55 années d’indépendance et le non-dit/Par Brahim Ould Boidaha (suite et fin)

19 May, 2016 - 01:15

Sur le plan politique, du parti unique jusqu’ à l’avènement des militaires le 10 juillet 1978, date à partir de laquelle, on est resté sous les régimes d’exception quasiment jusqu’à présent avec un intermède court de Sidi O cheikh Abdellahi du 19 juillet 2007 au 6 août 2008 : 14 mois, 17 jours. Si nous comptons du 10 juillet 1978 au 29 février 2016, on retrouve une période de 37 ans, 5 mois et 19 jours où les civils ont eu un droit de participation très faible de l’ordre de 3,2%.

 

Les militaires ne manquant guère d’intelligence ont, tout au début de leur règne, découvert que le pouvoir civil était nettement meilleur que la vie dans les casernes car en plus du commandement, il y a aussi d’importants moyens, choses dont ils manquaient souvent dans les camps. Ils y sont, ils y restent.

 

La démocratie, les droits de l’homme, de la femme, de l’enfant et toutes ces belles théories littéraires ont montré au grand jour leurs limites et faiblesses avec ce que le monde entier a vécu sur les écrans des télévisions sur Ghaza1 et 2 et les affres quotidiennes en Palestine et de façon permanente.

 

 

Démocratie militaire

 

 Le 20 juin 1990 à partir de la Baule, Mitterrand a lancé pour le compte de l’Occident que leur coopération est désormais conditionnée à l’application de la démocratie à l’adresse du moyen orient et l’Afrique. Il n’en a résulté que des fitnas pour allumer des foyers de tensions armées dans ces régions, mais dans le fond, il est apparu que la manœuvre était surtout destinée à relancer les usines d’armement à l’arrêt à cause des méventes.

 

Les comportements de l’Occident banalisant hors frontière la démocratie et les droits humains ont ouvert le droit aux pays concernés de le suivre, de le prendre sur ses faiblesses dans ce domaine. Nos militaires et ceux d’autres pays africains n’ont pas loupé l’occasion d’habiller la démocratie à leur goût.

 

Cette prédominance de l’armée au pouvoir sur plus de 37 ans ne prélude d’aucun changement notoire car la majorité de notre population est sans idéal nationaliste et portée surtout sur l’opportunisme et non sur un souci de notre avenir à court ou long terme. Aussi, elle est encadrée par une administration bien choisie, le pouvoir en place rasséréné du soutien de cette population opportuniste, peut, à tout moment, déclarer victoire avant les résultats de toute élection.

 L’opposition peut se berner d’illusions, elle ne peut avoir qu’une minorité dans les parlements pour légitimer notre démocratie spécifique. Selon l’état des choses et les vécus passés, le changement probable ou possible ne peut intervenir qu’à l’intérieur de l’armée. Où? Une interrogation qui n’est pas dans le possible du mauritanien !....

 

Nous rappelons à tous les mauritaniens qui ont des esgourdes développées et à toute fin utile que le terrorisme est né de l’injustice ; à savoir :

Kamikaze est né de la guerre Japon/ USA du 7 décembre 1941 à 2 septembre 1945 : 1° bombe H.

De la création Etat d’Israël en 1917 par la déclaration à Balfour et le partage de la Palestine par la société des Nations= ONU actuelle ;  suite à cet acte d’injustice : il y a eu la naissance d’El- jihad dénommé pour les besoins de la cause ‘’ terrorisme’’.

Le 12 juin 1990 en Algérie, les élections législatives ont été emportées à une majorité écrasante par le F.I.S (front islamique de salut). L’Immixtion de l’armée suivie de la guerre civile du 26/12/1991 au 08/O2/2002 d’où est née Al Qaida au Maghreb islamique (aqmi).

Etat islamique est né de l’occupation américaine de l’Irak, le 30 juin 2004.

Ce rappel historique des origines du terrorisme est un indicatif de l’injustice qui clignote chez nous depuis l’indépendance à nos jours, marqué progressivement par l’exclusion ouverte, les inégalités de tous genres et aggravé par notre fringale du fiduciaire ( l’argent). 

 

Depuis l’indépendance, le 28 novembre 1960 à ce jour, les structures organisationnelle et fonctionnelle de notre Etat  sont restées quasiment statiques avec des modifications fluctuantes des organigrammes du gouvernement pour les besoins du moment des gouvernants mais pas nécessairement pour l’efficacité du fonctionnement des services de l’Etat.

 

 L’étude approfondie et affinée du fonctionnement des structures de l’Etat fait apparaitre un dysfonctionnement générateur de l’amalgame diversifié dans toutes les actions de notre administration et porte de nombreux préjudices à tous les citoyens.

