de Montpellier pendant au moins cinq siècles, jusqu’à l’apparition, vers le début du XVIe siècle des écrits de Fernel. Aussi, n’est-il pas exagéré de dire qu’entre la médecine antique et la médecine moderne, c’est-à-dire pendant une bonne dizaine de siècles, il n’y aura eu que la médecine arabe.»  Citons-le encore, à la page 300 : « En matière de physique émerge Ibn al Haîtham qui, dans son traité d’optique, réfuta les principes de Ptolémée et d’Euclide. En astronomie et en mathématiques, les arabes subirent l’influence d’ouvrages indiens. Ils perfectionnèrent l’arithmétique par l’emploi de chiffres aujourd’hui dits « arabes »… Et encore, toujours à la même page, je cite : « A l’aide de leurs instruments qui consistaient en cadran solaire, quadrant, astrolabe et globe céleste, Thâbit Ibn Qora détermina la longueur de l’année solaire. Al-Battâni découvrit l’inclinaison du plan écliptique, Al-Kharezmi, l’homme qui exerça le plus d’influence sur la pensée mathématique de tout le Moyen Age et est l’auteur des plus anciens ouvrages d’Algèbre, compila les plus vieilles tables astronomiques connues. Ajoutons que ce fut par l’astronomie que les savants musulmans fondèrent la trigonométrie plane et sphérique. » Sic.

Donc, de grâce, arrêtons de vouloir cantonner notre langue arabe dans la poésie et les sciences islamiques ou les sciences humaines et sachons que, comme nous venons de le voir, les rapports de la langue arabe avec toutes les disciplines scientifiques, ne datent pas d’aujourd’hui. A nous d’assurer la relève et porter le flambeau, à nouveau, de notre civilisation si rayonnante jadis.

Et pour vous montrer madame, comment notre rapport à la langue française, lorsqu’elle est destinée à supplanter l’arabe, ne peut être que conflictuel, je vous cite le cas des diplômés, ayant l’arabe comme langue de formation. Ceux qui n’ont pas fait de la poésie, non, mais des spécialités comme le Droit, l’Economie, les Maths, Physique, Chimie, Sciences Naturelles, Biologie, Pétrochimie, Télécommunications, Médecine, Pharmacologie, Electronique, Mécanique, Hydraulique, Agronomie, Médecine Vétérinaire  ; toutes sortes de spécialités et n’ont eu comme seul péché que d’avoir fait ces spécialités dans leur langue, à savoir la langue arabe. Et qui, se sont retrouvés contraints à émigrer, quitter le pays ou végéter, car seuls les  ‘’francisés’’ peuvent  travailler-je ne dirais jamais francophones, car il n’y a pas à ma connaissance un mauritanien ‘’francophone’’, encore, cette infamie ! Et si, Madame, vous ne pouvez pas sentir le mal et le gâchis que ça fait dans notre pays, sachez que vous êtes dépassée, et que vous n’avez aucune idée sur les réalités de notre pays, quant aux crimes de la ‘’francisation’’ de facto que nous vivons tous les jours, depuis les plaques d’Immatriculation de nos voitures, jusqu’à la nomination aux postes clés, avantageusement acquise par le seul fait d’être ‘’francisant’’ ! Quelle ignominie ! 

Il y a une année environ, et sous les arbres de l’enceinte du MEN, j’ai rencontré un brillant Prof de Maths. Vous savez ce qu’il m’a dit ? Il m’a dit que lui, ainsi que d’autres profs mauritaniens ont été mis à l’écart uniquement parce qu’ils ne pouvaient enseigner les Maths qu’en arabe ! Je lui ai alors dit, mais au moins tu pouvais essayer avec le français facile, pour ne pas perdre ton job !  Et il me répond : moi, je ne peux enseigner les Maths qu’en arabe ou en anglais. Quel gâchis, lui ai-je alors dit, et qu’est-ce que tu vas faire après ? Alors il m’a dit qu’il compte aller enseigner dans un pays du Golfe, ou un pays anglophone ! Quel gâchis ! Madame, c’est vous dire, que vous n’avez aucune idée, apparemment, sur les pertes énormes que nous cause le français. C’est une langue qui nous divise, alors que l’arabe nous unit. C’est une langue qui nous retient très en arrière par rapport au reste du monde. Nos petits mômes à l’école primaire passent le clair de leur temps précieux à déchiffrer l’énoncé d’un petit problème d’arithmétique, qu’ils auraient pu facilement comprendre et résoudre rapidement s’il était écrit en arabe ! Tous les pays qui ont émergé, l’ont fait dans leur langue nationale, celle qui les unit tous. Prenez la Chine, le Japon, le Brésil, et bien d’autres pays qui peuvent servir d’exemple dans le progrès réel, celui scientifique et technologique. S’ils ont pu le faire, c’est parce que justement, ils n’ont pas laissé le champ libre à d’autres langues étrangères, mais ils les ont maîtrisées pour tout juste en tirer profit, à travers la traduction, le transfert, et l’importation des connaissances, du savoir scientifique et technologique dans leur propre langue. Et comme le français n’est pas notre langue à nous, nous devons  le considérer au même pied d’égalité avec les autres langues étrangères comme l’anglais, l’allemand, l’espagnol, l’Italien, le portugais ou le Chinois que nous devons  apprendre avec le même intérêt. Mais juste pour tirer profit. Pas pour nous l’imposer dans notre système éducatif, dans l’administration, dans notre système sanitaire, dans la rue, dans les salons, au marché, à l’hôpital, dans les pharmacies, à l’aéroport, dans l’avion, à la banque, à la fac, au commissariat, à la mairie, au Parlement !!!. C’est suffocant ! Comme si nous n’avions pas de langue à parler, ni capable de  véhiculer les concepts de vie moderne ! Comme si nous n’avions pas l’arabe. Cette belle langue qui nous unit tous, car tous nous la partageons, parce que nous partageons les valeurs sacrées, nobles et hautement humanitaires -n’en déplaise aux détracteurs !- que sont nos valeurs islamiques. Et je saisis cette occasion pour faire un appel pressant à mes concitoyens Soninkés, Peuls et Wolofs, et tous les autres,  pour prendre le devant dans la défense de la langue arabe. Car sans une unité forte, ferme, solide à toute épreuve, autour du choix judicieux de l’arabisation complète de tous les rouages de notre Mauritanie moderne, celle d’aujourd’hui et de demain, nous risquons le doublon dangereux, soit, du :

