55 années d’indépendance et le non-dit Par Brahim Ould Boidaha (sixième partie)

5 May, 2016 - 01:08

Les points cardinaux : Education, Sante, Emploi et Distribution de la richesse

Le choix de ces quatre sujets est présidé par les premières préoccupations d’une population d’une nation sur lesquels nous allons essayer de produire un aperçu succinct ou raccourci sur leur évolution durant ces cinquante-cinq années de notre indépendance, chose peu facile, entre autres.

 

1°- Education : Cette structure fondamentalement importante pour un pays parce qu’elle conditionne à la fois son évolution et son avenir se trouve depuis l’indépendance reléguée au second plan au lieu d’être prioritaire. Cette négligence a permis de l’offrir gratuitement à des tiraillements entre les arabisants, se disant nationalistes, des groupuscules important des idiologies du panarabisme : Nassérisme, baathisme, khadafisme et les opposants qui voudraient plutôt conserver le français comme première langue nationale.

 Les différentes brouilles à ce sujet ont eu pour conséquence d’affaiblir considérablement les niveaux scolaires du primaire à l’universitaire.

 

Aujourd’hui, l’école publique est abandonnée aussi bien par le public que par les instituteurs  en gardant tout de même le double salaire de l’Etat au profit du privé mieux organisé. Donc les querelles des idéologies  et les théories du nationalisme insipide n’ont apporté aucune solution à notre système éducatif.

 

Que l’arabe soit la langue nationale, c’est logique mais le français et l’anglais doivent être obligatoires. Ce qui importe est que  les mauritaniens soient rassurés à l’avenir de pouvoir accéder à la technologie conduisant au développement optimal et à la civilisation universelle.

 

 L’éducation nationale au niveau d’un Etat respectable n’est pas des mahadras de poésie, ni un parc de jeux d’enfants. C’est une stratégie nationale qui porte à long terme sur l’avenir des générations futures que nous n’avons pu définir depuis l’indépendance à ce jour.

 

Pour pallier à cet échec, il serait plausible et plus logique de désigner une commission de nos meilleurs : professeurs de faculté, du secondaire et primaire qui sont armés de nos expériences ratées depuis l’indépendance aux fins de nous élaborer une stratégie définitive et durable de notre système éducatif national, débarrassé de tout complexe linguistique.

Les pays développés ont au moins l’obligation de trois langues. Le Sénégal voisin met au moins 24% de son budget à son enseignement et nous mettons 12% de budget (chiffre à vérifier).

 

2°- Santé : La santé d’une population d’un Etat est une option prioritaire et un facteur de développement d’un pays. Malheureusement, ce secteur a été relégué au second plan, malgré son importance car au début de l’indépendance, il y avait, certes, un manque de moyens mais, aussi l’absence de planification, maladie constante des mauritaniens d’une façon générale, a augmenté la négligence et l’oubli. En outre, la Mauritanie comptait plus dans ce domaine sur l’aide internationale qu’à faire un effort national.

 De ces doubles erreurs, la couverture sanitaire de la population est restée longtemps très insuffisante par rapport aux besoins. C’est seulement depuis l’arrivée en 2OO8 d’Ould Abdel Aziz  qu’il y a eu un effort important en équipements essentiels et infrastructures médicales touchant d’une façon significative la capitale et toutes les autres régions du pays. Les progrès réalisés dans ce domaine restent annihilés par le manque de spécialistes dans les toutes branches médicales.

 

3°- L’emploi : L’arrivée des militaires au pouvoir a permis aux commerçants de prendre le dessus sur l’organisation existante et particulièrement sur deux points : l’emploi et le commerce sous le prétexte  de la libéralisation.

A°/ l’emploi était régulé et contrôlé par l’inspection du travail et de la main d’œuvre au niveau des services de l’Etat et du privé conformément au code du travail et des conventions collectives.

 L’application de cette législation par les services de l’Etat était une garantie de placement pour les demandeurs suivant un ordre d’inscription respecté sur des registres ouverts dans les services de l’emploi et la main d’œuvre et contenant toutes les informations concernant chaque postulant d’un emploi.

 

Les services du travail, qui assuraient cet arbitrage social important entre les mauritaniens, ont été marginalisés pour laisser la place au favoritisme et l’injustice sociale. Et, le désordre est parti de là, ainsi que l’insécurité pour un mauritanien d’espérer de trouver un emploi par voie normale.

Pour avoir un emploi maintenant, il faut avoir un parent ministre ou chef d’entreprise, banquier ou membre de la camarilla qui offre un service payable d’avance et le prix est déterminé par l’importance du poste convoité.

 

Les demandeurs d’emplois, qui ne peuvent accéder à ces circuits ou n’ayant pas les moyens ou des passeports pour chercher du travail à l’étranger, sont livrés à la loi de la rue. Ils représentent un nombre impressionnant dont des cadres supérieurs, des universitaires dans différentes disciplines et des niveaux du Bac en majorité. Ce recul du droit au travail des citoyens à tous les niveaux exprime une régression regrettable du droit à l’emploi.

 

B°/ Cette banalisation de l’emploi a été suivie aussitôt par la suppression depuis 1985 du monopole de la Sonimex qui maintenait l’équilibre des prix des produits de première nécessité dans le pays. La marginalisation de cette importante institution de l’Etat avait pour but apparent de permettre aux commerçants d’augmenter à leur volonté les prix de ces produits qui étaient les seuls à échapper à leur emprise. Très convoités, ils constituent la plus importante consommation du pays. Cette ouverture volontaire a permis depuis 1985 à ce jour aux commerçants, sans pitié généralement pour les consommateurs, d’appliquer des augmentations constantes des prix sur ces produits indispensables au détriment de la population dans sa globalité.