 

Compte tenu de la situation actuelle du pays et pour remédier aux insuffisances constatées et apporter un souffle nouveau, plus juste, il est nécessaire et même urgent de renverser la pyramide hiérarchique du fonctionnement de notre Etat.

 

Une seule solution : la décentralisation

 

Comment ?

Schématiquement, c’est de procéder le plus rapidement possible à une décentralisation pleine et entière, à l’exception de la défense nationale et les affaires étrangères. Ce transfert couvre tout  le pouvoir de gestion d’une région par ses autochtones pour les rendre responsables du résultat sur tous les plans notamment : politique, législatif, financier, économique et coopération, sécurité intérieure et extérieure de leur région, justice, éducation, santé, agriculture  et environnement, etc.

 

Cette décentralisation présente  de multiples avantages, entre autres :

La participation de chaque citoyen à la gestion de son pays à partir de sa région entrainera sa démarginalisation naturelle :

1° Le plus important avantage de cette décentralisation sera le cadrage de la politique régionale dans un moule restrictif de trois partis qui absorbera les différences sociales notamment : tribus, ethnies, harratines,  les castes et toutes nos autres tares.

2° D’organiser administrativement sa région suivant les réalités de sa géographie

Gérer sa région suivant ses besoins et ses moyens

3° Organiser sa politique régionale par ses autochtones sans être gêné par des choix imposés

4° La responsabilité de sécuriser l’identité de ses autochtones est à la fois un acte de réhabilitation de  la confiance et une lourde charge nationale à laquelle les régions ne doivent pas décevoir, ni porter le crime

5° Sommairement, cette théorie d’organisation a l’avantage de balayer le passé et de nettoyer le présent devenu ingérable car chaque famille veut son parti.

 

 

 Et  pour ce faire, elle doit être assortie des obligations suivantes:

1°- dans le cadre de sa politique, elle n’est autorisée à constituer que 3 (trois) partis : un de droit, un du centre et un du gauche dans lesquels tout mauritanien peut trouver son idéal ou son champ d’évolution normalement.

2°- un citoyen  non autochtone n’est pas éligible dans une élection d’une région  qui n’est pas la sienne mais peut être électeur. Dans ce cadre, il doit être précisé que chaque mauritanien reste toujours attaché à sa région et à la filiation de son origine, même s’il est né dans une autre région.

3°- chaque région élit ses députés et ses conseillers municipaux. Le collège obtenu élità son tour le gouverneur et ses adjoints dans la région. Le gouverneur et ses adjoints s’ajoutent au collège déjà obtenu pour élire leurs représentants au niveau national dont le nombre est à déterminer par des critères spécifiques. Ces représentants régionaux sont devenus grands électeurs pour élire les membres de l’assemblée nationale. Les représentants régionaux et les membres de l’assemblée constituent un collège pour élire le Président de la République à la majorité simple. Le Président doit présenter son programme au début de chaque année et son bilan le 28 novembre.

 

Voilà succinctement, le schéma structurel d’une théorie prête au développement et à l’application. Cette procédure organisationnelle est la seule voie qui peut de notre avis sauver ce qui reste de notre pays. Son application est de nature à relancer un redressement véritable et à remettre le pays sur des rails d’un avenir plus juste et durable.

 

 Après son acceptation, Il ne restera que l’élaboration de tous les aspects juridiques et les procédures de son exécution éventuelle. Il reste entendu que des accords de coopération peuvent être établis entre les régions sur tous les plans et validés réciproquement par leurs assemblées régionales.

 

Cette contribution jointe à un appel pour consolider et à asseoir l’union nationale sur des bases solides est de nature à apporter probablement l’adhésion de tous les mauritaniens honnêtes, s’ils sont consultés dans le sens ci-dessus exprimé. Cet élan peut certainement déclencher un espoir de solutions à nos innombrables problèmes.

 

 Ceci veut dire aussi que nous devons déployer tous nos efforts pour se repentir de toutes les bêtises du passé qui ont détruit fortement le tissu de notre unité nationale, ainsi que celui de notre économie. Pour sauver notre pays de l’effondrement, si proche, du à nos comportements et préserver notre avenir, il nous revient ensemble de lancer un appel d’urgence pour un sursaut de conscience nationale pour attiédir et altérer la menace qui pèse sur nous. Je souhaite vivement que cet appel soit compris dans le bon sens et qu’Allah le tout puissant, nous aide à résoudre tous nos problèmes.

le 28 février 2016                                               

 Brahim Ould Boidaha