1/-multilinguisme institutionnellement entravant- loin de moi toute idée d’exclure ou d’occulter nos autres ’’ langues parlées’’ nationales- ou celui de

2/-la dislocation-à Dieu ne plaise- de la Mauritanie en plusieurs entités- ce qui nous affaiblira tous !- et n’est pas du tout sage comme choix pour n’importe quelle composante, surtout pas celles minoritaires ! Et que Samba Thiam l’entend bien, pour réaliser le caractère dangereux et suicidaire de son projet des FLAM…

Oui c’est bien le scénario qui se dessine, si nous tardons à unifier notre langue d’Etat, notre langue d’Administration, notre langue de Droit, notre langue d’Economie et notre langue au Parlement ; parce que tout l’enjeu aujourd’hui, et nous devons le savoir, ce n’est pas celui de la race, ni de la couleur, ni de l’ethnie, de la tribu ou du clan, mais bien celui de la langue !

J’ose enfin terminer sur cette note grave pour donner libre cours à un débat sérieux et dépassionné sur le problème de la langue ’’officielle’’, je veux dire celle reconnue comme telle par tous les mauritaniens, et pas seulement dans les textes, ou par une seule composante du pays. Parce que justement, et chacun doit  le savoir, surtout notre chère Marième, le français est une langue qu’une petite bande de ‘’franco-fans-philes-phones-fous’’ veulent imposer aux mauritaniens.  Bien que cela, en plus du fait que,  c’est une peine perdue à l’avance, constitue une perte de temps énorme. Car, si nous n’avons pas encore avancé dans ce pays, et sur tous les plans, c’est parce que nous continuons à utiliser –institutionnellement parlant- une langue qui n’est pas la nôtre. Alors que l’intérêt stratégique, je dis bien stratégique, pour tous les mauritaniens, surtout pour ceux ‘’non arabes’’, c’est de s’unir autour d’un choix linguistique unificateur et le plus judicieux sur tous les plans. Ce choix, je le clame haut et fort, n’est autre, ne doit être, et ne peut être que la langue arabe. Pour s’en servir comme élément fédérateur, creuset et véhicule des valeurs que se partagent tous les mauritaniens. Sans politisation de ce choix, sans aucune intention de s’en servir pour discriminer ou exclure, il est le meilleur pour tous. Car être mauritanien, c’est avant tout choisir la langue arabe, celle du Coran et du Prophète Mohamed -PSL-, en partage, et comme moyen de communion avec tous les autres mauritaniens, tous musulmans, comme ce fut le cas à travers toutes les périodes passées de notre belle et paisible histoire commune sur cette terre tant aimée par nous tous qu’est la Mauritanie, malgré tous les soubresauts et secousses. Si nous faisons ce choix avec toute lucidité et en toute âme et conscience, nous viendrons facilement à bout de tout ce qui nous désunit, pour enfin emprunter le chemin du progrès et du modernisme pleinement assumé,  voulu et forgé dans une identité partagée et défendue par tous les mauritaniens. Faisons de la langue arabe notre patrie. C’est salutaire pour nous tous, arabes, soninkés, peuls, et wolofs. Tout autre discours n’est que cacophonie.

Dans le prochain article, je vous dirai pourquoi la langue arabe n’est pas seulement un choix linguistique, mais plutôt un choix stratégique pour bâtir une patrie et une identité réellement commune à tous les mauritaniens.

A bientôt, et cordialement, chère Marième Derwiche !              

MOHAMED YESLEM YARBA BEIHATT

Nouakchott le, 27/03/2016