 Et, aujourd’hui on arrive à l’insupportable comme ceux des hydrocarbures qui influent fortement sur les surcoûts des produits alimentaires, entre autres.

 

4°- Distribution de la richesse : Nos importantes richesses halieutiques, minérales : fer, or, cuivre et pétrole ne semblent pas donner sur le pays un impact correspondant à leur valeur, en dehors d’importants efforts sur la sécurité du pays et de moins importants sur la santé et l’infrastructure routière.

 Nous n’avons pas constaté leur impact sur l’emploi, ni sur les produits de première nécessité, ni sur le coût de l’électricité domestique et moins encore sur  l’allégement de la fiscalité et les droits de douane.

 

 La dette extérieure augmente régulièrement, notre monnaie se dévalue par rapport aux autres monnaies étrangères, notamment le dollar, l’euro et la livre sterling et notre  trésorerie générale est, parait-il, inquiétante pour ne pas dire déficitaire.

 

 Là, il y a un paradoxe bizarre pour l’aveugle et le sourd-muet, un pays excessivement riche pour une petite population qui est rongée de surcroit par la pauvreté croissante, le chômage aveuglant, sans espoir de solutions prometteuses, ni limites à leurs souffrances.

 

 Où s’est évaporée cette richesse colossale d’un pays qui ne fait pas plus 3,5 millions d’habitants ? Cette question reste posée. D’aucuns disent que c’est la mauvaise gestion, c’est à vérifier et  de toute façon, il y a des responsabilités et des responsables. Cette question est posée à qui de droit.

 

Selon toute vraisemblance, notre gigantesque fortune s’est évanouie :

  • Le plus important  est parti dans les mains des opérateurs étrangers
  • Le reste s’est évanoui dans les méandres de notre grand désert, semble-t-il, accompagné de petits groupes de mauritaniens sans vertu, ni mérite.

 

 Et, comme nous n’avons trouvé rien à partager, nous allons essayer de donner un court aperçu sur les raisons de la chute spectaculaire de nos matières premières notamment le fer, l’or et subsidiairement le pétrole.

 

Le krach de la bourse de New York le jeudi 29 octobre 1929 a crée une stupeur grandiose et des pertes immenses aux dépositaires de grandes fortunes dans ces institutions spéculatives. Cette journée a été nommée le mardi noir. A partir de cette date, ils ont été saisis de peur et ayant perdu confiance totalement dans les monnaies fiduciaires qui sont manipulées par les bourses.

Aussitôt, ils ont converti leurs fortunes dans les matières premières les plus sûres et ayant à même temps une importante consommation pour se couvrir des risques des fluctuations des prix des marchés. Et, leurs choix sont tombés sur l’or, le fer et le pétrole.

Le choc du jeudi noir a suscité également la nécessité de créer une commission des plus importants experts financiers de l’occident pour le suivi, l’analyse des impacts des krachs des bourses sur leur économie et de bouter le marasme qui s’annonce sur leur développement.

 

 Ces experts par des analyses fines et précises des krachs boursiers de 1929, 1983, 1987, 2001, 2002 et 2015 ont annoncé depuis le 12 Août pour 29 septembre 2015 et le 7 octobre 2015 comme période de krachs revenant super cycle de 1929, ont déterminé qu’en 86 ans et 22 jours, les krachs boursiers et les hausses constantes du fer, de l’or et du pétrole ont influé négativement sur l’économie mondiale et freiné le développement par l’absorption de la circulation fiduciaire dans les banques et les marchés. En plus, ils représentent annuellement les plus lourdes charges de tous les pays occidentaux.

 

Déjà en 2001, avec preuves à l’appui, les experts ont convaincu les détenteurs  sur le marché international de ces trois matières qu’ils vont acheter à trois fois moins chers et gagner quatre fois plus sur le développement des produits dérivés dont la tendance est toujours à la hausse compte tenu des besoins croissants.

 

 En outre, leur accord sauvera l’occident de son marasme et lancera son développement. Ce que notre Snim, malheureusement, n’a jamais pu  comprendre ou percevoir à cause de la courte vision de ses dirigeants qui l’offrent aujourd’hui à la faillite sans aucun mérite.

 

Pour se préparer à cette chute, sans précédent, ils ont constitué des stocks  pour dix ans, parait-il, pour se couvrir des risques de blocage des producteurs et avoir suffisamment de temps pour les plier par la mévente.

 

Tous les risques calculés, ils ont annoncé la chute spéculative du Brent américain pour entrainer en cascade celles des autres produits.

 

Aussitôt, l’indice de croissance est monté en flèche. Seule la Russie parmi les producteurs maitrise la technologie de développement des dérivés de ces matières premières et les autres sont quasiment comme nous à l’exception de l’Algérie et quelque peu le golfe.

 

 Saisis de panique, la Russie, le Qatar et l’Arabie Saoudite ont convenu récemment d’arrêter leurs productions. Il restera le problème de Marchés et l’évolution des prix dans un proche avenir  sur lesquels jouera le coût du transport, fortement diminué dans le monde à cause du prix du baril qui frise les dix neuf (19) dollars. La Mauritanie est l’exception à toutes les règles évidentes !

 

A défaut de ne pouvoir trouver des bons points de notre richesse à partager, contentons nous, au moins, de partager ces informations.

(A suivre)